Les Bédélys dévoilés

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Ce dimanche 2 juin au Cabaret du Lion d’or à Montréal ont été annoncés les gagnants des prix Bédélys 2012. Plus de 4000 bandes dessinées ont été épluchées par les membres du jury, des libraires et des amateurs à l’œil bien aguerri. Quelques finalistes ont été retenus, et finalement la supra de la BD a été proclamée.

Il y a une belle diversité de genre parmi les titres nommés et le jury a choisi de faire une place importante aux nouveaux venus, n’abandonnant pas pour autant les « vieux de la vieille ». De petits éditeurs côtoient les plus expérimentés, donnant encore là une intéressante pluralité. Les femmes ont aussi une place plus enviable que par le passé, représentées quatre fois sur les dix nominations au Bédélys Monde. Aussi, une BD québécoise (Jane, le renard et moi) se trouvait dans la liste des finalistes dans la catégorie Bédélys Monde, ce qui est un fait exceptionnel puisque depuis les dix dernières années, seuls Fred Jourdain et Michel Rabagliati avaient réussi à y figurer.

Prix Bédélys Monde

Ce prix récompense la meilleure bande dessinée de langue française diffusée au Québec au cours de l’année courante.

QUAI D’ORSAY, TOME 2, Christophe Blain et Abel Lanzac, Dargaud

Quoiqu’il ne s’agisse pas d’une nouvelle série, il serait difficile de passer sous silence le travail spectaculaire que mène le surdoué Christophe Blain avec Abel Lanzac, un ex-diplomate écrivant sous pseudonyme. Plongé au cœur d’un Ministère des Affaires étrangères français piloté par Alexandre Taillard de Vorms (un avatar de Dominique de Villepin), le lecteur pénètre dans ce second tome les arcanes de la crise au Lousdem (soit l’Irak), et la manière dont la France est parvenue à s’opposer à la guerre que voulaient faire accepter Jeffrey Cole (Colin Powell) et les États-Unis au Conseil de sécurité de l’ONU. Une docu-fiction audacieuse, amusante et diablement intéressante, qui se lit comme un roman de cape et d’épée.

Prix Bédélys Québec

Ce prix récompense la meilleure bande dessinée professionnelle publiée au Québec au cours de l’année courante.

Il est doté d’une bourse de 1 000 $, offerte par Les Amis de la Bibliothèque de Montréal.

JANE, LE RENARD ET MOI, Isabelle Arsenault et Fanny Britt, La Pastèque

La jeune Hélène est la tête de Turc de sa classe. On dit d’elle qu’elle est grosse, qu’elle pue, qu’elle est moche, et Hélène a fini par y croire. Elle a son refuge, Jane Eyre de Charlotte Brontë, mais lors d’une fin de semaine en classe verte, elle se retrouve plus seule que jamais, entourée de toutes ses intimidatrices… Dans Jane, le renard et moi, la mélancolie de l’héroïne est parfaite-ment transmise par une esthétique mélangeant le crayon, le lavis et le fusain. La narration, très juste, suscite l’émotion sans effets faciles ni pathos. D’ailleurs, le tout se lit parfois comme un long poème, autant par le rythme et le découpage des phrases que par la disposition du texte sur les pages. Bravo à cette œuvre qui démontre qu’on peut encore traiter de l’intimidation avec pertinence, surtout lorsqu’on s’y prend avec autant d’élégance, de retenue et d’intelligence.

Prix Bédélys indépendant

Ce prix récompense la meilleure bande dessinée de langue française auto-éditée et auto-distribuée au Québec au cours de l’année courante.

Il est accompagné d’une bourse de 500$, offerte par Promo 9e art.

TRAUMSTADTDENKEN, Rupert Bottenberg, Trip

Traumstadtdenken (« Penser une ville de rêve ») regroupe une sélection des bandes dessinées, dessins et d’expériences graphiques. Le livre propose une lecture qui coule d’une image à l’autre, chaque page ayant un lien avec la suivante. Dans un noir et blanc haut contraste, les dessins sont détaillés, ma trisés, le style est « cool » et psychédélique entra nant le lecteur sur un chemin étrange et merveilleux de la première à la dernière page. Traumstadtdenken propose une nouvelle façon d’aborder le roman graphique.

Prix Bédélys jeunesse

Ce prix récompense la meilleure bande dessinée de langue française destinée aux jeunes de 7 à 12 ans diffusée au Québec au cours de l’année courante. Son jury de lecture est composé de jeunes lecteurs de l’une des succursales du Réseau des Bibliothèques de la Ville de Montréal, qui parraine le prix depuis 2000.

LE FANTÔME D’ANYA, Vera Brosgol, La courte échelle

Anya était une jeune fille assez ordinaire, jusqu’au jour où elle rencontre Emily. Le problème, c’est que celle-ci est décédée depuis longtemps, mais bien décidée à vivre sa jeunesse en encourageant Anya à vivre la sienne à fond. L’histoire, légère et drôle au début, prend rapidement une tournure menaçante, avec en trame de fond les soucis et préoccupations de l’adolescence. Touchant, drôle et effrayant à la fois, Le Fantôme d’Anya entraîne le lecteur dans les dédales de l’adolescence et les mystères du passé. Son auteur, Vera Brosgol, animatrice de formation, a été récompensée par de nombreux prix pour cette œuvre, dont le Eisner de la meilleure publication pour adolescents.

Source : Promo 9e art 

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