Le Grand Prix de l’Imaginaire (GPI) a annoncé ses listes préliminaires ces jours-ci. On est fabuleusement heureux d’y voir des auteurs et un éditeur de chez nous!

Depuis cinquante ans, le GPI s’est étoffé. En effet, consacré au départ à la science-fiction seulement, il s’est ouvert depuis plusieurs années à la fantasy, au fantastique et à leur représentation en littérature jeunesse. Le GPI se déploie maintenant en une dizaine de prix, accordés par des membres de jury spécialisés dans les littératures de l’imaginaire.

Ainsi, on retrouve Méduse, de Martine Desjardins, publié par Alto chez nous et aux éditions L’Atalante en Europe, dans la catégorie « Roman francophone ». Le même titre figure également dans la catégorie « Graphisme » pour le prix Wojtek Siudmak grâce au travail de Marcela Bolivar, dont on peut remarquer le talent pour l’édition de poche de Méduse. Noémi Lafleur-Allard, de la librairie La Galerie du livre, s’exprime ainsi à son propos : « Ce roman, mettant en scène la narratrice Méduse, nous plonge dans un univers tout à fait surprenant. L’auteure nous transporte dans la tête d’une enfant ayant une particularité, sans que le lecteur sache ce qui la rend repoussante aux yeux de presque tous. Martine Desjardins nous fait vivre une panoplie d’émotions, passant de la tristesse au dégoût. Elle nous amène finalement à un grand désir de comprendre quelle est cette différence qui rend Méduse si spéciale et redoutable. La conclusion nous amène une grande réflexion ainsi qu’une surprise. Un roman incontournable avec une écriture particulièrement efficace pour nous faire ressentir les émotions du personnage et nous bouleverser, et ce, jusqu’à la dernière page. Un roman empreint à la fois de laideur et de beauté. »

Dans la catégorie « Roman étranger », la Canadienne Emily St. John Mandel se taille une place avec La mer de la tranquillité, paru ici chez Alto et édité en Europe chez Rivages. Caroline Gauvin-Dubé, de la Librairie Boutique Vénus, en a dit ceci : « Je ne lis que très rarement de la science-fiction, mais comment résister à un nouveau roman de l’autrice de Station Eleven? Dans un avenir pas si lointain où l’humain a colonisé la Lune, Gaspery-Jacques enquête sur une brèche temporelle. Se téléportant entre les années 1912, 2020 et 2203, Gaspery rencontre des êtres qui changeront sa perception du monde et remettront en question la pertinence de sa mission. Mais un électron libre dans un élément si fragile et fondamental que le temps peut-il le rester? La mer de la tranquillité n’est pas qu’une autre histoire de voyage dans le temps, c’est un roman d’une grande poésie qui nous porte à réfléchir sur l’art, la solitude, la compassion et ce qui nous rend humains. »

À ses côtés, toujours dans la catégorie « Roman étranger », les éditions Mémoire d’encrier font bonne figure avec le roman de la Trinidadienne Monique Roffey, La sirène de Black Conch, qui est aussi en lice pour le prix Jacques-Chambon de la traduction, grâce au boulot de Gerty Dambury. Maudite depuis des temps immémorables et sillonnant la mer des Caraïbes, la sirène de Black Conch se laisse voir par David, un pêcheur solitaire incapable de l’oublier, fasciné. Alors qu’elle a été capturée par des hommes sans scrupules, David la libère et l’amène chez lui. Leur amour voit le jour, à l’abri des regards. Monique Roffey remue le passé avec malice et efficacité : en plongeant dans les eaux troubles de l’archétype féminin, avec cette femme trop attirante, punie en devenant une créature marine proche du monstre, elle offre un prétexte tout désigné pour confronter ses personnages à leurs dissensions latentes, entretenues par des siècles de colonialisme. Une histoire simple et puissante, aux allures de fable, portée par une plume aussi riche que vive.

C’est le 12 avril prochain que seront annoncés les finalistes et c’est le 18 mai, à Montpellier que seront dévoilés les lauréats.

D’ici là, vous pouvez vous laisser tenter par la lecture de nos candidats québécois et canadiens ou vous inspirer des livres en lice que vous découvrirez ici.

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