L’autrice française qui a dépassé les 80 ans et qui a signé quatorze romans vient de remporter le Nobel de littérature 2022, la plus prestigieuse distinction littéraire.

Au moment d’écrire ces lignes, il semble que l’autrice n’ait pas encore été rejointe par l’Académie de Suède, nous apprenait le média Rfi.

Elle est ainsi la dix-septième femme à recevoir cette distinction.

L’Académie suédoise a salué sur Twitter « le courage et l’acuité chirurgicale avec laquelle elle dévoile les racines profondes, les détours et les contraintes collectives de la mémoire intime » (traduction de Actualitté).

La libraire Jocelyne Vachon de La Maison de L’Éducation à Montréal évoque très bien l’essence du travail d’Ernaux : « Voici son projet d’écriture : une femme ayant vécu de 1940 à aujourd’hui. Cette femme, c’est Annie Ernaux. Mais attention! Pas de l’autofiction bébête, narcissique, racoleuse et complaisante. Beaucoup trop professionnelle, Annie Ernaux est beaucoup trop géniale. Vous plongez au cœur de sa vie en même temps qu’au cœur de l’Histoire. Chacune des décennies qui a composé sa vie est magistralement décrite tant dans l’intime que dans le social. C’est un cœur qui bat, une âme qui vibre, une intelligence qui comprend, des yeux qui observent, c’est le calque de toute une vie sur les beautés, les acquis, les échecs et les soubresauts de toute une époque. »

Entre autres importantes récompenses, Annie Ernaux reçoit en 1984 le prix Renaudot pour La place et les prix Marguerite-Duras et François-Mauriac en 2008 grâce à son récit Les années. Pour s’imprégner de l’œuvre d’Annie Ernaux, une anthologie qui rassemble douze textes de l’autrice est disponible dans la collection « Quarto » de Gallimard sous le titre Écrire la vie.

Son plus récent ouvrage, paru en juin 2022, a été commenté entre nos pages par la libraire Océane Roberge (Pantoute) ainsi : « Opus d’une quarantaine de pages, Le jeune homme d’Annie Ernaux (Gallimard) se présente comme une réflexion sur la mémoire, l’altérité et le temps, mais surtout — toujours — sur l’acte d’écrire : alors qu’elle revient sur la liaison qu’elle a vécue avec un jeune étudiant de trente ans son cadet, l’autrice raconte comment, parfois, elle a fait l’amour afin de  »[s]’obliger à écrire » et d’éprouver  »la certitude qu’il n’y avait pas de jouissance supérieure à celle de l’écriture d’un livre ». Revisitant les lieux de sa propre jeunesse, Ernaux nous révèle l’intimité d’une relation amoureuse menée jusqu’au bout, jusqu’à la répétition, la distanciation et la rupture. Aller jusqu’au bout du vécu — de la vie — par les mots : voilà bien ce qu’est son œuvre. »

Pour en apprendre plus sur cette écrivaine qui passe maintenant au panthéon des incontournables, si ce n’était déjà le cas, nous vous invitons à lire la chronique que Robert Lévesque lui a consacrée.

Photo : © Francesca Mantovani / Gallimard

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