Vous l’avez peut-être vue sur les plateaux de Deux hommes en or, de Y’a du monde à messe ou encore sur ceux de Marina Orsini. C’est que Sylvie Lavallée, sexologue clinicienne et psychothérapeute, ne lésine pas sur les moyens pour éduquer et éveiller les gens à leur sexualité. Avec Désirez-vous désirer?, son cinquième livre, elle aborde la perte de désir avec audace, en proposant d’accepter que ce dernier est un fauve : le discipliner, c’est contre nature.

« Le désir a un côté qui n’aime pas la censure ni l’éthique. Le désir est sauvage, félin, animal. Mais parfois, cet élan n’est plus, il s’envole, s’effrite, devient complexe, s’use ou nous fait faire des folies. Avec cet ouvrage, mon défi a été d’essayer de parler de cette chose aussi abstraite qu’est le désir, pour qui plusieurs consultent en thérapie », explique au bout du fil la pétillante spécialiste qui s’évertue à raviver les flammes affaiblies.

Dès les premières pages de Désirez-vous désirer?, Sylvie Lavallée écrit que le désir est comme l’amour, qu’il « implique une décision ». Et tout au long du livre, elle martèle l’idée que le désir, « on doit le choisir et le travailler ». À partir de ce postulat, elle formule ses observations et propose des pistes de solution en se basant sur ce dont elle est témoin depuis plus de vingt ans derrière les portes de son cabinet. Car 95% de ses consultations portent sur les troubles du désir. « Les enjeux du désir sont nombreux : un désir absent, un profond désenchantement, le fait que tout d’un coup, il y a un déclic déclenché par une autre personne et qui réveille la bête, un volcan en puissance, une source tellement forte. Il faut parler de cet aspect-là, de cette indiscipline dans le désir. Dans mon livre, j’ai décliné le désir sous tous ces angles : quand il n’est plus là, quand il est problématique et quand il fait tourner la tête », explique celle qui a agrémenté son ouvrage de nombreux exemples variés et précis de cas qu’elle a côtoyés. « Quand j’étais étudiante à l’université, il y avait ceux qui faisaient la recherche et ceux qui faisaient du terrain. Les plus intéressants étaient ceux qui parlaient de ce qui se passait sur le terrain », se justifie-t-elle.

Sylvie Lavallée le dit elle-même : avec ce sujet, elle s’aventure « sur un terrain glissant ». C’est pourquoi elle a signé un ouvrage de 310 pages, et non pas une plaquette en 100 points à appliquer pour régler ses problèmes. Cela lui permet d’aborder le sujet en profondeur, d’en tracer les contours et les nuances, de prendre le temps de nommer les choses. D’ailleurs, elle accueille avec une certaine compréhension les écarts — notamment l’infidélité — ou les avenues marginales diverses explorées par les gens, qui, rappelle-t-elle avec bienveillance, sont d’abord et avant tout en quête de ce grand frisson qui ne les parcourt plus. Car cela permet « d’arrêter d’être sur le frein », explique-t-elle, soulignant que son approche va certainement dans un sens plus moderne du plaisir. « Admettre votre indiscipline est possible! La voie commune, dictée par les conventions sociales d’un désir qui s’inscrit dans un investissement amoureux, n’est pas l’unique chemin qui s’offre à vous », lit-on.

« Quand les amis ne savent plus quoi dire pour nous aider ou lorsque certains n’ont pas les sous pour consulter ou ne sont pas rendus là, le livre peut nous éclairer. Il est une porte d’entrée », affirme la populaire sexologue. Alors, oserez-vous approcher le fauve?

Photo : © Laurence Labat

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