Mélikah Abdelmoumen est depuis septembre dernier la nouvelle rédactrice en chef de la revue Lettres québécoises, dont le premier numéro piloté est paru en décembre, faisant la part belle aux mondes des idées par la mise en valeur du genre qu’est l’essai. Cette saison, cette Chicoutimienne d’origine fait paraître Baldwin, Styron et moi (Mémoire d’encrier). Dans cet essai, elle explore la nécessité communicationnelle entre humains, traçant les contours de l’amitié qui unit James Baldwin et William Styron : l’un est noir et est le petit-fils d’une esclave, le second provient de la lignée d’un propriétaire d’esclaves. Les lectures qu’elle propose ci-dessous entretiennent d’ailleurs toutes un lien étroit avec sa plus récente création.

Face à l’homme blanc
James Baldwin (Folio)
C’est par là que j’ai découvert Baldwin — depuis, j’ai toujours un livre de lui sur ma table de nuit. Dans chaque texte, l’auteur tente de se mettre à la place d’un ou une autre, cherchant en lui ou elle notre humanité commune : une femme, un immigré arabe et même un raciste. Dans la nouvelle titre, il imagine ce qui, dans l’enfance d’un policier blanc violent, a pu faire naître en lui la haine anti-Noirs.

 

Le harem et l’Occident
Fatema Mernissi (Albin Michel)
Sociologue marocaine, Mernissi étudie les différentes manières de soumettre les femmes. Chez les Occidentaux, ce n’est pas le lieu physique (harem, voile, etc.) qui enferme, mais quelque chose de plus insidieux : le temps, auquel nulle ne peut échapper. La jeunesse devient prison. Ce livre fait voir tout autrement ce à quoi nous, Occidentales supposément libres, sommes en vérité assujetties.

 

Le choix de Sophie
William Styron (Folio)
Stingo, jeune écrivain blanc du Sud vivant à New York, rencontre sa voisine Sophie, rescapée d’Auschwitz. Descendant d’esclavagistes, il découvre la Shoah à travers les souvenirs de cette dernière. Un roman profondément humaniste et terriblement pessimiste. Car de ces machines de destruction de l’humain par l’humain — esclavagisme, Shoah —, ni les survivants ni les sociétés ne se remettent jamais.


Photo : © Jennifer Alleyn

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