Co-instigratrice de la Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée, animatrice de la série Mitsou et Léa, conceptrice et scénariste du documentaire sur le culte de la minceur et des apparences Beauté fatale, Léa Clermont-Dion est l’auteure de La revanche des moches, un ouvrage où il est question de l’obsession de notre image et de notre corps. Elle a aussi dirigé le livre Lettres à un souverainiste avec Félix-Antoine D. Michaud ainsi que Les superbes : Une enquête sur le succès et les femmes en collaboration avec Marie Hélène Poitras. Elle signe avec Crève avec moi (Québec Amérique) une œuvre qui s’inspire de sa vie, une première incursion du côté de la fiction. Léa a connu sa meilleure amie Poupie à la garderie. Inséparables, elles ont déclaré à l’adolescence qu’elles seraient des best friends forever. Mais la vie avait peut-être d’autres plans pour elles.

L’attrape-cœurs
J. D. Salinger (Robert Laffont)
Holden Caulfield, adolescent rebelle, dérange. Il contredit les codes de la morale ordinaire, repense le monde qui l’entoure. Au-delà de ses airs moqueurs et cyniques, Holden est angoissé. Il est habité par une urgence de vivre, mais les conventions l’étouffent. Dans un style fort propre à l’oralité, marqué par le caractère ordinaire d’un langage vrai, cet antihéros raconte les destins cruels de la banalité avec une force impitoyable. Entre cynisme et émerveillement, J. D. Salinger offre un regard profond sur les aléas de l’existence humaine.

 

 

L’étranger
Albert Camus (Folio)
Voilà peut-être un choix cliché. Mais, il est difficile pour moi de passer à côté de cette œuvre marquante de mon adolescence. La première qui m’a autorisée à vivre un profond doute existentiel face à l’absurdité du monde. Le personnage de Meursault autorise les colères face aux mécanismes ordinaires de soi et des autres. La description des grands étourdissements à la plage est de l’ordre du remarquable. La philosophie de Camus me suit depuis cette lecture. Elle définit entièrement ce que j’aspire à être.

 

Chanson douce
Leïla Slimani (Folio)
« Le bébé est mort. Il a suffi de quelques secondes. » Chanson douce est un conte enlevant, malgré la description de l’ordinaire qui raconte une certaine domesticité aigre, une servitude aliénante. Histoire à la fois banale et tragique. Captivante. Il y a une économie des mots, une force de frappe persuasive qui nous dit magistralement la monstruosité. Bref, on reçoit tout. On devient complices d’une folie. On décortique un fait divers qui décrit finement la complexité humaine. Leïla Slimani a une plume tranchante comme une lame de rasoir.

Photo : © Martine Doyon

 
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