Numéro 86

Anne Archet, blogueuse éclectique et écrivaine pornographique, signe ici un assemblage de petits fragments lesbiens. S’intéressant à divers aspects de la sexualité entre femmes, elle met en lumière un monde souvent ignoré de l’érotisme et donne envie de voir, de lire, en serrant les jambes, fortement. La diversité est le mot d’ordre, ce qui fait travailler l’imaginaire des lectrices et ouvre la porte à une infinité de « positions », brisant l’idée générale selon laquelle la sexualité lesbienne et le désir féminin sont limités. Le carnet écarlate, c’est la sensualité, l’érotisme et l’écriture du sexe sans complexes ni gêne. C’est cru et poétique. Avec des illustrations osées de Mélanie Baillairgé. À lire, de préférence, en privé.

Pour quiconque connaît bien l’oeuvre de Catherine Mavrikakis, La ballade d’Ali Baba a de quoi surprendre. Pour cause, l’auteure range un instant sa verve, sa juste indignation pour nous faire la démonstration de sa grande sensibilité, dirais-je même de sa vulnérabilité. Le roman, empreint de réalisme magique, met en scène le père de son héroïne qu’elle croise en plein hiver, lors d’une violente tempête de neige. Seul problème, il est mort depuis un moment déjà. De cocasse à l’origine, l’histoire devient rapidement tendre à l’aide de retours en arrière qui montrent, tout à son avantage, ce père plus grand que nature. Il s’agit d’une lecture surprenante de tendresse, mais pleine de cette énergie que l’on reconnaît habituellement à l’auteure.