Pénélope McQuade : Le goût de la surprise

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Décidément, Pénélope McQuade ne chôme pas ! Depuis l'automne dernier, l'ex-chroniqueuse culturelle à Salut, bonjour est à la barre du magazine PassepArt, diffusé à l'antenne d'ARTV. Et on peut entendre cette touche-à-tout enjouée animer avec son vieux complice Guy Mongrain l'émission matinale de Cité Rock-Détente à Montréal. Occupée, Pénélope ? Pas assez pour l'éloigner des livres, qui la surprennent, la déconcertent et la passionnent depuis l'enfance…

Quel type de lectrice êtes-vous ?

Ça dépend de mon horaire de travail. Il y a des moments où j’arrive à peine à lire deux ou trois pages par jour et d’autres où je lis deux pavés par mois. Des étés, il m’est arrivé de lire jusqu’à une vingtaine de romans. Sans blague, je garde toujours vingt, vingt-cinq livres sur ma table de chevet, classés en pile selon mes priorités : à lire tout de suite, à lire ensuite, à lire plus tard. Au dernier salon du livre, je me suis acheté quelques « Que sais-je ? » pour ma culture personnelle, mais ces jours-ci, après une journée de tournage, je n’ai pas toujours la concentration requise…

Vous souvenez-vous de vos premiers coups de foudre littéraires ?

Dès que j’ai su lire, j’ai pris l’habitude de plonger dans les pages des livres. Enfant, c’étaient la collection « Premier roman » de La courte échelle, les fables de La Fontaine et les albums de Babar. J’ai lu très jeune, par mimétisme, sans doute, parce que ma mère est une lectrice boulimique, elle lit de tout, des romans comme des essais hyper pointus. Et elle aime raconter que, bébé, j’avais le nez dans les Playboy de mon père. Pour les articles, évidemment ! (rires) À l’adolescence, j’ai découvert Michel Tremblay avec La Grosse Femme d’à-côté est enceinte. Depuis, j’ai enfilé toutes les « Chroniques du Plateau Mont-Royal » et je suis devenue une inconditionnelle : j’ai lu les pièces, les récits, les autres romans. Chaque fois qu’il publie un nouveau titre, ma mère s’empresse de me le faire savoir… et de me l’offrir les années où je n’étais pas affectée au secteur culturel.

Avez-vous des goûts éclectiques ?

Comme ma mère, je lis de tout, sauf des romans à l’eau de rose, qui sont trop prévisibles : du roman d’épouvante au thriller psychologique en passant par la littérature latino-américaine. En matière de thrillers, on a été bien servis ces dernières années. J’aime Henning Mankell, que j’ai découvert grâce à ma mère, qui est vraiment mon pusher de livres ! Mankell m’a séduite avec La Cinquième femme puis Les Morts de la Saint-Jean. J’ai dans ma pile « à lire absolument au plus vite » un roman antérieur qui vient de paraître en français : L’Homme qui souriait. J’aime aussi Jonathan Kellerman ; je viens de terminer Qu’elle repose en paix, que j’ai aimé autant que Le Monstre, un thriller vraiment original et complètement flyé. Et puis, j’adore les livres de Jean-Jacques Pelletier, que j’ai tous lus, de L’Homme trafiqué au Bien des autres en passant par La Femme trop tard et La Chair disparue

Mais qu’est-ce qui vous plaît dans ce type de livres ?

Peu importe le genre, ce que j’aime, ce sont les personnages à facettes multiples : les mécréants dotés de profondeur psychologique, les héros qui ne sont pas de purs héros… C’est pourquoi j’ai apprécié Comment devenir un monstre de Jean Barbe, où rien n’est complètement noir ni complètement blanc. J’aime les personnages complexes qui ressemblent à ce que nous sommes dans la vie, qui ont des failles. C’est ce qui me plaît dans une certaine littérature américaine contemporaine qui nous présente non pas des héros, mais des gens qui essaient de tirer leur épingle du jeu, qui atteignent la grandeur sans être de grandes personnes. C’est le cas de Mélodie du temps ordinaire de Mary McGarry Morris. Tous les gens à qui j’ai prêté ce livre ont été marqués par cette lecture ! C’est l’histoire simple d’une mère seule et de ses trois enfants dans les années 60 : une vie passée dans la pauvreté financière et intellectuelle presque totale. J’aime la façon dont nous est exposée la fragilité de ces gens, qui se donnent des airs de durs et avec qui le destin est impitoyable. Ce n’est pas l’Amérique des winners, mais l’envers du rêve américain.

Telle mère, telle fille : vous êtes aussi pusher de livres ?

Je recommande volontiers mes lectures à mes amis, quand je tombe bien. Ç’a été le cas avec Clara et la pénombre, de José Carlos Somosa, un Cubain exilé à Madrid qui a été psychiatre avant de publier. Ce roman se passe dans un avenir rapproché, en 2006, où le monde de l’art se pâme pour un nouveau mouvement, l’hyper-dramatique, qui propose des reconstitutions de toiles connues avec des modèles humains. Le roman raconte l’histoire de Clara, qui rêve de devenir un personnage de toile, et d’un meurtrier qui s’en prend aux artistes. C’est à la fois un thriller psychologique, une critique du milieu des arts, une réflexion sur l’esthétisme… tout ça écrit dans ce style flamboyant qu’ont les romans latino-américains quand ils sont bien traduits.

Et qu’y a-t-il d’autre dans ces piles sur votre table de chevet ?

J’ai Le Jeu de l’épave de Bruno Hébert, dont j’avais adoré les deux premier romans (C’est pas moi, je le jure et Alice court avec René). J’ai Anges et Démons de Dan Brown, mais je n’ai pas trop envie de le terminer, parce que c’est la même recette que le Da Vinci code même s’il a été écrit avant. J’ai aussi des albums illustrés aussi instructifs que ludiques comme Des modes et des hommes, Le Café ou Le Pénis illustré. Et puis, il y a bien sûr les « Que sais-je ? » que j’ai achetés l’automne dernier, auxquels il faudra bien que je m’attaque…

Bibliographie :
Les recommandations de Pénélope McQuade:

Chroniques du Plateau Mont-Royal, Michel Tremblay, Leméac/Actes Sud, 42,95 $
La Cinquième femme, Les Morts de la Saint-Jean, Henning Mankell, Points, coll. Policiers, 13,95 $ ch.
L’Homme qui souriait, Henning Mankell, Seuil, coll. Policiers, 29,95$
Qu’elle repose en paix, Jonathan Kellerman, Seuil, coll. Policiers, 29,95 $
Le Monstre, Jonathan Kellerman, Points, coll. Policiers, 13,95 $
L’Homme trafiqué, La Femme trop tard, La Chair disparue, L’Argent du monde et
Le Bien des autres, Jean-Jacques Pelletier, Alire, entre 14,95 $ et 19,95 $ ch.
Comment devenir un monstre, Jean Barbe, Leméac, 29,95 $
Mélodie du temps ordinaire, Mary McGarry Morris, Pocket, 20,95 $
Clara et la pénombre, José Carlos Somosa, Babel, 20,95 $
Le Jeu de l’épave, Bruno Hébert, Leméac, 17,95 $
Des modes et des hommes, Chenoune Farid, Flammarion, 110 $
Le Café, Anne Vantal, Éditions du Chêne, 29,95 $
Le Pénis illustré, Joseph Cohen, Éditions Konemann, 14,95 $

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