Jean-Luc Brassard : Plus vite, plus haut, plus fort

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    Modèle de réussite, enfant chéri des Québécois, communicateur hors pair, Jean-Luc Brassard a marqué l’histoire olympique canadienne en triomphant aux Jeux olympiques de 1994. Retour « tout en bosses » sur son parcours de lecteur.

    Vingt ans après, on se rappelle encore cette comète rouge dévalant les pistes blanches de Lillehammer. On se souvient de ce risqué cosaque, de cette intensité inouïe, de ce sourire doré. On n’oubliera jamais ce grand frisson collectif. Un pays en liesse devant le roi des bosses.

    À l’aube des XXIIes Jeux olympiques d’hiver de Sotchi, Jean-Luc Brassard se prépare à revivre l’aventure sportive la plus attendue de la planète. Cette fois, le quadruple olympien accompagnera les jeunes sportifs d’ici en tant que chef de mission adjoint de l’équipe olympique canadienne. Il côtoiera donc les appréhensions des uns et désamorcera les craintes de plusieurs, il encouragera le groupe, pleurera les échecs et applaudira les triomphes.

    En tant que mentor, quel ouvrage conseillerait-il aux jeunes poulains qui se préparent actuellement à vivre le plus beau – et le plus stressant – moment de leur carrière? « À l’époque, la biographie Gilles Villeneuve m’avait beaucoup inspiré; maintenant, je ne saurais trop quoi conseiller, mais certainement pas un livre de Lance Armstrong! », clame-t-il, visiblement froissé par les révélations troubles de l’ancien héros du cyclisme.

     

    Après Valleyfield, la planète…

    Encore aujourd’hui, le pigiste – attrapé lors d’un séjour en Suisse – parcourt le monde. C’est d’ailleurs dans les aéroports ou lors de ses déplacements qu’il s’adonne le plus régulièrement à son passe-temps. « Je suis principalement un lecteur de transport… et de lit! Avant de me coucher, j’ai toujours un livre entre les mains. Par contre, selon la journée, je dois admettre que je peux m’endormir avant même d’avoir lu une page. »

    Le communicateur quarantenaire, qui a grandi et qui réside toujours à Valleyfield, a goûté à la lecture dès son plus jeune âge. Ses parents, deux professeurs, l’ont fortement encouragé en ce sens. D’ailleurs, le paternel demeure un modèle : « Mon père demeure un très grand lecteur; en fait, je ne connais personne qui ne lise autant que lui. »

    Les premières découvertes ont été réalisées dans l’univers fabuleux de la bande dessinée. C’est ainsi qu’il garde un souvenir impérissable du classique belge créé par Hergé : « La vie de Tintin fut presque la mienne, enfin… Bien au-delà de la compétition, l’aventure m’attirait sans borne, ce qui a provoqué de nombreuses situations rocambolesques. » Plus vieux, Brassard s’est découvert une passion réelle pour les bouquins historiques, principalement ceux concernant la Deuxième Guerre mondiale. « Je raffole encore autant de ce genre! J’ai souvent fait un détour des itinéraires de compétition pour aller voir des sites historiques liés à mes lectures. »

     

    Lectures sportives

    Le skieur acrobatique a dominé son sport pendant une douzaine d’années, participant à quatre Jeux olympiques, récoltant deux fois le titre de champion du monde et remportant vingt épreuves de la Coupe du monde. Pas surprenant que les histoires liées aux sports d’hiver et au plein air jalonnent son parcours. Parmi ses auteurs fétiches, il cite d’emblée l’alpiniste, explorateur et écrivain français Roger Frison-Roche (1906-1999), dont le récit Premier de cordée est gravé dans sa mémoire. Cette histoire de passion et de courage sur un guide de montagne lui rappelle chaque fois comment la vie peut être périlleuse et lui remémore son amour de Chamonix.

    Une fois la porte ouverte sur cet univers, le sportif s’emballe : « Sur le même sujet, il faut absolument lire La mort suspendue de Joe Simpson, l’histoire vraie de deux alpinistes lors d’une ascension au Pérou qui tourne à la catastrophe. » Le médaillé d’or signale également Secrets etc… de l’ancien joueur de tennis et maintenant chanteur Yannick Noah : « Ce livre m’a marqué, ne serait-ce que pour la phrase où Noah écrit qu’il prend conscience qu’il n’aime plus son sport, mais qu’il s’efforce de continuer pour plaire à la galerie. Quand j’ai pris la décision d’arrêter la compétition, cette phrase m’est revenue en mémoire. »

     

    Le tour de Brassard

    Passionné lecteur, Jean-Luc Brassard butine à gauche et à droite. Il passe sans peine du roman policier au récit biographique, du drame historique aux essais politiques. Il se laisse souvent inspirer par ses détours en librairie – « quand je rentre dans une librairie, je sais qu’il ne faut pas que je sois pressé! » – ou par des conseils entendus à la radio. C’est justement ainsi qu’il a choisi sa plus récente lecture : Le prix à payer. L’histoire de la plus célèbre escorte de New York de Natalie McLennan. « J’en avais entendu parler à la radio, et la page couverture a piqué mon intérêt. Ma curiosité m’a guidé vers ce monde que je ne connaissais pas du tout, et que je n’ai aucune envie de côtoyer! »

    Mais si le sportif qui a inspiré des centaines de jeunes Québécois ne pouvait conserver qu’un livre, ce serait Le Tour de Foglia du célèbre chroniqueur de La Presse, un titre malheureusement épuisé. « Ce rassemblement de chroniques sur le Tour de France est mon livre favori. Plusieurs diront peut-être que ce n’est pas tout à fait un livre, mais, pour ma part, j’adore! Je le relis souvent. »

    Alors qu’il s’apprête à s’envoler pour le sud de la Russie, l’attachant et déterminé animateur de l’émission Comment c’est fait termine la lecture de Mafia inc. Grandeur et misère du clan sicilien au Québec d’André Cédilot et André Noël : « À côté de Mafia inc., les Jeux ne sont finalement pas très risqués… »

     

    Crédit photo: Ztélé

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