Les libraires craquent: littérature policière

Ce qu’il faut de haine

Lors de son jogging matinal, Alice, étudiante à Paris, découvre un corps putréfié au bord de la rivière de son village natal. À partir de cet instant, elle est obsédée par ce cadavre. Que fait-il dans ce lieu si calme du Morvan? L’enquête est confiée à une lieutenante de Paris et un commandant d’un village voisin qui doivent affronter les non-dits et les ragots de ce coin de pays. À noter que la victime n’était pas des plus appréciées. L’auteur n’y va pas de main morte avec une description crue et détaillée du corps de la victime. Âme sensible s’abstenir! De courts chapitres, une écriture nette, précise, un récit déroutant accompagné de nombreux rebondissements captent le lecteur. Un thriller noir, percutant, où la vengeance côtoie la folie. Magistral!

Comme si nous étions des fantômes

Mars 1919. Des militaires britanniques, aidés de travailleurs chinois, creusent le sol du nord de la France afin de récupérer les dépouilles de soldats morts au combat et d’en identifier le plus possible. Débarque alors, au milieu de cette horreur, la jeune Amy Vanneck, bien décidée à retrouver les restes de son fiancé porté disparu en août 1918. Même si les officiers sont peu coopératifs, elle finit par apprendre que, le jour même de la disparition de son fiancé, treize hommes ont été massacrés dans le tunnel où il a été vu pour la dernière fois, et ce, dans une zone sous contrôle anglais. Qu’a-t-il bien pu se passer? Un thriller historique fort bien documenté, un récit haletant rempli de rebondissements, jusqu’au dernier paragraphe!

Ouragans tropicaux

Cuba est en effervescence, en cette fin d’hiver 2016, avec cette visite d’Obama et ce passage, pour un concert, des Rolling Stones. Un vent de changement souffle-t-il enfin sur l’île? Mario Condé, cet ancien flic devenu bouquiniste ayant l’habitude des promesses non tenues, du paradis toujours remis au lendemain, en doute. C’est avec réticence, également, alors qu’il travaille sur un livre, l’histoire vraie d’un héros magnifique, d’un proxénète élevé au rang de mythe à La Havane, qu’il va répondre à l’appel d’une police débordée par les événements, et reprendre du service afin d’enquêter sur le meurtre d’un haut fonctionnaire de la culture, un censeur à la retraire qui a brisé bien des vies d’artistes, de quoi se sentir plus proche des assassins que de la victime. Sa mission finit toutefois par l’enflammer, d’autant plus que des liens se tissent avec le récit qu’il rédige. Padura, génie du roman noir tropical, semeur d’un amour inconditionnel pour ce pays de « l’immobilisme programmé », nous charme à nouveau par cette trame humaine et puissante.

La reine du noir

Gothique et moderne ne sont pas des termes que l’on associe ensemble au premier abord, mais c’est pourtant ce qui résume le mieux ce roman. L’intrigue nous plonge dans la demeure d’une autrice légendaire qui offre à cinq jeunes femmes la chance d’écrire le roman qui lancera leur carrière. Cependant, le manoir de Blackbriar cache plusieurs secrets et pousse notre héroïne à remettre en question les intentions de leur hôtesse. Ce premier roman de Julia Bartz nous entraîne dans un huis clos déjanté où les personnages féminins sont poussés à utiliser leur créativité dans des conditions extrêmes, laissant le lecteur à la fois choqué et exaspéré. Un roman où se mélangent jalousie, désir et paranoïa, dans un milieu littéraire impitoyable.

Résidence Saha

« Il faut toujours réfléchir à où se trouve le vrai. » Jingyeong, qui habite la Résidence Saha, tente de découvrir la vérité sur le gouvernement qui les contrôle dans l’espoir de retrouver son frère Dongyeong, faussement accusé du meurtre d’une femme issue de la classe la plus élevée, une Habitante. Cette dystopie à saveur de 1984 raconte la vie de divers personnages organisés en classes sociales desquelles il est quasi impossible de s’élever. Les Sahas, qui habitent la Résidence du même nom, n’ont pas de statut et vivent dans la plus grande pauvreté. Quand des résidents tels qu’Umi et Dongyeong disparaissent, la petite communauté exige des réponses. Mais celles données sont-elles véridiques?

Déshonneur au Camp 133 : Une enquête du sergent Neumann

Il a de quoi surprendre, ce récit de Wayne Arthurson, au milieu de l’Ouest canadien, en pleine Seconde Guerre mondiale, d’un soldat allemand enquêtant sur la mort d’un autre soldat allemand. Nous sommes en décembre 1944. L’Allemagne va perdre. Ils sont plusieurs à l’admettre dans ce camp de prisonniers, dans une petite ville allemande de plus de 20 000 habitants, en Alberta. On s’enrichit en se préparant à l’après-guerre, en commerçant avec les geôliers canadiens, quitte à éliminer ceux qui s’interposent à ce trafic. Une situation intolérable pour le sergent Neumann, un vétéran de l’Afrika Korps, un dur à cuire, chargé du contrôle de la sécurité et pour qui c’est un déshonneur pour tout soldat allemand de pactiser avec l’ennemi. Incorruptible, il se dresse comme un Elliot Ness face à cette bande de malfrats, prêt à toutes les audaces, y compris celle de s’échapper du camp, pour mettre un terme à ces méfaits. Que veut dire, en ces temps-là, être un bon Allemand? nous interroge Arthurson.

Le poids des années

Dans Le poids des années, Guillaume Morrissette nous entraîne dans une enquête à Shawinigan où un ancien professeur est retrouvé mort dans un bois. J’ai adoré suivre la procédure avec les policiers, c’est passionnant du début à la fin de les voir retracer ce qui est arrivé à la victime. Même si l’on sait assez tôt dans le roman ce qui s’est réellement passé, le livre reste accrocheur jusqu’à la dernière page. C’est intéressant de savoir pourquoi le meurtrier a commis cet acte et comment il s’y est pris. J’aimerais bien lire une suite, mettant en scène d’autres investigations de Gary Demers, l’enquêteur principal! Un roman policier à ne pas manquer, car si vous êtes fan d’enquêtes comme je le suis, vous aimerez celle-ci.

La revanche

Drame dans la petite ville de Pori en Finlande : un attentat meurtrier vient de survenir dans un bar que fréquentent des membres de la communauté LGBTQ+. L’enquête est confiée aux inspecteurs Jari Paloviita et Henrik Oksman. Pour ce dernier, l’affaire revêt une dimension personnelle puisqu’il a quitté cette boîte de nuit une heure à peine avant l’explosion, en compagnie d’un homme rencontré sur place… Comment mener à bien son enquête sans dévoiler cette facette de lui-même qu’il a jusque-là réussi à cacher à ses collègues? L’auteur ramène son duo de policiers qui nous avaient époustouflés dans Le serment. On attend avec impatience la traduction du troisième tome de cette palpitante série qui n’hésite pas à explorer les zones d’ombre de chacun…

De sang et d’acier : Une nouvelle enquête du commissaire Oppenheimer

Fervents de polars historiques au ton crépusculaire, soyez assurés que cette sixième enquête de l’inspecteur Oppenheimer comblera vos attentes. Le policier berlinois, en cet été 1948, est confronté à de multiples soucis : il doit, entre autres, mettre un terme aux méfaits d’un tueur s’amusant, parmi d’autres surprises déroutantes, à disperser au milieu des décombres des corps mutilés. Autre tracas, et pas le moindre, en ce début de guerre froide, l’administration soviétique entame le blocus occidental de la ville, coupant son ravitaillement. Et, avec ce rideau de fer s’abattant avec fracas, toute coopération avec la police de l’autre camp devient interdite. Le consciencieux Oppenheimer va-t-il désobéir? Le romancier allemand Harald Gilbers, attentif, comme toujours, à nous faire partager les préoccupations quotidiennes de ses personnages, nous offre un portrait sensible et nuancé d’une époque où, au milieu des ruines, des brins d’humanité parviennent à fleurir.

Perspective(s)

Qu’il est passionnant et original, ce roman épistolaire, tant par son contenu que par sa forme (176 lettres rédigées par une vingtaine de protagonistes, dont la reine de France)! On est à Florence en 1557. Le peintre Pontormo vient d’être tué alors qu’il peignait des fresques dans une église. Dans son atelier, on trouve par la suite la reproduction d’un tableau de Michel-Ange, montrant Vénus dans une pose lascive et dont le visage est celui de Maria, fille aînée de Cosimo de Médicis, duc de Toscane. Pour éviter le scandale, il faut à tout prix que cette toile disparaisse… Intrigues de cour, complots politiques, mariage arrangé à préserver, conflit avec le nouveau pape et, bien sûr, enquête sur la mort du peintre. Que voilà un programme captivant!

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