Il y a cinquante ans, la librairie La Maison de l'Éducation voyait le jour à Montréal. Afin de souligner cet anniversaire remarquable, Danielle Dion, actuelle propriétaire, a accepté de répondre à nos questions. 


Qui a fondé la librairie et avec quel objectif?
La librairie a été fondée en 1967 par Pierre-Noël Dion et Suzanne Goulet, parents de l’actuelle propriétaire Danielle Dion. À cette époque, les librairies il va sans dire n’étaient pas légion à Montréal. Les grandes chaînes de librairies n’existaient pas encore. Il y avait la célèbre librairie Tranquille, qui avait pignon sur la rue Ste-Catherine en face de la Comédie-Canadienne. 

Donc, pour un couple lettré comme Monsieur Dion et Madame Goulet – francophiles, érudits et grands lecteurs – l’aventure d’ouvrir une librairie était tentante et revêtait quasiment la nature d’une mission. Dans la foulée de la Révolution tranquille, la culture fleurissait et grandissait partout au Québec et ils voulaient en être des acteurs de premier plan.

Que reste-t-il, de nos jours, de votre ancienne spécialité de la distribution exclusive de manuels scolaires provenant de France? Le nom – La Maison de l’Éducation – est-il issu de cette spécialisation, justement? 
Comme je le disais plus haut, tout était à faire au Québec dans le domaine de la culture et de l’éducation. Imaginez : tous les élèves du primaire et du secondaire étudiaient dans des livres que nous faisions venir de France – éditions Nathan, Hatier, Hachette etc. – et bien sûr la célèbre maison d’édition Eugène Belin à Paris.

Après plusieurs voyages à Paris, de nombreux courriers et même des téléphones outre-mer, Pierre-Noël Dion a obtenu à l’arraché l’exclusivité de cette importante maison d’édition de livres scolaires. À cette époque, on parle ici des années 70, des centaines de manuels scolaires, en histoire et en géographie principalement, arrivaient en bateau au port de Montréal et nous diffusions ces manuels partout dans les différentes commissions scolaires de la province.

Bien des années plus tard et avec l’avènement de la célèbre Loi 51, il fut décrété que tous les manuels scolaires seraient dorénavant publiés au Québec et écrits par des gens d’ici et seraient ainsi mieux adaptés à notre environnement et refléteraient davantage notre identité. 

Il était donc devenu précaire de continuer la distribution d’une maison d’édition comme Belin qui ne rencontrait plus les critères dictés par le ministère de l’Éducation.

Et c’est ainsi que nous sommes devenus une librairie agréée avec pignon sur rue desservant la clientèle régulière et institutionnelle. Une chose qui ne change pas au cours des ans est notre service impeccable et notre amour du métier de libraire.

Pourquoi la librairie a-t-elle déménagée au cours de son existence? 
La librairie a été fondée en 1967 et nous sommes restés jusqu’à la fin des années 90 au 10485 boulevard Saint-Laurent puis pendant plusieurs années au 1000 rue Fleury Est. Afin de répondre aux besoins de notre clientèle, nous sommes depuis quatre ans au 10840 avenue Millen, à quelques pas du métro Henri-Bourassa et de la piste cyclable du boulevard Gouin.

Quels services personnalisés offrez-vous aux entreprises?
Nous sommes une librairie agréée faisant partie du réseau des librairies indépendantes. Étant une entreprise familiale, le service avec notre fidèle clientèle est plus direct, plus convivial et personnalisé. Au clavier de votre téléphone, vous n’avez pas qu’à appuyer sur 1, 2 ou 3 avant d’atteindre la personne avec qui vous désirez parler, vous appelez nous répondons!  De plus, notre librairie se déplace dans les bibliothèques publiques et les bibliothèques scolaires afin d’offrir un « service d’offices/nouveautés » pour tous ceux qui le désirent. 

Pour vous, tenir une librairie c’est…
…d’abord bien s’assurer d’un gagne-pain puisque même si notre métier revêt une « mission » culturelle, il faut faire des profits et gagner notre vie. Cependant, je crois fermement qu’en tant que librairie indépendante, nous nous efforçons de diffuser la culture qui va bien au-delà des livres de recettes ou des guides pratiques, mais qui aussi donne l’accès à la littérature, la poésie, les auteurs étrangers et les ouvrages scientifiques et d’érudition.

Quelle relation entretenez-vous avec vos clients? Avez-vous une anecdote particulière à nous partager?
Notre librairie, c’est une familleEt quiconque la fréquente régulièrement fait partie également de cette famille. Nous sommes présents non seulement comme libraires mais aussi pour partager les joies et les peines de nos clients, qui sont pour certains devenus des amis. Des grands-parents aux petits enfants nous entretenons des liens particuliers avec notre clientèle.

À tous-ceux-là, à toutes celles-là, non seulement avez-vous participé à notre essor et notre épanouissement mais vous avez aussi promu la culture des livres en les choisissant, en les achetant, en les lisant et en les glorifiant.

Parlez-nous des gens de votre équipe. Qui sont-ils? En quoi les livres les passionnent-ils?
Petite équipe tissée serrée, efficace et professionnelle.

 

Avant de me joindre à l’entreprise, il y avait déjà Jocelyne Vachon, maintenant retraitée qui fut pendant plus de quarante ans libraire chez nous. Nous avons travaillé côte à côte pendant une trentaine d’années et mené ce grand bateau à travers vents et marées dans le plus grand bonheur avec une belle complicité.

Mon partenaire dans la vie comme au travail, René Duval est lui aussi toujours au poste pour les gros dossiers depuis de nombreuses années.

Il y a aussi les deux Louise : la plus ancienne Louise St. Laurent est notre capitaine des chiffres et de la paperasse… c’est elle qui tient les ficelles de la comptabilité et elle sait y faire… demandez à nos fournisseurs!

La deuxième, Louise Bordeleau a pris la relève de Jocelyne il y a trois ans. Libraire d’expérience elle a bourlingué dans le beau monde du livre depuis les années 80… une passionnée de littérature et de service à la clientèle.

Et la relève :

 

Marianne Marquis Gravel ainsi que Camille Cornellier sont avec nous depuis septembre 2015, diplômées en littérature, ces filles sont la relève idéale. Impliquées dans toutes les sphères de la librairie, elles apportent un vent de fraîcheur et de connaissances informatiques qui nous ouvrent des portes vers l’avenir.

Notre petit (6 pieds 2 pouces) dernier, Emeric Paré est encore tout jeune mais sa curiosité, son implication et sa passion de la littérature québécoise nous assure que la relève sera au rendez-vous.

Il ne faut surtout pas oublier Charlotte notre mascotte, petite chienne toute blanche qui n’a pas son pareil pour accueillir nos clients.

Chaque matin, je suis toujours aussi heureuse de rentrer dans notre magnifique librairie, d’y côtoyer mon équipe et de servir ma clientèle. Un destin que je chéris depuis toutes ces années.

 

Avez-vous des projets pour la librairie à court ou moyen terme dont vous aimeriez nous parler?

Nous pensons toujours à l’expansion de la librairie mais il faut avant tout y trouver une relève bien formée, à la fois compétente, motivée et passionnée. Mais c’est certain qu’avec l’héritage de mes parents, la librairie est tatouée sur mon cœur.

Les prochaines décennies s’annoncent bien!

 

Pour avoir une idée des cinq livres qui ont marqué les cinq décennies pendant lesquelles La Maison de l’Éducation a été partie prenante de la vie littéraire de son quartier, faites-un tour ici! 

Publicité