Serge Denoncourt répond : Pourquoi monter des classiques?

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Après Cyrano de Bergerac et Les Trois Mousquetaires, vous montez Roméo et Juliette cet été (présentée du 21 juillet au 18 août au TNM). Pourquoi remonter des classiques en 2016? Quel défi cela représente-t-il?

Remonter des classiques est un acte essentiel en culture. Il est bien évident que j’encourage la création d’œuvres nouvelles, de formes inédites et de territoires inconnus. Mais il faut régulièrement revoir nos classiques. Si ces œuvres sont devenues des incontournables, c’est qu’elles sont fondatrices de la culture dans laquelle nous vivons. Elles font partie d’un patrimoine culturel mondial qui nous rejoint tous parce que ces œuvres sont « non jetables ». Elles touchent, 1000 ans, 500 ans, 300 ans plus tard, les mêmes cordes sensibles qu’elles touchaient à leur époque parce qu’elles parlent comme personne ne l’avait fait avant et comme personne ne l’a fait après de l’être humain avec une telle profondeur, une telle vérité, une telle perfection qu’il est impossible de compter sans elles. Roméo et Juliette en est un exemple extraordinaire. Il y a 400 ans, Shakespeare écrivait sur deux adolescents qui ressemblent étrangement à vos fils, à vos filles, à vos élèves et à vos neveux. Comment un homme du XVIe siècle pouvait-il connaître à ce point la psychologie des adolescents? Cela reste un mystère et tient du génie. Et c’est pourquoi, en 2016, tout jeune adulte se retrouvant devant cette œuvre saura s’y reconnaître et sera bouleversé de ce miroir qui s’offre à lui. Parce que ces personnages ne sont pas anecdotiques, mais contiennent l’essence même du trouble adolescent. Les grands classiques font partie de l’ADN culturel de notre monde occidental. Ils ont créé aussi Michel Tremblay, Michel Marc Bouchard et Xavier Dolan. C’est pourquoi il faut les fréquenter, les visiter et les revoir constamment. Parce qu’ils sont la matrice de tout ce que nous sommes et que, sans eux, nous ne serions pas.

Comédien et metteur en scène réputé et incontournable, Serge Denoncourt, qu’on a aussi eu le plaisir de découvrir comme juge à l’émission Les dieux de la danse, a signé plus d’une centaine de mises en scène au théâtre, mais aussi pour l’opéra et pour des spectacles de variétés. Récemment, sa mise en scène de La divine illusion de Michel Marc Bouchard en a séduit plusieurs.

Photo : © Charles Mercier

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