Du 30 mai au 5 juin prochain, le Festival de la poésie de Montréal (FPM) battra son plein dans la métropole, envahissant tous ses quartiers pour y déployer ce que les mots ont de puissant, de doux, de sulfureux, de nostalgique. À l’occasion de l’arrivée de Catherine Cormier-Larose à la codirection du FPM, Les libraires s’est entretenue avec l’autrice, active depuis plus de vingt ans sur la scène poétique québécoise.

Prendre la codirection d’un festival, c’est avoir l’occasion d’y ajouter un peu de sa couleur. Vous êtes reconnue pour votre dynamisme et pour votre ouverture à une poésie « désacralisée » et démocratisée, accessible, innovante, accueillante et exigeante aussi. Que pensez-vous que votre expertise, en ce sens, apportera au Festival de la poésie de Montréal?
Ah, ben merci, mais en poésie on ne travaille jamais seul.e. La démocratisation de la poésie, c’est aussi le travail de l’ombre des poètes, des éditeurices, des revuistes, des traducteurices, des libraires, des enseignant.es, des chercheur.ses, des passeur.ses. Ce sont ces acteurices que nous réunissons au FPM, avec qui on souhaite bâtir une communauté au-delà des livres. Et cette communauté ne peut se bâtir sans un public tellement bienvenu, que l’on souhaite nombreux, curieux, décomplexé du cliché collant d’une poésie qui ne serait pas pour toustes et accessible. Le Festival est d’ailleurs gratuit et nous avons des activités de médiation et de discussion ouvertes, qui n’attendent que vous. Cette 23e édition trouvera particulièrement sa place dans le paysage montréalais, prenant d’assaut les différents quartiers de la métropole pour rejoindre (et toucher) les gens là où ils vivent.

Quels sont les principaux défis à relever concernant le Festival de la poésie de Montréal?
Tout est encore à faire, à refaire, à construire, à déconstruire, à reconstruire et je crois que c’est ainsi que le FPM a toujours su innover, en ne s’embourbant pas, en surprenant. Mon souhait pour le Festival de la poésie de Montréal est donc de grandir avec lui, d’écouter, d’adapter les pratiques, de surprendre et de toucher le public. Nous souhaitons en faire un espace ouvert et évolutif où la poésie est sans cesse au cœur du projet.

Selon vous, est-ce que tout le monde devrait prêter oreille à la poésie québécoise? Pourquoi?
Oui, absolument tout le monde. De la poésie naît une volonté, une impulsion, un sens. La poésie — si peu qu’on la laisse entrer — présente une quotidienneté non pas magnifiée, mais transformée, collective, communale, acceptable. Elle agit comme un moteur des changements à venir, sinon comme une petite lumière qui s’allume pour nous rappeler de prendre soin, de vouloir plus, d’avancer ensemble. La poésie est libre, et de l’entendre, de l’écouter, de la lire, c’est déjà entrer dans un endroit d’espoir puisqu’elle peut tout.

Si vous n’aviez que trois recueils récents à conseiller à nos lecteurs (et en lien avec le Festival, par la présence des auteurs, par exemple), quels seraient-ils et pourquoi?
Je vois ici qu’on cherche des primeurs et ça me va. Je les nomme comme primeurs, comme apéros, comme gourmandises, mais la question m’aurait été posée deux minutes plus tard ou plus tôt que mes réponses auraient été complètement différentes. Faut venir au FPM pour tout découvrir, du 30 mai au 5 juin prochain!

Parce qu’on aime les voix du Canada francophone
Matin onguent
Mo Bolduc (Perce-Neige, 2021)

Parce qu’on ne connaît pas assez les poètes québécois anglophones
Dream of No One But Myself
David Bradford (Brick Books, 2021)

Parce que sa voix résonnera dans la ville et dans vos oreilles
Enfants du lichen
Maya Cousineau Mollen (Hannenorak, 2022)

Photo : © Chloé Charbonneau

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