Kevin J. Anderson : la maison des pères

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Le moins qu'on puisse dire lorsque l'on se penche un instant sur son impressionnante production, c'est que l'écrivain de science-fiction Kevin J. Anderson n'a pas froid aux yeux et qu'il n'hésite pas à entretenir les mythes. Ainsi, en plus de l'écriture de nombreux romans adaptés des univers de Star-Wars et des X-Files, voilà qu'il s'est associé avec Brian Herbert, le fils du créateur du classique Dune, pour relancer la série interrompue par la mort de son auteur. En attendant la conclusion prochaine du célèbre cycle, le duo a lancé une autre série, « Avant Dune », dont La maison des Atréides et La maison Harkonnen constituent les deux premiers tomes chez Robert Laffont. Rencontre avec celui qui n'a pas fini de rêver des univers de Dune.

De quelle façon travaillez-vous avec Brian Herbert, fils du créateur de Dune et coauteur de la nouvelle série ?

Nous nous sommes principalement associés parce que Frank Herbert n’a jamais entièrement terminé sa série sur l’univers de Dune. À la fin du sixième volume, Les hérétiques de Dune, il était clair qu’il avait encore beaucoup à raconter. Presque dix ans après sa mort, j’ai écrit à Brian Herbert pour lui dire que j’étais très intéressé de voir la série Dune terminée car j’étais un grand fan. Au début de notre association, nous avions déjà beaucoup de matériel et de documents mais ce n’étaient que des ingrédients, nous avions alors à développer une trame pour toutes ces idées. Donc, lorsque nous terminons de tout rassembler pour un tome, nous travaillons chacun de notre côté et un de nous deux s’occupe de l’assemblage final du scénario. Vient ensuite la division égale des chapitres et la révision de nos travaux respectifs. Tous les livres passent ainsi à travers douze réécritures avant d’atterrir chez l’éditeur. Bref, Brian ne fait pas que prêter son nom à la série, nous travaillons à part égale. Bien entendu, la pression est énorme, ne serait-ce que par la mention de Dune sur la couverture ; cette œuvre monumentale demeure la plus grande saga de science-fiction publiée à ce jour.

D’ailleurs, où situeriez-vous Dune dans le panorama de la science-fiction au XXe siècle ?

Le rôle le plus important de la série a été de prouver que la science-fiction pouvait être un genre mature. La plupart des œuvres antérieures à Dune étaient destinées à un public adolescent. L’œuvre d’Herbert, quant à elle, s’adresse à un public adulte ; elle est truffée d’allusions à la philosophie, à la politique, à la religion et à l’écologie. De plus, elle a démontré toutes les possibilités du genre. Toutefois, Dune a été refusé une vingtaine de fois par les éditeurs, qui ne croyaient pas en l’avenir d’un roman aussi compliqué. En définitive, Dune a démontré que la SF pouvait être autre chose que des histoires de monstres et d’extraterrestres capturant des femmes terriennes !

Le style de vos ouvrages s’apparente tellement à celui de Frank Herbert que certains critiques sont même allés jusqu’à dire que ce dernier vous aurait influencé de l’au-delà.

Frank Herbert est pour moi un véritable mentor littéraire. À l’âge de onze ans, il était mon auteur préféré. J’ai alors lu et étudié tous ses livres pour saisir le mécanisme de son extraordinaire sens de la narration. Bien entendu, Brian a entretenu une relation beaucoup plus privilégiée ; son père lui a appris à écrire. Nous avons suivi les leçons du même maître mais nous ne tentons cependant pas de le plagier, car nous ne réussirions probablement pas. Nous nous moquons bien des gens qui évoquent l’inspiration de l’au-delà mais je dois avouer qu’une étrange série de coïncidences ont marqué le début de ma collaboration avec Brian. Ainsi, une foule de notes et de papiers ont été découverts dans des endroits souvent incongrus et à des moments inatendus.

Qu’en est-il des prochains ouvrages consacrés à l’univers de Dune ?

En octobre 2001, nous publierons un autre récit qui tourne autour du personnage du Duc Leto, cette fois intitulé La maison Corrino. Ce roman, qui clora la première trilogie, se termine avec la naissance de Paul Atréides. Plusieurs fans de la série désirent depuis longtemps en savoir plus sur la Guilde blutérienne, sur la guerre contre les machines pensantes et sur l’origine du conflit qui oppose les maisons Atréides et Harkonnen. Nous travaillons actuellement sur le premier livre de cette série située dix mille ans avant La maison Harkonnen. Je dois mentionner que lorsque j’ai contacté Brian, je désirais connaître la conclusion de la saga de Dune. Nous avons retrouvé le synopsis d’un roman provisoirement intitulé Dune 7 et nous savons comment tout se termine. Cette œuvre devrait être l’ultime projet autour de l’univers de Frank Herbert, mais il faudra attendre encore quelques années. D’ici là, il reste encore une foule d’histoires à raconter.

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La maison des Atréides, Brian Herbert & Kevin J. Anderson, Robert Laffont
La maison Harkonnen, Brian Herbert & Kevin J. Anderson, Robert Laffont
La maison Corrino, Brian Herbert & Kevin J. Anderson, Robert Laffont

Le cycle de Dune est disponible en 7 tomes chez Pocket SF (Dune 1 et 2, La maison des mères, Les enfants de Dune, L’empereur-dieu de Dune, La maison des mères et Les hérétiques de Dune)

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