Nous connaissons tous le dicton disant que l’herbe est plus verte ailleurs. Cette croyance nous a peut-être fait oublier que des auteurs canadiens brillent dans le monde. C’est le cas notamment de Guy Gavriel Kay, qui a vendu des millions d’exemplaires de ses romans de fantasy historique à l’étranger. Avec Un éclat d’antan, il signe son quatorzième ouvrage en traduction chez Alire.

Lorsque les éditions Alire ont publié en 1998 Tigane, la traduction en français de Tigana, paru huit ans plus tôt, Guy Gavriel Kay était considéré comme l’auteur canadien le plus lu dans le monde grâce à ses romans traduits en quatorze langues. Dès la publication en 1984 de L’arbre de l’été (The Summer Tree), le premier tome de la trilogie La tapisserie de Fionavar, l’écrivain a connu un succès international. Depuis, il a reçu de nombreux prix et nominations, ses ouvrages sont traduits en trente langues et en 2014, il est devenu membre de l’Ordre du Canada. La prestigieuse distinction lui a été décernée pour saluer sa contribution dans le domaine de la fiction de fantasy et son rayonnement à l’international.

L’écrivain né en Saskatchewan, en 1954, et installé à Toronto depuis plus de quarante ans confirme que pour les auteurs canadiens, il a déjà été plus difficile de connaître un succès international : « Un ami plus âgé m’a dit, il y a longtemps, que “le Canada était autrefois une mauvaise adresse littéraire, mais que récemment, elle est devenue une bonne adresse” ». Preuve que les choses ont changé : Alice Munro a remporté le Nobel en 2013, Margaret Atwood a rejoint une toute nouvelle génération de lecteurs grâce à la série télévisée La servante écarlate et le plus récent roman de Louise Penny, All the Devils Are Here, était en quatrième place du palmarès du New York Times deux semaines après sa publication en septembre 2020.

Une passion partagée
Selon Guy Gavriel Kay, il n’y a pas de recette pour attirer l’attention des lecteurs et des lectrices : « Je cherche une histoire que j’ai envie de raconter. Un sujet qui m’intéresse suffisamment pour que je lui consacre plusieurs années de recherches et d’écriture. Je passe beaucoup de temps avec un livre, ses thèmes et ses personnages. Ensuite, j’espère que les lecteurs partageront ma passion si je l’écris [le roman] assez bien. Jusqu’à présent, j’ai été très chanceux, car j’ai pas mal évolué en ce qui concerne les motifs, les périodes, le genre d’arc d’histoire qui m’intéresse — rappelez-vous que ces choses changent à mesure qu’un artiste change, vieillit, vit différentes expériences. J’ai, semble-t-il, un lectorat fidèle. C’est un cadeau », déclare celui qui a aidé Christopher Tolkien à éditer Le Silmarillion, l’ouvrage posthume de son père J. R. R. Tolkien (The Lord of the Rings).

Pour les non-initiés, Guy Gavriel Kay écrit de la fantasy historique, c’est-à-dire qu’il campe ses personnages dans un univers imaginaire inspiré de l’histoire ancienne. Ainsi, la trame d’Un éclat d’antan a pour source la Renaissance italienne et on y suit Guidano Cerra, le fils d’un tailleur de Séressa qui rêvait de devenir libraire, mais qui se retrouve à la cour du palais de Mylasia. Son destin est transformé à la suite de sa rencontre avec une jeune femme venue assassiner le comte de Mylasia, aussi surnommé « la Bête » à cause de sa cruauté et de sa violence envers les jeunes filles qu’on lui envoie la nuit pour le divertir.

Les histoires racontées par Guy Gavriel Kay sont tellement tangibles qu’il est impossible de ne pas faire de liens entre la réalité et la fiction : « Je suppose que comme moi, les lecteurs s’intéressent à l’interaction du passé et du présent, à la façon dont les événements anciens se déroulent. Je suis toujours fasciné par deux choses que je vois en parallèle concernant l’histoire : comment les gens du passé nous ressemblent à bien des égards (désir, amour, amitié, famille, abri, sécurité, rire) tout en ayant une compréhension du monde complètement différente! Les gens du XVe siècle ou du VIe ne sont pas notre équivalent en vêtements d’époque! Le monde était différent pour eux de manière importante, ils le voyaient différemment. J’aime que mes livres dansent entre ces deux vérités », explique l’écrivain qui annonçait récemment sur Twitter que les versions roumaines de Tigane, Sous le ciel et Le fleuve des étoiles seraient bientôt disponibles.

Il assure qu’il n’est pas plus fier de l’une ou l’autre des éditions étrangères de ses livres : « Honnêtement, je les aime toutes, si elles sont bien traduites — j’entends ce que les gens de ces pays disent — et s’ils ont une couverture intelligente. Parfois, il y a des éditions “inattendues” dans des petits marchés. Par exemple, je n’aurais pas prévu d’édition macédonienne ou estonienne », signale Guy Gavriel Kay. Il tient aussi à mentionner qu’au fils des ans, il a développé des relations très chaleureuses avec certains de ses éditeurs, dont Alire au Québec : « Cela signifie beaucoup pour moi », dit celui qui a entrepris l’écriture d’un nouveau roman. « Je travaille toujours sur un livre! Même dans une période stressante, inquiétante et exaspérante comme celle-ci. Avec les années, j’ai compris que l’écriture est ce qui me permet de composer avec les événements du monde. »


Illustration : © Emilie Morneau

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