Réjane Bougé, présidente de l’UNEQ : À la défense des écrivains

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Certains la connaissent pour son implication dans le milieu culturel montréalais, d’autres par ses écrits. Nombreux sont les chapeaux qu’a revêtus Réjane Bougé au cours de sa carrière, et elle en a ajouté un nouveau lorsque ses pairs l’ont élue présidente de l’Union des écrivaines et des écrivains du Québec (UNEQ) en décembre dernier.

Comment devient-on présidente de l’UNEQ? Il faut d’abord écrire, oui. Dans le cas de Réjane Bougé, ce sont six ouvrages qui portent sa signature. Ses parutions sont sorties en trois vagues distinctes : une première au début des années 90 avec deux titres aux Éditions du Boréal (L’amour cannibale et La voix de la sirène); une deuxième au début des années 2000 avec un livre jeunesse aux Heures bleues (L’abécédaire des pays imaginaires), puis un récit et un roman aux éditions Québec Amérique; une troisième une dizaine d’années plus tard avec Sur les murs d’un Montréal qui s’efface (Fides, 2012) et Bruits et gestes perdus (L’instant même, 2013).

Membre depuis plus de deux décennies de l’UNEQ – où elle a d’ailleurs siégé comme secrétaire, et a été trésorière entre 2003 et 2006 –, il était tout naturel qu’elle revienne partager son expérience obtenue dans le domaine culturel. Conseillère culturelle au Conseil des arts de Montréal pendant une dizaine d’années, elle est notamment derrière le projet de résidences d’écrivains dans les librairies. Avant cela, elle avait animé des émissions culturelles à la radio de Radio-Canada. Une vie bien active, quoi.

Aujourd’hui, il est temps de redonner. Réjane Bougé sent qu’elle peut être utile aux écrivains québécois : « J’aime relever des défis, et je me sentais bien outillée pour celui-ci. J’ai passé toute ma vie professionnelle au cœur du milieu de la culture et de la littérature. Je crois aussi en la force des associations. » Elle sera donc la voix des 1650 membres de l’UNEQ, qui, depuis quarante ans, défend les droits des écrivains. 

Défis droit devant
La nouvelle présidente se félicite que la perception des écrivains soit très positive chez les Québécois : « Une étude récente de l’Union des artistes souligne que les écrivains sont perçus comme les artistes les plus utiles à la société. Cette reconnaissance symbolique est appréciée. » Elle souligne également la place de plus en plus grande du livre dans le cinéma québécois, et la vitalité et la diversité du milieu éditorial québécois, où les écrivains ont investi tous les créneaux d’activité. « Avec une qualité irréprochable », insiste madame Bougé.

Malgré cet appui incontestable, de nombreux défis pointent à l’horizon. Comment faire autrement, quand on sait que les écrivains vivent avec un revenu annuel moyen de 2500 $ et que des irritants notables sont signalés autour de la Loi sur le droit d’auteur : « L’exception pédagogique crée beaucoup d’irritants et aura un impact significatif sur les conditions socioéconomiques des écrivains », affirme la nouvelle présidente, en citant au passage la lutte que mène Copibec contre l’Université Laval.

Questionnée sur les enjeux prioritaires pour les prochaines années, Réjane Bougé n’hésite pas une seconde : « Nous avons une volonté de mieux soutenir les auteurs en région – ce sont eux qui composent la plus grande partie de notre membership –, nous souhaitons mieux sensibiliser les élus au dossier de la culture et être davantage présents autour des enjeux régionaux, nous désirons créer un meilleur maillage entre le milieu de l’éducation et la culture; nous continuerons de suivre le dossier numérique, qui au-delà des enjeux purement techniques, amène de nouvelles façons de créer; et nous chercherons à accroître le travail de diffusion, notamment à l’international. »

La table à dessin est donc bien garnie et occupera le quotidien de la présidente. Fière de représenter le premier maillon de ce « solide mais fragile » écosystème, Réjane Bougé insiste sur l’importance des libraires, « des passeurs culturels de choix, des alliés de grande importance ». Elle connaît d’ailleurs intimement le métier, l’ayant elle-même pratiqué pendant sept ans, à l’époque de Champigny.

Et la lectrice dans tout cela? Elle n’ose pas trop s’aventurer sur ce terrain, peut-être par peur de montrer ses préférences ou de privilégier un écrivain au détriment d’un autre. Chose certaine, elle lit beaucoup, et pas que du québécois : « J’aime beaucoup alterner entre la littérature québécoise et la littérature étrangère. Je trouve important de frotter notre littérature à d’autres. » Parce que même « frottée » à d’autres, notre littérature n’a rien, mais vraiment rien, à leur envier…  

Photo : © Christiane Desjardins

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