Vous cherchez avec quel livre audio découvrir cette nouvelle approche de la littérature? L’adéquation symbiotique entre le texte de Catherine Perrin et la voix du comédien Martin Laroche nous pousse à vous conseiller Trois réveils (XYZ). Ce roman, qui raconte l’histoire d’Antoine – un jeune homme bipolaire dont le son du hautbois enveloppe à la fois les corridors du métro de Montréal et le dernier souffle de son père –, explore les liens qui unissent passion, santé mentale et humanité. Pourquoi donc choisir ce livre en format audio plutôt que dans sa version papier? Notamment en raison de l’intégration de musique classique à la narration (des enregistrements existants, sans oublier des pièces originales de la hautboïste Marjorie Tremblay), mais aussi parce que votre cortex auditif sera assurément ravi par la voix de Martin Laroche. Celui-ci nous parle de son expérience.

Est-ce que l’approche que vous utilisez lorsque vous êtes acteur de la voix est la même que lorsque vous êtes comédien? En quoi cette facette du métier est-elle enrichissante pour un comédien? 
La lecture d’un roman en vue d’en faire un livre audio demande une approche bien différente de celle du jeu sur scène ou du jeu devant la caméra. Le contact avec le spectateur – ici l’auditeur – est beaucoup plus privé, intime, voire presque sensuel. Comme l’auditeur n’a que l’oreille pour entrer dans l’univers du livre, le rapport est très différent. On se doit d’avoir une approche beaucoup plus globale, une perspective qui prend en compte toute la ligne tracée par le roman depuis le début jusqu’à la fin. Il y a aussi moins d’interprétation, à proprement parler, que pour le jeu conventionnel sur scène ou devant la caméra. On suggère davantage. On teinte le jeu. L’auditeur est plus sensible au ton global emprunté, qui l’emmènera par toutes les péripéties du roman. Notre travail est de rehausser, de colorer et de donner vie à la voix intérieure de la personne qui a choisi d’écouter plutôt que de lire.

D’autre part, la quantité de temps impartie pour le travail est nettement plus restreinte dans ce type d’exercice. On n’a pas huit semaines de répétition, comme au théâtre, ou des scènes courtes à interpréter, comme pour la télé, qui laissent plus de liberté dans la préparation. Il s’agit presque d’une première ou d’une seconde lecture à vue, dans le meilleur des cas. Le but est donc de saisir le ton pour le transmettre le mieux possible à l’auditeur. Un roman entier ne se lit pas en quelques minutes, mais plutôt en quelques heures, voire en quelques jours. On est plus dans l’impressionnisme que dans le pointillisme!

Quel effet cela vous fait-il de savoir que vous serez au creux des oreilles de plusieurs auditeurs, et ce, plusieurs heures durant?
C’est vraiment agréable. On sent qu’on a un rapport privilégié, particulier, intime et même sensuel, comme je le disais plus tôt. On sera peut-être même dans les écouteurs de l’auditeur, tout près de lui, donc au creux de l’oreille. Cela permet ainsi toute une modulation dans la délicatesse du timbre, des inflexions de voix. C’est rare qu’on ait ce rapport aussi étroit avec un type de public. Même si on n’a pas la réaction de l’auditeur devant soi pour jauger les effets, il n’en demeure pas moins que c’est un travail qui demande autant d’investissement, de chaleur et de générosité que le jeu sur scène ou devant la caméra, mais en circuit fermé, comme si c’était susurré à l’oreille. On espère aussi que notre voix saura charmer l’auditeur et l’amener jusqu’au bout du roman afin d’en saisir l’esprit ainsi que celui de l’auteur qui l’a écrit. C’est un magnifique défi!

On m’a dit que vous étiez un adepte de musique classique. À ce sujet, qu’avez-vous particulièrement apprécié dans Trois réveils, autant dans l’histoire que dans sa mise en forme audio? 
Oui; j’ai travaillé chez Archambault, dans ma jeunesse, durant mes études en théâtre, entre autres comme disquaire en musique classique. J’avais déjà acquis très tôt dans ma vie, à travers mon frère qui a étudié en musique, le goût du classique. Ma collection de disques – eh oui, des disques; et j’en ai encore des milliers! – se compose à moitié, ou presque, de musique classique. J’ai adoré que l’œuvre de Catherine Perrin prenne vie dans cet univers riche et passionnant. J’ai particulièrement aimé qu’elle soit aussi ponctuée d’œuvres musicales qui viennent en teinter, voire en dicter le rythme. J’y ai d’ailleurs fait quelques magnifiques découvertes, comme les sonates pour violon de Brahms jouées par Anne-Sophie Mutter. Ces pièces deviennent à l’écoute autant d’intermèdes musicaux laissant à l’auditeur le temps de digérer la lecture, d’imaginer et d’illustrer certains passages et d’entendre, même, les extraits musicaux qui sont émis dans le roman. C’est réellement une ravissante formule!

Photo : © Andréanne Gauthier

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