Louise Lacasse : L’impact d’un prix

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Ne vous surprenez pas d'apercevoir Louise Lacasse, lauréate 2010 du prix Robert-Cliche du premier roman avec Éteignez, il n'y a plus personne, entre deux étals de livres ces jours-ci. « C'est sûr que je vais faire le tour des librairies! », rigole celle qui publie, à 54 ans, son premier roman.

Après avoir essuyé maints refus de la part d’éditeurs, Louise Lacasse voit enfin son talent confirmé. «Envoyer un texte dans une maison d’édition, c’est un cauchemar. Je ne savais pas comment les accrocher, mais, en même temps, je croyais beaucoup en ce roman. Je savais que s’il y avait un jury qui devait le lire, il s’y attacherait.» Elle avait bien raison. Le jury du prix Robert-Cliche, présidé par Micheline Lachance et complété par Antonio D’Alfonso et Jacques Lazure, a salué l’originalité du sujet, l’humour et la qualité de l’écriture. Une reconnaissance qui lui permet de mettre la main sur une bourse de 10 000$ et, surtout, de retrouver son livre en librairie, sous l’enseigne de VLB éditeur. Elle rejoint notamment Chrystine Brouillet, Robert Lalonde et Mylène Gilbert-Dumas, qui ont tous entamé leur parcours avec ce prix.

Originaire d’Alma, Louise Lacasse partage son temps entre la lecture, l’écriture et l’enseignement du français à des jeunes en difficulté de Montréal-Nord. Elle le clame haut et fort: «Mon monde, c’est la littérature.» Malgré tout, entre famille et boulot à temps plein, difficile de trouver le moment et l’énergie pour mener un roman à terme. «Je ne suis pas capable de mettre huit heures sur mon écriture. J’ai une heure, parfois. Le manque de temps m’a permis de développer une manière d’écrire. Des petits quinze minutes, de petits chapitres bien finis, comme des petites histoires.»

Son roman s’attarde au retour de Marie Cogère, professeure installée à New York, dans un petit village en bordure du Fleuve le temps d’un été, un retour qui bouleverse les gens de la place. Chaque chapitre laisse entendre la voix de personnages liés à Marie Cogère, du facteur blasé à la voisine d’en face. Et toujours, ce regard rieur et amusant d’un narrateur omniscient, véritable commentateur des événements. Un narrateur semblable à celui de La caverne de Jose Saramago, un écrivain qu’elle vénère presque autant que Victor-Lévy Beaulieu. «Au Québec, comme écriture, il n’y en a pas beaucoup de plus forte que VLB. Son humour, sa manière de transformer le langage, tout cela me touche réellement.»

Sarcasme et humour cachent un regard aiguisé sur nos sociétés, sur le sort des régions, le dépeuplement des villages, l’exploitation des ressources. «Je crois que l’écriture doit être engagée.», confie Mme Lacasse au libraire. Son prochain roman, qui s’invitera dans le milieu de l’éducation, le sera assurément. «Ce sera drôle, mais ça parlera de Montréal-Nord, de l’affaire Villanueva.»

C’est sans parler de tous ces manuscrits enterrés au fond de ses tiroirs «Je vais peut-être jeter un coup d’œil là-dedans…», conclut Louise Lacasse, un sourire dans les yeux.

Bibliographie :
Éteignez, il n’y a plus personne, VLB éditeur, 19,95$

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