Kamal Benkirane : Tisser des ponts

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Tisser des ponts entre les communautés culturelles : voilà le noble objectif que s’est donné l’Association culturelle Passerelle, mise sur pied en 2007 à Montréal. Le groupe cherche ainsi à promouvoir la littérature issue de la migrance et à créer des ponts entre les divers intervenants du milieu culturel, notamment grâce à leur projet des « Mille et une soirées littéraires », des moments d’échange, de lecture ou de débats qui donnent la parole aux gens de toutes origines. Pour son fondateur et directeur général, Kamal Benkirane, ce projet permet de donner une visibilité aux auteurs « qui ne se sentent pas nécessairement représentés dans le milieu littéraire actuel ». 

Né à Casablanca et bien impliqué dans le milieu littéraire marocain, Kamal Benkirane a poursuivi son engagement une fois installé au Québec en 2001. Il admet cependant avoir été confronté à quelques portes fermées. En effet, pour Kamal Benkirane, lui-même écrivain, l’absence de visibilité des auteurs issus de l’immigration est réelle : « Plusieurs raisons expliquent leur manque de représentation, dont le manque d’intérêt des maisons d’édition envers les auteurs issus de la migrance et les modes de subvention parfois inappropriés. Il faut défoncer les portes et déconstruire les préjugés. Les choses se passent lentement au Québec, ça peut être long, mais on va y arriver. »

Au sujet des modèles de subventions, Kamal Benkirane élabore en mentionnant que certains critères mériteraient d’être allégés. Il trouve dommage qu’on ne facilite pas la création de nouvelles maisons d’édition qui seraient susceptibles de mieux dépeindre la diversité du Québec d’aujourd’hui.

Parmi les bonnes pratiques, l’écrivain donne en exemple le travail des éditions Actes Sud qui se veut la voix d’une francophonie métissée. Il souhaiterait qu’une telle initiative inspire les éditeurs d’ici : « Il faut accepter qu’il y ait une diversité culturelle et cette dernière devrait avoir une présence au sein de l’ensemble des maisons d’édition québécoises. »

D’ici là, Kamal Benkirane continuera son engagement au sein de Passerelle qui souhaite jouer un rôle accru dans le domaine interculturel. Pour lui, il est essentiel de créer des ponts entre les cultures, car cela permet de combattre les préjugés, mais de développer un meilleur sentiment d’appartenance : « L’identité des gens issus de l’immigration est toujours en mouvance. Elle n’est pas statique. Notre identité évolue, elle s’adapte aux codes du Québec. Au fil des années, et grâce aux liens créés, un sentiment d’appartenance peut naître. » 

Photo : © Akim Kermiche

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