Deux questions à Jean Bernier : la diversité culturelle en édition québécoise

78
Publicité

Ying Chen, Dany Laferrière, Neil Bissoondath, Ook Chung, Edem Awumey, Ghayas Hachem… C’est grâce aux éditions du Boréal qu’on a découvert – ou continué d’apprécier – les voix de ces écrivains majeurs de la littérature québécoise et symboles forts de la diversité culturelle dans le milieu littéraire d’ici. Dans le cadre de notre dossier consacré à la place des auteurs, nous avons questionné Jean Bernier, directeur de l’édition chez Boréal, au sujet de cet enjeu.

D’où vient la sensibilité du Boréal pour la littérature écrite par des minorités culturelles ou de gens issus de la migrance? Quel rôle – s’il en est un – le Boréal se donne-t-il par rapport à cette représentation?

Le rôle de l’éditeur consiste à accompagner la création, et non à la susciter ou à l’infléchir. J’imagine qu’il est normal que la littérature reflète l’évolution d’une société. Le phénomène de la « littérature migrante » témoigne de la place que les nouveaux arrivants occupent dans le Québec d’aujourd’hui. Cela nous réjouit, au Boréal, de voir que notre catalogue fait écho à ce phénomène démographique, culturel, social, mais nous avons publié les textes de ces écrivains d’abord et avant tout pour des raisons littéraires. Nous les avons publiés parce qu’ils nous plaisaient, parce que nous y avons vu une qualité littéraire remarquable.

 

Quand on analyse les parutions publiées au Québec, on remarque qu’il y a un faible pourcentage de voix venues d’ailleurs. Comment expliquez-vous cela?

Il est extrêmement périlleux de tirer des conclusions au sujet de phénomènes aussi complexes que la création littéraire et la circulation des livres en ne se basant que sur une ou deux saisons, surtout quand nous n’avons pas le recul du temps. En outre, je ne peux me prononcer qu’au sujet du Boréal, qui vient de faire paraître un superbe roman de Ying Chen qui fait dialoguer Orient et Occident. Chose certaine, il n’y a là aucune décision concertée quant à notre politique éditoriale. Nous continuerons à publier les manuscrits d’auteurs migrants dans la mesure où ceux-ci nous les soumettront et que nous y trouverons la « voix d’écrivain » que nous cherchons.

Publicité