Valérie Fontaine vit sa passion jour après jour en faisant de la littérature jeunesse son pain quotidien. Elle est loin d’être une inconnue dans le paysage littéraire au Québec. Auteure prolifique, elle prend aussi à cœur tout ce qui concerne la médiation en matière de lecture et met au défi toute personne affirmant ne pas aimer lire de prendre rendez-vous avec elle.

Elle est mère de trois enfants et a enseigné pendant plusieurs années à l’école primaire. Déjà, on observe quelques éléments qui ne laissent pas l’auteure sans ressources pour l’écriture de livres destinés à la jeunesse. Mais il faut plus que cela pour réussir à inventer des histoires qui, comme celles de Valérie Fontaine, savent happer son lecteur et l’amener à rire, à réfléchir, à s’émouvoir et à rêver au-delà des pages. Cet ingrédient supplémentaire est probablement ce qu’on appelle le talent, mais aussi ce qu’on nomme une vocation. « Je rêve d’être une auteure depuis que je sais écrire, exprime-t-elle d’emblée. C’est un peu cliché, mais c’est la réalité. Pendant mes études pour devenir enseignante, c’est devenu une passion. Lorsque j’ai vécu le deuil de mon père, le lendemain de la naissance de mon fils, j’ai tout de suite senti que c’est par cette voie que j’allais m’exprimer. Être auteure jeunesse me donne l’impression d’occuper la petite place parfaite pour moi dans la vie. » De l’album Toujours près de toi (2010) qui traite du deuil au Grand méchant loup dans ma maison (2020) qui aborde la violence familiale, elle n’hésite pas à investir des sujets délicats. D’autres, plus ludiques, ont aussi fait un effet charme comme Les 1000 enfants de monsieur et madame Chose ou encore la série des « Antoine ». L’an passé, elle passait du côté des adolescents avec la série « Ta vie de youtubeuse », qui a également gagné son pari auprès de son public. Entre les deux, il y a les livres pour premiers lecteurs et un peu plus, comme sa nouvelle série « Les surdoués ». « J’observe ce qui intéresse les jeunes, comment ils s’expriment, raconte-t-elle pour expliquer sa grande polyvalence. Mes souvenirs d’enfance et d’adolescence sont encore très présents à ma mémoire. Je mélange tout ça et j’arrive habituellement à un résultat intéressant. Je lis aussi très souvent mes textes à voix haute. Ainsi, je sens assez rapidement si le ton est trop jeune ou trop vieux. » La lecture à voix haute fait d’ailleurs partie de ses marottes les plus chères. Depuis quatre ans, tous les mardis, elle fait la lecture en direct sur Facebook, ce qui lui permet de transformer les livres en occasions de partage, en organes vivants qui créent des liens humains à travers la communauté. Sur le sujet, elle a aussi rédigé un essai dans le cadre de son diplôme d’études supérieures spécialisées qui porte le titre Rassembler les gens grâce à la littérature jeunesse.

Jeunesse d’aujourd’hui
Tous ses efforts déployés autour de la littérature jeunesse, Valérie Fontaine les fait avant tout pour transmettre le plaisir de la lecture, mais de ce plaisir découlent de nombreux avantages loin d’être négligeables. « L’accès à une littérature de qualité fait une énorme différence dans le parcours scolaire des enfants qui ont besoin de tous ces aspects pour avoir de bonnes notes, d’un côté, mais surtout devenir des êtres curieux et réfléchis, ajoute-t-elle. Cet objectif guide presque toutes mes actions, en tant que maman et en tant qu’auteure et animatrice. Idéalement, ces jeunes sortiront de l’école avec l’envie de continuer à lire par eux-mêmes et de développer leur personnalité à travers leurs lectures. »

Car aimer lire va au-delà du simple passe-temps; cela stimule la découverte et aiguise le jugement, ce qui est d’autant plus primordial pendant les périodes de l’enfance et de l’adolescence où l’on apprend à se connaître et à trouver sa place dans le monde.

Le jeune qui affirmerait devant Valérie Fontaine ne pas aimer lire trouverait comme réponse : « Viens, on va jaser! » Loin de la décontenancer, ce genre de propos la rend plutôt enthousiaste, selon ses propres dires. « Tu me dis que tu n’aimes pas lire? Tu viens de me donner une mission que je prendrai à cœur très intensément, assure-t-elle. Désolée, tu ne sais pas où tu viens de mettre les pieds! Ha! ha! ha! » Au-delà du joyeux défi que cela représente pour l’auteure qui en connaît un rayon sur le sujet, elle est persuadée qu’il existe un livre pour chaque personne. « Je crois que chaque lecteur a un livre coup de cœur qui l’attend dans le détour, il suffit de permettre la rencontre. » Parmi les coups de cœur personnels que Valérie Fontaine conserve encore précieusement de son enfance se trouvent Le don d’Yves Beauchesne, Ciel d’Afrique et pattes de gazelle de Robert Soulières, la trilogie des « Marie-Lune » de Dominique Demers et La lumière blanche d’Anique Poitras. « Je pourrais dresser une longue liste, ces lectures sont aussi précieuses que mes amis d’enfance », confie l’auteure. Travaillant comme bibliotechnicienne à la bibliothèque municipale, la mère de Valérie amenait les nouveautés à la maison pour la fin de semaine et pour le plus grand bonheur de sa fille qui s’en emparait frénétiquement. Encore aujourd’hui, cette même lumière survient lorsque vient le temps d’ouvrir un livre ou d’en écrire et elle s’accentue lorsqu’un jeune lui dit qu’il a vraiment aimé son livre. « Ce qui me comble de bonheur, c’est de voir un enfant ou un adolescent tenir mon livre contre son cœur. En tant que lectrice, je comprends ce besoin de prendre un livre dans ses bras. Quand je m’aperçois que j’ai réussi à créer cette émotion, cette relation, ça m’émeut chaque fois », avoue Valérie Fontaine.

Elle qui est en contact régulier avec la jeunesse d’aujourd’hui n’est pas du tout de celle qui en dresse un portrait décourageant, bien au contraire. Ce qu’elle voit et entend a de quoi nous réjouir. « Qu’ils soient tout-petits ou adolescents, les jeunes sont curieux, intéressés, gentils, engagés, ouverts, renchérit-elle. Je dis toujours que le public jeunesse est le meilleur et je suis convaincue que j’ai raison. » Si certains en doutaient, la flamme qui animait Valérie Fontaine quand elle a commencé à écrire il y a dix ans n’a pas du tout vacillé. Elle en prend conscience chaque fois qu’une histoire pointe dans sa tête. « C’est le petit pétillement d’euphorie qui part de mon cœur et monte dans mes yeux qui est habituellement l’indicateur que je suis sur la bonne voie, quand j’ai une idée. Ça ne ment pas. Et ça devient une obsession de toujours le retrouver. » Si vous rencontrez Valérie Fontaine et qu’elle a un regard particulièrement clair cette journée-là, dites-vous qu’une idée vient de surgir et qu’un prochain livre de l’auteure fera bientôt son apparition dans votre librairie de quartier.

Photo : © Isabelle L’Italien

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