Né en 1959 dans les Laurentides, Jean-Luc Trudel dessine depuis toujours, dit-on, mais publie des albums jeunesse depuis 2010. Chacun des livres illustrés par cet artiste se démarque par une douceur enveloppante et une chaleur qui semble englober les teintes principales utilisées, bien qu’elles soient pourtant souvent froides ou pastel. L’effet, à tout coup, est réussi. Entre ses talents de graphiste, de dessinateur de story-board pour des séries animées et d’illustrateur, oui, Trudel est fort occupé! Mais heureusement, il a eu le temps de nous en dévoiler un peu plus sur lui…

Avez-vous une routine de travail, des manies particulières lorsque vous illustrez un livre?
Je n’ai pas de routine. Sinon qu’à chaque nouveau projet, j’aime bien remettre mon atelier en ordre, regarder plusieurs images inspirantes relatives au projet à entreprendre.

Vous travaillez également dans un studio d’animation. En quoi consiste ce travail exactement?
Je travaille en animation au niveau du story-board. C’est un travail qui concerne la mise en scène de l’histoire à raconter. Je ne touche donc pas à l’animation comme telle. Mais j’aimerais y venir un jour. J’en ai fait un peu pour moi et j’ai beaucoup aimé. J’ai travaillé sur quelques séries comme « Martha blabla », « Gofrette », « Lilly the Witch », etc.

En 2016, vous illustriez l’album jeunesse Bach et Bottine, inspiré du film du même nom. Pour un illustrateur, est-ce un grand défi que de mettre en images une histoire, devenue un tel classique pour le public québécois? Qu’avez-vous le plus apprécié de ce projet?
C’était un projet un peu intimidant. Je n’ai pas regardé le film pour ne pas l’imiter, mais c’était difficile de s’en éloigner. Il faisait partie de mes souvenirs. Le défi était d’avoir mon propre point de vue.

Le sujet de Pow Pow, t’es mort!, album signé par Marie-Francine Hébert aux 400 coups, en est un costaud : il présente la dichotomie entre un jeune qui « joue » à la guerre et un autre qui la vit au quotidien. Lorsqu’on sait que des images fortes créent des émotions fortes, de quelle façon un illustrateur doit-il s’y prendre pour doser la gravité du sujet exposé? 
J’ai dès le départ dit que je ne voulais pas illustrer des scènes de guerre. J’ai donc essayé de montrer les émotions que m’inspirait la guerre. Le sujet était trop grave pour que j’en remette une autre couche. D’autant plus que nous sommes inondés d’images nous montrant la guerre, je voulais aller ailleurs pour comprendre la guerre.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans la collaboration avec Pierrette Dubé sur la série « Flic et Agatha » (Québec Amérique)?
Ses textes sont rafraîchissants, drôles, et ses intrigues sont bien tournées. J’aime bien cette collaboration. J’aimerais aller plus souvent dans ce registre plus léger.

Vous illustrez des livres pour enfants. En lisez-vous beaucoup? Lesquels sont vos favoris?
J’en ai lu beaucoup avec mes enfants. Les auteurs que je préfère sont Maurice Sendak, Michelle Lemieux, Philippe Béha, Isabelle Arsenault, Marianne Dubuc, bien sûr Stéphane Poulin, et beaucoup d’autres.

Avez-vous une autre grande passion que celle d’illustrer des livres?
Je suis un peu casanier, mais disons que j’ai fait l’expérience de la coopération internationale et cela m’a un peu sorti de mon confort. J’aimerais beaucoup retourner travailler en Afrique.

Avec quel illustrateur, mort ou vivant, aimeriez-vous prendre un verre?
J’aurais aimé rencontrer N. C. Wyeth. Ses œuvres sont magnifiques.

Parlez-nous des illustrations que vous avez réalisées pour Rideau rouge et pignons verts (Bouton d’or Acadie).
Ce livre raconte l’histoire d’une amitié. Celle des deux comédiennes qui ont personnifié les deux personnages principaux de la comédie musicale d’Anne, la maison aux pignons verts à Charlottetown dans les années 60-70. Je n’ai rencontré l’auteur Michel Bourque qu’une fois que fut achevé le livre. Et je regrette un peu de ne pas l’avoir fait avant. L’amitié qu’il relate est aussi son amitié pour ces deux femmes qu’il connaît personnellement. C’est un homme passionné qu’il est bon de côtoyer, son dynamisme est contagieux.

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