Véronique Ovaldé : Le réveil de la carpe

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Il était une fois une écrivaine qui, au moment d'écrire son premier roman, récitait tout haut les mots qu'elle endormait sur le papier. Il était une fois un roman inqualifiable, magique, au lyrisme sensuel et cruel à la fois. Il était une fois un univers sombre où une femme fait d'un homme un gueuleton alors que menace la maladie grise comme un voile de soupir qui étouffe lentement sa victime. Il était une fois une révélation qui avait un nom : Véronique Ovaldé, auteur du Sommeil des poissons.

La principale caractéristique de votre roman ne se caractérise pas. Votre univers était-il flou ou, au contraire, très précis ?

J’avais envie d’écrire l’histoire d’une femme qui mangeait les hommes. Je savais très bien dans quel univers je m’engageais mais je ne savais pas du tout comment m’y prendre. J’avais envie d’un personnage mythologique et du coup, le ton oral est venu. C’était une évidence. J’ai écrit mon roman tout haut, en les parlant ; ce qui explique tous ces mots inventés, ces phrases à rallonge. Toutefois, l’écriture même du livre, au ton si particulier, et le monde fantastique que je dépeint ne sont venus qu’après l’idée première qui était d’écrire sur ces femmes mangeuses d’hommes.

Votre livre a un côté enfantin et très dur à la fois…

Mon roman est un peu un conte féroce. Certains passages sont assez difficiles mais je conserve l’aspect naïf. Je ne suis pas intéressée par l’écriture jeunesse car j’aime les phrases à la syntaxe complexe, à double sens.

Y-a-t-il une mythologie qui vous inspiré pour Le sommeil des poissons ?

Non, pas du tout. Cet univers est venu tout naturellement. Il est inspiré de certains de mes écrits précédents. En fait, ce sont mes propres textes qui se nourrissent de mes lectures.

On présente votre œuvre comme un roman féminin. Si on omettait votre nom en couverture, croyez-vous qu’il serait possible de reconnaître qu’il y a une femme derrière cette histoire ?

Certaines lectrices s’y retrouvent totalement, parce qu’elles perçoivent l’amitié entre femmes. Bizarrement, les hommes ne comprennent pas qu’on puisse considérer mon roman comme féminin. Ceci dit, je crois qu’il y a une écriture féminine en raison des images et des sensations qu’on retrouve dans mon livre. Mais je pense que ça relève plus des caractéristiques de la nature féminine que de l’univers proposé.

Votre écriture est très originale : on peut presque déjà parler de la touche Ovaldé. Vos prochains romans auront-ils encore ce ton si particulier ?

Le roman auquel je travaille présentement ne se pose pas du tout dans le même univers. Il est toutefois très imaginaire, très onirique. La littérature du quotidien ne m’intéresse pas. Raconter ma vie, mes aventures sexuelles ou mes péripéties au travail ne me réussit pas. Si j’essaie, mon histoire finit toujours pas déjanter et tombe dans le fantastique. Le texte que je suis en train d’écrire se déroule dans un monde très froid où la glace et la neige sont prédominants et n’a donc pas grand chose à voir avec Le sommeil des poissons, sauf pour ma phraséologie qui reste semblable.

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Le sommeil des poissons, Seuil

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