Gilles Pronovost : Remettre les pendules à l’heure

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Travaillons-nous plus que la génération précédente? Consacrons-nous moins de temps à nos enfants? Avons-nous atteint l’équité dans le partage des tâches domestiques? Quelle incidence ont les nouvelles technologies sur nos vies? Ce sont là des questions auxquelles répond avec efficacité Gilles Pronovost dans son essai Que faisons-nous de notre temps? Vingt-quatre heures dans les vies des Québécois. Comparaisons internationales. La vérité, c’est que nous évaluons bien mal le temps que nous passons réellement à pratiquer une activité. Le professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières remet les pendules à l’heure et nous démontre ce que font vraiment les Québécois en vingt-quatre heures.

Vous expliquez d’entrée de jeu que nous avons tendance à surévaluer ou sous-évaluer le temps que nous accordons à une activité, en fonction de sa valeur sociale. Quelle est l’activité que nous évaluons assurément le plus mal?

Je pense que les conjoints ont généralement tendance à surestimer le temps qu’ils consacrent aux tâches domestiques et aux soins aux enfants et à sous-estimer le temps de leur conjoint.

 

Vous constatez également « l’indéniable déclin du temps consacré à la culture » qui va de pair avec une baisse du temps accordé à la lecture. Puisque votre essai porte le sous-titre Comparaisons internationales, diriez-vous que cela est davantage marqué au Québec qu’ailleurs dans le monde?

Le déclin du temps culturel n’est pas propre au Québec. Il se manifeste par un pourcentage en déclin de la population pratiquant chaque jour au moins une activité culturelle (hors télévision) et par un temps quotidien ou hebdomadaire en décroissance; la chute du temps de lecture est inquiétante, que ne compense ement la lecture sur support numérique. Cependant, en comparant les données françaises et américaines, et indépendamment des questions techniques de mesure, on constate que le Québec se situe généralement un peu au-dessus de la moyenne des autres pays. C’est en France, championne du temps consacré à la culture dans les années 80, que le déclin est le plus prononcé.

 

Vous avez créé un site Web en parallèle du livre, contenant des données complémentaires, pour ne pas trop surcharger l’ouvrage, qui est d’ailleurs incroyablement bien vulgarisé. Était-ce important que votre étude dépasse le seul public universitaire?

Dans mes deux derniers livres (celui-ci, sur le temps, et le précédent sur les jeunes), j’ai pris soin d’en soigner la présentation et d’éviter les termes trop universitaires. J’ai rédigé ces livres sous forme d’ouvrage de synthèse, présentant les grandes conclusions générales que l’on peut tirer de mes travaux. Dans les deux cas, pour éviter une « émeute de chiffres », j’ai ajouté un petit site Web, sans prétention, pour le lecteur curieux.

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