Dr Vadeboncoeur : À la défense du bien commun

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Ils sont nombreux à prôner la supériorité du système privé, à dire que les urgences débordent, que la grippe A(H1N1) fut une épidémie affreuse et à affirmer que les soins de santé coûtent une fortune en constante croissance. Mais qu’en est-il réellement?

Dans Privé de soins, le Dr Alain Vadeboncoeur – chef du service de médecine d’urgence de l’Institut de cardiologie de Montréal, vice-président des Médecins québécois pour le régime public et animateur à l’émission Les Docteurs – met les pendules à l’heure et fait le point sur l’état actuel du milieu de la santé et ses dérives actuelles ou potentielles. Mieux encore : il propose, dans une argumentation impeccable, des solutions concrètes pour l’améliorer.  

Vulgarisateur hors pair, cet homme-orchestre du milieu hospitalier fait la synthèse des enjeux du système actuel, pour ceux et celles qui sont loin d’avoir huit ans d’études universitaires en santé derrière la cravate. « Je n’ai pas écrit ce livre pour des universitaires spécialisés, mais pour renseigner les gens de terrain et ceux qui ne sont pas issus du milieu de la santé », explique-t-il. « On tourne souvent autour des questions sans toutefois les affronter. Mon but est justement de susciter un débat, notamment grâce à la partie de l’ouvrage dédiée aux solutions ». Il décortique ainsi, chiffres et références toujours à l’appui, l’épineuse question des partenariats public-privé; dénonce la présence des compagnies pharmaceutiques dont les objectifs sont avant tout financiers; donne son avis sur les tickets modérateurs; discourt sur le rôle des infirmières et des spécialistes; suggère des façons pour réunir patients dans le besoin et médecins de famille; et, bien sûr, aborde la question du CHUM. Son objectif? Démontrer que l’accès aux soins de santé est un bien commun qui doit rester accessible à tous, en tout temps, quelle que soit l’épaisseur du portefeuille du patient.

Nécessaire engagement, essentielle réflexion

Fils de Pierre Vadeboncoeur, célèbre militant et essayiste, figure marquante de l’engagement au Québec, le Dr Vadeboncoeur possède la même lucidité et le même désir de combattre les idées reçues que son père. « S’il ne s’agit pas de s’engager, il faut seulement ne pas se désengager », écrit-il dans Privé de soins. « J’entends par là que plusieurs médecins sont assez peu engagés dans la vision de ce que doit être la médecine. Ils sont plutôt muets face à ces enjeux, en retrait des débats. Je veux que les gens réfléchissent au sens de ce qu’ils font. Je souhaite initier une réflexion sur la pratique elle-même, faire en sorte qu’on se pose des questions. On a longtemps laissé les choses aller », explique-t-il. Au sujet de l’avenir, Vadeboncoeur est loin d’être mécontent de la nomination du Dr Réjean Hébert au titre de ministre de la Santé, et mentionne que ce dernier est déjà bien conscientisé quant à l’état du milieu de la santé actuel. Il n’hésiterait cependant pas à offrir à ce collègue médecin un exemplaire de son essai, question de lui présenter moult pistes de réflexion.

Ainsi, en autant de petits textes, courts et concis, qui lèvent le voile sur différents pans du système médical, Privé de soins apparaît comme une courtepointe essentielle pour réchauffer la société québécoise, mais avec laquelle plusieurs refusent encore de s’abrier. Bien que Vadeboncoeur propose des solutions pour l’améliorer, il reconnaît que notre système est loin d’être en phase terminale, bien au contraire : il souffre peut-être seulement d’une sinusite qui n’a pas reçu le suivi nécessaire…

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