Jacques Goldstyn

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Lauréat Prix Jeunesse des libraires 2015, catégorie 6-11 ans. Entrevue réalisée par Les libraires en octobre 2015, pour son catalogue de Noël.

L’arbragan me semble le plus poétique de vos livres, est-ce bien le cas?
Oui, c’est un livre poétique, mais mon but n’était pas de réaliser une œuvre spécifiquement poétique. J’ai simplement écrit une histoire qui parle de nature, d’amitié, de sensations et de sentiments. En cela, je dirais que c’est davantage un livre sensuel que poétique. Il y a trois ans, j’ai signé un petit livre intitulé : 100 choses à faire une fois dans sa vie. Je le mettrai dans la même famille que L’arbragan.

Que trouvez-vous le plus beau ou le plus fascinant dans l’enfance et que vous avez envie d’illustrer?
Quand j’écris un livre et que je l’illustre, je ne pense absolument pas au lecteur-enfant. J’écris pour me faire plaisir, point à la ligne. Quand je marche dans une forêt et que j’observe ce qui m’entoure, je n’ai pas changé, je suis resté le même petit garçon que j’étais à 9 ans. Bien sûr, aujourd’hui, j’ai acquis des connaissances : je sais m’orienter en me servant d’une boussole, je connais toutes sortes d’oiseaux, le nom des plantes et des roches. Mais dans le fond, je suis la même personne que lorsque j’étais petit.

Je crois que vous travaillez toujours avec vos crayons et votre papier. Est-ce exact? Y a-t-il une raison particulière pour laquelle vous n’utilisez pas les nouveaux outils électroniques?
J’ai toujours un carnet de voyage avec moi. J’ai beaucoup de plaisir à réaliser des croquis à la terrasse d’un café, dans le métro, dans un parc. Partout. Un cahier, 4 crayons, 2 stylos, c’est tout. Un jour, une amie m’a montré sa nouvelle tablette graphique portative avec un million de couleurs disponibles. Je suis sérieux, UN MILLION. Dans mon cahier de croquis, je ne fais pas que dessiner, je colle aussi des tickets de musée, des étiquettes de vin, des morceaux d’affiche, des fleurs séchées. Il y a même des taches de rillettes de canard et de vin, souvenirs de pique-niques mémorables. Certaines pages sont toutes gondolées parce que j’ai dessiné au bord de la mer, par grand vent. Quand mon carnet est bien rempli, la couverture en est usée et racornie. Après bien des années, quand je reprends un de ces carnets dans ma bibliothèque, c’est comme si je faisais un voyage dans le temps.

Lorsque j’illustre un de mes livres, c’est un peu la même chose : j’ai besoin de sentir le contact avec le papier aquarelle rugueux. Quand j’applique les couleurs, je me sens comme un funambule sans filet. Je n’ai pas de touche « contrôle Z » pour effacer et recommencer. Enfin, un dessin fait à la main est un original unique. Un dessin électronique peut être imprimé à des millions de copies. Tous pareils.

Est-ce que les illustrateurs jeunesse croient au Père Noël?
Étrange question. Il y a des dessinateurs qui y croient, d’autres pas. Les illustrateurs ne forment pas un bloc monolithique. Certains croient au Père Noel comme à Dieu,  tant mieux si ça les arrange. Pour ma part, j’ai cessé très tôt de croire au Père Noel. Je me suis mis à croire à la nature, à ce que j’observais, à ce que je humais et à ce qui m’émerveillait. Rassurez-vous, ma vie ne manque pas de magie. Je suis toujours ébahi par les cristaux de neige sur mes gants, par les ombres projetées par la lumière lunaire quand je fais du ski, par des traces de lièvre ou par le frimas sur une toile d’araignée dans le coin d’une bécosse.

Quels livres avez-vous envie d’offrir cette année, sous le sapin?
Des livres de Quentin Blake, de Tony Ross, de Pierre Pratt et d’Edward Gorey.

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