Le concert des voix qui sonnent l’alarme s’amplifie.

Le cri du cœur de Pierre Lapointe à propos de la rémunération des créateurs d’œuvres musicales par les plateformes internationales de streaming a fait grand bruit lors du dernier Gala de l’ADISQ. À la différence de la sortie de Luc Plamondon en 1983, dans le même contexte et portant également sur des enjeux liés au droit d’auteur, celle de Lapointe visait, disait-il, « pas juste l’industrie de la musique, mais aussi les gens dans les médias, les chauffeurs de taxi, les gens qui font de l’hôtellerie, du commerce au détail et j’en passe ». En pleine Commission sur l’avenir des médias au mois d’août dernier, le président et fondateur d’Urbania, Philippe Lamarre, déplorait que les résultats suggérés par les grands moteurs de recherche auxquels sont exposés les jeunes ne favorisent pas la découverte de contenus québécois ni même francophones et il prédisait ceci : « Sans vouloir paraître fataliste, je crois que dans deux générations, si rien n’est fait, la culture québécoise telle qu’on l’a connue va commencer à disparaître brutalement […]. C’est notre existence en tant que peuple et nation qui en dépend. Rien de moins. »

Il faut saluer les artistes, les leaders et les différentes instances de représentation qui veillent au grain, se lèvent et mènent certains combats au nom du bien collectif. Au Québec, la chaîne du livre est représentée par des associations fortes qui font souvent face à des enjeux communs. Parmi celles-ci, l’Association des libraires du Québec (ALQ), qui souffle ses 50 bougies cette année. Dans l’esprit de ce qui précède, cet anniversaire est l’occasion de rappeler quelques grands enjeux à l’égard desquels l’ALQ a joué un rôle qui a contribué à l’essor de la librairie telle qu’on la connaît aujourd’hui : participation à l’abolition de la TVQ sur les livres, défense du prix réglementé du livre et des budgets d’acquisition de livres dans les écoles, mise sur pied de la nouvelle norme professionnelle liée au métier de libraire et du perfectionnement du programme professionnel dédié aux libraires, etc. Bien sûr, l’ALQ développe aussi des projets événementiels et créatifs, mais c’est le travail de l’ombre — parfois ingrat — qui mérite davantage d’être mis en lumière. Merci à celles et ceux qui, depuis 1969, ont œuvré à la permanence de l’ALQ et aux libraires qui ont donné de leur temps en siégeant à son conseil d’administration.

Et puisque la question nous est souvent posée, ce qui distingue la coopérative des Librairies indépendantes du Québec (LIQ) de l’ALQ, c’est notre mission commerciale axée à la fois sur la promotion des livres et les moyens technologiques de pointe auxquels nous permettons à nos membres d’accéder afin de demeurer compétitifs face à la concurrence des grands joueurs internationaux. Ce qui nous ramène à mon introduction et à la nécessité de soutenir les « passeurs » de notre culture avec l’objectif ultime de préserver cette dernière.

En guise d’exemple, le Prix des libraires est porté par l’ALQ, alors que la revue Les libraires, le site de vente leslibraires.ca et la plateforme de partage de lectures quialu.ca sont chapeautés par la coopéra-tive. Ensemble, l’ALQ et les LIQ visitent les salons du livre afin de ra ppeler, au cœur de ces grandes fêtes du livre, la valeur du rôle-conseil du libraire, ce qui s’incarne notamment dans les prescriptions littéraires mises de l’avant par l’ALQ au kiosque La Maison des libraires. En plus des salons habituelle-ment visités de Québec, de l’Outaouais, de l’Estrie et de Montréal, l’équipe de l’ALQ et la nôtre vont cette année à la rencontre du public dans les salons du livre de Rimouski, du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de Trois-Rivières. Chers lecteurs que nous n’avons pas souvent la chance de saluer et de remercier en personne, nous vous y donnons rendez-vous. C’est beaucoup le souhait que je formule pour 2020 : demeurons près les uns des autres et célébrons notre milieu du livre comme si c’était Noël… ou le 12 août à l’année!

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