Voilà déjà vingt mois que les organisateurs d’événements littéraires et de salons du livre s’adaptent continuellement pour créer de nouveaux formats de rencontre entre le public et les auteurs. Chacun d’entre eux a eu la chance de tirer des leçons d’une première édition d’un événement présentée en temps de pandémie ou d’apprendre des succès récoltés par ses pairs.

On peut se réjouir de toutes ces initiatives nouvelles, souvent en ligne, qui parlent de littérature. Toutefois, « vivre un festival » en présentiel n’a pas d’égal, ne serait-ce que pour les rencontres humaines fortuites, au détour des œuvres qui créent l’événement. Dans le cas des salons du livre, il faut admettre qu’une programmation en ligne, même avec des liens Web transactionnels pour faciliter la vie des lecteurs afin qu’ils mettent la main sur les livres, a peu à voir avec une foire commerciale du livre. Les toutes récentes éditions des salons de Rimouski et de Montréal, en présentiel et en formule réduite, rappellent le sens de la rencontre que nous prisons tous.

Il est un événement qui, lui, n’allait être tenu qu’une seule fois, du 20 au 24 octobre dernier : le Canada à l’honneur à la Foire du livre de Francfort 2021. Cette foire constitue le plus important événement de l’industrie du livre au monde et, dans le cadre de ces festivités réservées aux talents littéraires canadiens, le Québec a été représenté de manière éclatante. Pas moins d’une centaine de titres d’ici fraîchement parus en allemand étaient à l’honneur, résultat d’un travail colossal réalisé au cours des dernières années à coup de rencontres et de missions d’exportation pour stimuler la vente de droits. Comme bons coups de cette foire, soulignons notamment l’exemple du roman Sauvagines, de Gabrielle Filteau-Chiba, dont les droits ont été achetés par Stock, qui publiera en janvier 10 000 exemplaires comme premier tirage, en plus de la vente des droits de traduction en six langues, dont l’anglais. De la même auteure, Encabanée paraîtra quant à lui en Folio en janvier.

Même si l’événement tenu en formule hybride est maintenant derrière nous, ses retombées se feront sentir pendant plusieurs années. Karine Vachon, directrice générale de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL), explique : « Lorsqu’une œuvre est traduite à l’étranger, cela peut stimuler l’intérêt d’éditeurs d’autres marchés. Pour certains titres d’ici, la traduction en Allemagne sera un véritable tremplin vers un plus grand rayonnement international. Les portes de l’Italie se sont ouvertes pour Marie-Claire Blais, par exemple, à la suite de l’immense intérêt que lui a porté son éditeur allemand. À terme, cela a une incidence sur la réceptivité des autres pays et donne des munitions aux éditeurs d’ici pour défricher de nouveaux marchés et faire connaître les auteurs à travers le monde. »

Je vous invite à visionner sur YouTube la série vidéo Québec im Gepäck (Le Québec dans les bagages) produite par l’ANEL pour l’événement et mettant en scène des auteurs d’ici en discussion avec leur éditeur allemand. Elle offre un regard chaleureux sur l’intérêt que portent les lecteurs et l’industrie de l’édition germanophones à Michel Jean, Joséphine Bacon, Catherine Mavrikakis, Mireille Gagné, Edem Awumey et Alain Deneault.

On me dit que la Foire du livre de Francfort 2021 avait, d’une certaine manière, un parfum post-pandémique, qui exhalait l’audace de se retrouver à nouveau en personne dans cet événement d’envergure. En 2022, ce sera l’Espagne qui sera à l’honneur avec, nous l’espérons, de doux effluves de normalité.

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