Dans le cadre d’une entrevue à Plus on est de fous, plus on lit!, l’auteure Leïla Slimani disait que pour écrire, il ne faut faire que ça. Il faut savoir dire « non ».

De là, la libraire Audrey Martel de l’Exèdre à Trois-Rivières s’est fait la réflexion que pour lire — beaucoup —, il faut, aussi, dire souvent « non ». Et que la pandémie facilitait son travail de lectrice.

Comme vous, probablement, j’ai la conviction que lors du retour à la normale, nous ne reprendrons pas là où nous nous sommes laissés avant la crise. Une amie me disait récemment ne pas avoir l’intention de meubler mur à mur ses fins de semaine, comme jadis, lorsque les contraintes actuelles seront levées. Je ne suis pas devin, encore moins face à une crise sanitaire inédite dans notre existence, mais malgré la reprise et la diversification graduelles de nos activités, j’ai le sentiment que la lecture demeurera vraiment l’autre piqûre que plusieurs auront reçue.

Combien ont dit voir leur plaisir doublé parce qu’ils pouvaient nourrir leur pile à lire tout en soutenant l’achat local, un des leitmotive collectifs de cette année éprouvante pour les entrepreneurs qui contribuent au tissu social de nos communautés? Pour chaque personne qui, avant la pandémie, ignorait qu’il existait une option claire et facile pour faire ses achats de livres en ligne, en encourageant une librairie de proximité, et qui a découvert leslibraires.ca, il y a une victoire. Car chaque fois, là aussi, on dit « non » à autre chose. Merci.

Le 18 novembre dernier, à la recherche de solutions proactives pour atténuer les effets de cette lutte à armes inégales contre les géants du commerce en ligne, nous avons osé. Plutôt que de hausser nos tarifs de livraison pour tous (80% des clients haussent le coût de leur panier d’achat de manière à obtenir la livraison gratuite), nous avons instauré la possibilité, pour chaque client du site leslibraires.ca, de contribuer de manière volontaire aux frais de transport. D’aucuns croyaient que cette proposition novatrice avait les allures d’un rêve éveillé. Or, 15% des transactions sont maintenant accompagnées d’une contribution moyenne de 5$. Merci.

Vous le savez probablement, mais même en l’absence de loi régissant un prix unique du livre, au Québec, vous payez vos livres partout le même prix, sauf dans les magasins à très grande surface. Toutes les librairies vendent au prix de détail établi par l’éditeur. Un ami qui travaille dans le domaine de la vente et du marketing me disait récemment : « Vous vendez au même prix, mais en plus des livres, vous offrez gratuitement des conseils. » Ça semble simple, parce qu’il ne nous viendrait pas à l’idée de monnayer nos recommandations, mais d’un point de vue de l’expérience client, c’est vrai que cela nous différencie de tous les autres détaillants de notre industrie. À preuve : la revue que vous tenez dans vos mains vous est offerte gracieusement, six fois par année, depuis 1998. Et on ne cesse de multiplier les manières de vous alimenter en suggestions de lectures. Surprise, malgré l’engouement pour les différents médias sociaux, l’infolettre n’est pas morte! Vous êtes plus de 200 000 à recevoir chaque semaine ce florilège de nouveautés que nous mitonnons avec grand soin, tentant d’y insuffler chaque fois un supplément d’âme. Notre infolettre est presque un média en soi. Si vous n’êtes pas encore abonné, rendez-vous à leslibraires.ca/infolettre/inscription.

D’ailleurs, il est fréquent que nos abonnés appuient sur « répondre » et nous remercient pour la qualité de nos propositions. Ils nous jasent un peu, aussi : « J’ai lu ce roman pendant la canicule et j’ai adoré… Que me recommanderiez-vous ensuite? » Dans un monde où on dégaine le plus souvent pour formuler une critique, ça nous touche chaque fois lorsque vous prenez le temps de répondre à nos communications. Il s’en dégage une impression de proximité, voire de familiarité. Merci.

Lorsque la situation était critique, au cours de la dernière année, vos commandes massives ont permis de maintenir en emploi des libraires, ou de les ramener au poste après une pause forcée. Et ces commandes, certains d’entre vous ont eu la surprise de voir parfois le propriétaire de leur librairie indépendante en effectuer la livraison, en personne, à leur résidence. L’adversité n’a pas eu raison de notre relation toute personnelle. Au contraire. Il faudra dire « non » à tout ce qui pourrait nous faire reculer là-dessus.

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