Une dame, avec qui j’échangeais récemment à propos de la présence réconfortante des livres dans nos vies, m’a dit : « Il y a tant de gens et de choses qu’on ne peut plus toucher présentement… Le livre, on peut encore le palper, passer doucement la main sur ses pages. »

Je n’y avais pas pensé en ces termes. On sait que le coronavirus peut attaquer plusieurs de nos sens. Mais le lien entre la carence qu’il crée, le toucher et la littérature…

Les librairies permettent de s’évader en ces temps difficiles, et ce, en toute sécurité grâce aux mesures sanitaires qui y ont été mises en place. Une visite auprès de votre libraire est un petit moment de répit qui permet de faire le plein de livres qui sauront vous changer les idées lors des nombreux moments passés à la maison ou pour gâter vos proches.

Nos libraires sont présents pour vous guider dans vos achats et pour vous aider à mettre la main sur des bouquins qui correspondent à vos goûts. Cet échange avec l’un de nos libraires apportera un peu de normalité dans notre quotidien frappé par des circonstances hors de l’ordinaire.

Les bibliothèques publiques sont de précieux partenaires de nos librairies agréées, auprès desquelles elles font toutes leurs acquisitions. Au moment d’écrire ces lignes, les lecteurs qui fréquentent habituellement ces bibliothèques sont privés du plaisir essentiel de toucher les livres qui garnissent leurs rayons et de se laisser toucher par ceux-ci.

Je vous ai déjà fait le récit du défi que nos librairies ont relevé dès le moment où le Québec a été mis sur pause en mars dernier et du commerce en ligne qui a explosé. Au départ, nous vendions essentiellement ce qui était en stock dans les librairies, pendant que les éditeurs étaient encore dans l’incertitude face à la suite des choses. Je salue aujourd’hui leur résilience et leur collaboration de tous les instants, qui nous ont permis de foncer ensemble vers la toute dernière rentrée littéraire et de les voir investir plus que jamais les pages de notre revue. Je lève mon chapeau à Richard Prieur, directeur général de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL), qui a mené la barque pendant la tempête avec la fougue qu’on lui connaît et qui passe maintenant le flambeau à Karine Vachon, à qui nous offrons nos meilleurs vœux de succès.

Il m’apparaît également important de souligner le soutien de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), du Conseil des arts du Canada et du ministère du Patrimoine canadien. Les subventionnaires sur lesquels notre industrie peut compter en temps normal ont rapidement ajusté le tir quand une nouvelle réalité s’est dessinée au printemps dernier pour les différents maillons de la chaîne du livre. Ils ont fait montre de flexibilité et ont cherché à mettre en place de nouvelles mesures pour ajouter au filet de sécurité requis pour traverser les turbulences des derniers mois. Nous les en remercions énormément.

Il y a quelques semaines, en France, la ministre de la Culture a annoncé que l’État prendra à sa charge les frais d’envoi de livres assumés par les libraires indépendants pour la durée de la pandémie. Nul besoin de vous dire que cela nous inspire, dans la mesure où les frais d’expédition grugent généralement 15% de la marge du libraire et que les ventes en ligne sont passées de 5% avant la pandémie à 20 ou 25% désormais.

La cueillette en magasin est la meilleure manière de soutenir votre libraire à l’approche des fêtes. Au Québec, nous nous sommes donné un réseau de librairies et de bibliothèques fort et nous souhaitons le garder en santé. Parlant de santé, vous la souhaiter prend, cette année plus que jamais, un sens tout particulier. Nous continuerons, tout au long de 2021, de vous recommander des lectures qui vont nous permettre d’attendre la fin de « cette histoire ».

Je vous laisse sur ces mots de l’auteure Hélène Dorion, qui traduisent si bien notre état d’esprit et qui appellent la lumière : « Il y a des ombres nombreuses qui traversent cette fin d’année, des fractures si profondes dans notre monde qu’on peut douter de l’horizon à venir… Alors certains matins, je me tiens devant l’aube, et ces premiers pas du jour me disent qu’au milieu de ce qui paraît si fragile, les brouillards finissent par céder. »

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