Ça y est. La première plateforme de prêt de livres numériques dans les bibliothèques scolaires du Québec de niveau primaire et secondaire prend véritablement son envol. Parce que l’avènement de Biblius a mobilisé plusieurs acteurs de notre milieu depuis de nombreuses années et que sa réussite me tient à cœur, j’ai tenu à souligner ici les différentes visions qui se sont arrimées pour servir les objectifs d’un grand projet collectif.

Il faut d’abord saluer cette initiative du ministère de l’Éducation (MEQ), qui a confié à Bibliopresto et De Marque le développement de la plateforme Biblius.ca, dont la mise en œuvre découle de la mesure 17 du Plan d’action numérique en éducation et en enseignement supérieur. Après une période test à l’automne 2020 et un déploiement progressif dès janvier 2021, la première phase de déploiement complet, qui touche d’abord les établissements d’enseignement du réseau public, intervient cet automne.

Biblius vient enrichir l’offre de services des bibliothèques scolaires et leur permettra de répondre aux besoins de l’ensemble de ses clientèles, notamment les élèves avec des besoins particuliers et les enseignants. Comme le dit si bien Nancy Lusignan, bibliothécaire et chargée de projet chez Bibliopresto, la bibliothèque scolaire tend de plus en plus vers le carrefour d’apprentissage, transcendant les murs des lieux physiques qui hébergent et rendent disponibles les livres imprimés. Un des aspects novateurs du projet réside dans la collection partagée, qui mettra à disposition de tous les élèves et du personnel du réseau scolaire public un corpus de plus de 400 titres pour l’année scolaire qui vient de s’amorcer : « Sauf erreur, nous n’avons vu cela nulle part ailleurs dans le monde et c’est le fruit de notre travail de concertation avec le ministère, les milieux scolaires et la chaîne du livre », ajoute madame Lusignan. Les milieux qui le souhaitent pourront également faire des acquisitions afin de développer des collections numériques locales, en complémentarité avec la collection partagée. Toutes les ventes de livres numériques, tant pour la collection partagée que pour les collections locales, sont faites par des librairies agréées de notre réseau.

Pour Lyne Rajotte, bibliothécaire scolaire, le chemin parcouru pour se rendre jusqu’à Biblius a été long et difficile : « Il y avait tellement d’acteurs à mettre en marche et à engager dans notre rêve, qu’ils soient de la chaîne du livre ou du ministère de l’Éducation. Malgré les craintes de tout un chacun, je ne peux que m’incliner devant l’excellent travail de tous, surtout au cours des trois dernières années. » Madame Rajotte cite avec émotion ses collègues qui ont pu expérimenter la plateforme. Ils y voient une réalisation historique en raison de l’avancement qu’amènera, pour les élèves, cet accès pédagogique à une si grande quantité de livres en l’absence de frein à la lecture collective en classe. La synthèse vocale intégrée à la plateforme, outil essentiel pour les élèves qui requièrent une aide à la lecture, est l’une des priorités qui a été ciblée et jamais abandonnée par l’ensemble des protagonistes de Biblius.

Luc Lavoie, propriétaire de la Librairie Ste-Thérèse, se réjouit de la présence des libraires dans la chaîne du livre numérique scolaire : « Ces structures commerciale et technologique pour le livre numérique en milieu scolaire étaient des plus attendues par tous les acteurs du milieu. Je crois que d’avoir une autre avenue, un autre support pour former des lecteurs de demain, sera bénéfique pour les nouvelles générations. » Puisqu’il considère le format papier comme nécessaire pour les jeunes et leurs apprentissages, il souhaite que le budget d’acquisition de livres papier ne soit pas amputé par les achats de livres numériques.

Cette préoccupation à l’égard des ventes de livres papier est partagée par les éditeurs. Véronique Fontaine, directrice générale des éditions Fonfon, a bien hâte de voir le projet Biblius se déployer plus largement dans les écoles : « J’espère que cette plateforme de prêt de livres numériques en bibliothèques scolaires permettra d’offrir aux élèves du Québec une riche diversité de livres d’ici tout en assurant une juste rétribution à nos créateurs. » Mariève Talbot, présidente du Groupe d’édition la courte échelle, abonde dans le même sens : « On ne sait pas de quoi est fait l’avenir, mais le fait d’ouvrir plus largement la plateforme permettra d’évaluer la justesse du modèle. Les données d’utilisation des œuvres, au terme de la présente année, nous permettront de le valider ou de le corriger afin qu’il réponde autant aux enjeux du milieu scolaire qu’au respect du droit d’auteur. »

L’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL) et ses comités Scolaire et Numérique s’intéressent étroitement aux enjeux du prêt numérique dans les bibliothèques scolaires. Ils seront là pour s’assurer que le modèle garantira aux ayants droit une rétribution équitable pour l’utilisation qui sera faite de leurs œuvres par le personnel enseignant et les élèves. Pour son président, Arnaud Foulon, « les éditeurs ont mené maintes discussions avec plusieurs intervenants du milieu du livre et représentants du gouvernement. Ils ont soulevé de nombreuses questions dans le but de briser les silos et de mieux faire circuler les informations. Nous espérons maintenant que l’imposante offre de livres québécois et canadiens disponibles saura répondre aux besoins du monde de l’éducation, qui se tourne de plus en plus vers les outils numériques, plus encore avec la pandémie qui nous afflige depuis 18 mois ».

——-
La coopérative des Librairies indépendantes du Québec remercie la Société de développement des entreprises culturelles et le ministère du Patrimoine canadien pour leur soutien pour le développement du site collectivites.leslibraires.ca qui permet de vendre les livres numériques aux milieux scolaires, aux bibliothèques, aux cégeps et aux universités.

Publicité