L’espoir emprunte parfois des chemins inattendus

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J’avais écrit un billet sur l’espoir. Puis, l’horreur a frappé. Mon texte semblait tout à coup bien futile.

Dans ce mot, je m’intéressais à l’héritage de l’ère Harper, au renouveau proposé par l’élection de Justin Trudeau, aux engagements libéraux de réinvestissements en culture. J’abordais l’importance de la culture dans notre société et de la nécessité de la supporter. Je souhaitais la bienvenue aux nouveaux porte-étendard de la culture, les exhortant du même souffle à soutenir le milieu des créateurs et des intervenants qui les entourent.

Puis, Paris. Le réveil brutal sur une réalité qui nous dépasse.

Dans le bruit ambiant, dans ces lendemains de souffrances et de deuils, la réflexion se doit d’être une priorité. Il existe plusieurs façons d’entamer cette démarche analytique. Les livres peuvent devenir des conseillers fiables qui nous permettent de prendre un recul sain, d’activer la réflexion de façon directe.

Une chose est certaine : la lecture permet de mieux comprendre la société dans laquelle on vit. Elle offre un espace de recueillement, un moment pour être seul avec soi-même, pour se poser des questions et pour prendre le temps de peser le pour et le contre. La lecture est un moyen de confronter ses idées avec un autre, sans avoir à se justifier ou à intervenir.

Par exemple, ouvrir L’orangeraie de Larry Tremblay (Alto) nous amène à plonger, sans retenue, dans l’univers du terrorisme. De jeunes enfants heureux au sein de la bucolique orangeraie familiale, les frères Aziz et Amed glissent vers un avenir sacrifié pour venger l’honneur de la famille. Le récit frappe l’imaginaire, permet de comprendre le cheminement qui mène parfois l’un ou l’autre à revêtir une ceinture d’explosifs…

Ouvrir L’attentat de Yasmina Khadra (Julliard) perturbe, alors qu’on suit un chirurgien israélien d’origine palestinienne qui apprend avec consternation que sa femme s’est transformée en kamikaze et a semé la terreur au cœur de Tel-Aviv. Ça nous remue, ça nous tourmente.

Ouvrir Soumission (Michel Houellebecq, Flammarion) ou 2084 (Boualem Sansal, Gallimard) nous ramène également à ces questionnements identitaires. Et c’est sans compter la pléiade d’essais qui décortique finement le phénomène de l’islamisation ou du terrorisme…

Dans les rayons de la librairie, notre monde se définit, notre monde se remet en question. On anticipe, on soupèse les options. En lisant, en s’informant, on développe son esprit critique. Les préjugés éclatent. Les idées circulent.

Je suis persuadé que si notre société comptait plus de lecteurs, elle serait plus tolérante, plus ouverte à l’autre. En effet, lire, c’est accepter, pendant un moment, de se taire. D’être à l’écoute de l’autre. C’est s’autoriser à être décontenancé. C’est s’aventurer dans l’inconnu.

Tant et aussi longtemps que les idées circuleront librement, que les penseurs s’activeront et que les créateurs rêveront, tant et aussi longtemps que le livre résistera, l’espoir d’une société juste et respectueuse sera permis. La partie n’est pas gagnée, mais il y a lieu d’espérer.

En ce temps des fêtes, pourquoi ne pas offrir un livre – une bouée – à ceux qui vous entourent? Votre libraire indépendant se fera un plaisir de vous proposer mille et une idées appropriées. Visitez-les!

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