Les libraires de notre réseau joignent leur voix à la mienne et profitent de la rentrée littéraire pour remercier tous les lecteurs et les lectrices qui ont soutenu les librairies indépendantes depuis le début de la crise, le 13 mars dernier.

En ces temps inédits, nous avons bien senti que votre rapport au livre, et le rapport qui nous unit vous et nous, avait été un rempart contre l’inconnu et l’incertitude. Quand le Québec a été mis sur pause, nous avons espéré de toutes nos forces pouvoir continuer de donner accès aux livres pendant le confinement. Il s’y trouvait des univers où échapper quelques heures par jour à cette pandémie. Et il y avait toute une jeunesse à distraire, à continuer d’instruire…

Nos libraires ont investi le commerce en ligne il y a déjà plus d’une décennie ; avec livresquebecois.com d’abord (2008), ruedeslibraires.com ensuite (2011), et enfin leslibraires.ca (depuis 2013). Notre devise, notre plaidoyer, que dis-je, notre ADN, c’était déjà l’achat local. Au moment où tout s’immobilisait, nous avons lancé une vaste campagne pour faire savoir qu’acheter en ligne, tout en achetant local, c’était simple et rapide.

Une aventure que nous n’avions pas vue venir nous attendait alors… Du début de la crise de la COVID-19 jusqu’à la Saint-Jean-Baptiste, ce sont 100 000 colis (contenant parfois une demi-douzaine de livres) que les librairies ont mis à la poste pour vous. Nos librairies vendaient des livres parus en 2006, des livres qu’elles avaient en stock mais qu’elles avaient presque oubliés… des livres tombés derrière une tablette. Nous avons le plus grand inventaire francophone en Amérique du Nord; les derniers mois l’ont fait réaliser à plus de gens que jamais.

Est-ce que tout a été parfait? Non. Merci d’avoir choisi votre librairie de proximité, merci de votre compréhension dans un contexte hors du commun, notamment pour les délais de certaines livraisons postales, coincées dans les centres de tri complètement engorgés. Les conséquences de l’explosion du commerce en ligne ont permis à plusieurs de mieux comprendre les rouages et la logistique du commerce en ligne, qui est en pleine ascension.

Quand les premières librairies hors Montréal ont pu rouvrir leurs portes le 4 mai, tout le personnel était épuisé, mais heureux de renouer en personne avec les lecteurs. Une librairie n’est pas un entrepôt : c’est un lieu de rendez-vous avec la littérature. Quand vous recevez un livre commandé sur leslibraires.ca, oui, c’est un amoureux et un expert du livre qui l’envoie à votre destination.

Une libraire propriétaire, en déposant un lot de colis au comptoir postal de la pharmacie voisine sous le regard médusé du pharmacien, s’est attirée de ce dernier la question « Mais qui paie pour envoyer tout ça? » Il n’y a pas de magie lorsque, pour être compétitif sur le marché, nous offrons la livraison gratuite pour les commandes de 39$ et plus… il faut bien que quelqu’un paie les frais de port. Il vient aussi un moment où on réalise que, si on adhère aux valeurs humaines des libraires qui participent au tissu social de leur communauté, on ne peut leur demander de rivaliser à l’infini avec la promesse marketing d’Amazon qui vise à court-circuiter tous les délais de livraison, mais à quel prix pour le capital humain?

Une suggestion : si vous le pouvez, au cours des prochaines semaines, pour mieux mordre dans cette rentrée littéraire où tant de titres qui n’ont pu poindre au printemps s’ajoutent à ceux déjà prévus pour l’automne, optez pour la cueillette en librairie sur leslibraires.ca. En plus d’épargner les frais postaux (pour vous ou pour la librairie), vous pourrez en profiter pour saluer un ou une libraire. Son nom est Maximilien, Audrey, Shannon, Chantal, Luc, Éléna… C’est elle ou lui qui ajoute parfois une note manuscrite et personnalisée sur votre facture, « Bonne lecture et bon été sur la ferme! »

Malgré une pandémie mondiale, selon les chiffres de vente (en magasin et en ligne, détail et collectivités confondus) compilés par la Banque de titres de langue française, au 2 août, les ventes de 2020 (depuis le 1er janvier) étaient seulement de 10,1% inférieures à celles de la même période en 2019. Merci, votre soutien a amorti le choc.

Aussi, comme l’élan du Panier bleu ne se dément pas depuis des mois, on aurait pu s’attendre à ce que l’édition 2020 de la journée Le 12 août, j’achète un livre québécois! soit plus modeste, mais elle a réussi le tour de force d’être la meilleure en sept ans.

En terminant, je salue la valeureuse équipe à la permanence de la coopérative Les libraires qui, elle aussi, a tout donné pour aider le réseau à traverser le tumulte. On n’est rien sans une équipe, surtout quand elle est du meilleur calibre.

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