Parce qu’il faut manger… et digérer!

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J’adore me creuser les méninges afin de regrouper sous un même thème les livres qui ont retenu mon attention pour cette chronique. Lorsque j’ai déposé côte à côte Le voleur de sandwichs et La journée des pets et des rots, j’ai eu un petit sourire. « Manger et digérer » : ça ne pouvait être plus simple que ça…

Manger
Manger est un besoin essentiel qu’aime combler le héros – ainsi que le coupable – du roman graphique Le voleur de sandwichs. Marin attend toujours avec impatience que sonne midi afin de se précipiter sur sa boîte à lunch. C’est que sa mère lui concocte toujours de super sandwichs. Le lundi, il a droit à son préféré, le jambon-cheddar-laitue. Le mardi, c’est le jour de son deuxième préféré, le thon et tomates séchées. Le mercredi, c’est le sandwich à la tartinade de tofu avec tomates fraiches, luzerne et crevettes qui l’attend. Le jeudi, sa mère lui prépare un sandwich aux œufs avec parmesan râpé et oignons rouges. Et le vendredi, Marin déguste un succulent sandwich au poulet, avocat et concombre. Comble de bonheur, la mère du garçon fait sa propre mayonnaise; voilà qui change tout!

Or, un beau lundi, lorsque Marin ouvre sa boîte à lunch, son sandwich au jambon-cheddar-laitue a disparu. Ne restent qu’une pomme, une barre tendre, un jus d’orange et le mot d’encouragement de son père : « Lâche pas, mon Marin. xx Papa ». Se transformant en police des sandwichs, Marin espionne tout un chacun et dresse la liste des voleurs potentiels. Qui a bien pu lui voler son sandwich favori : le gros Robin, la pauvre Marie, Benjamin le fatigant, Mathias le jaloux, Madame Ombeline, le directeur de l’école, le concierge? Marin cherche à débusquer le coupable, mais la tâche est ardue puisque son sandwich disparaît le mardi et le jeudi, mais pas le mercredi…

Joliment présenté par la maison d’édition comme « un polar pour enfants qui garde en appétit du début à la fin », Le voleur de sandwichs sait charmer petits et grands. En plus d’avoir inventé un suspense humoristique qui tient en haleine, l’auteur André Marois fait de jolis clins d’œil aux produits faits maison, les parents de Marin étant des « maniaques de la cuisine » qui se surpassent sur le plan culinaire, explorant même parfois la cuisine moléculaire. Sans tomber dans la morale, il y fait également un peu d’éducation en matière d’alimentation en faisant dire à Marin : « Quand Axel a découvert que ma mère battait des œufs, de la moutarde et de l’huile pour faire sa vraie mayonnaise maison, il n’en revenait pas. Il croyait que la mayo pouvait juste sortir des usines. » Éducation essentielle puisque beaucoup d’enfants croient que le lait vient du dépanneur et non des vaches!

Sur le plan de l’illustration, grâce à seulement cinq couleurs (le jaune, le rouge, le gris, le blanc et le noir), Patrick Doyon plonge habilement le lecteur dans l’univers scolaire de Marin; on sent les enfants grouiller dans la cour d’école et la cacophonie envahir joyeusement la cafétéria! Les adultes gourmands apprécieront sa table remplie de livres signés Picard, Ricardo et Caroline Dumas, ainsi que l’expression de ses personnages et les plans variés de ses dynamiques illustrations. En attendant la deuxième aventure de Marin, qui est prévue pour 2017, lisez ce livre en famille, faites votre propre mayonnaise et variez les sandwichs de vos boîtes à lunch!

Digérer
Habituellement, on aime manger. Rares sont ceux qui affirment : « Moi, j’aime digérer. » Or, dans l’album La journée des pets et des rots, ce n’est pas l’acte de manger qui est en vedette mais bien celui de digérer. Agacés d’entendre leurs trois enfants péter et roter à longueur de journée, une mère et un père décident d’organiser un concours de rots et de pets. Au menu de la journée consacrée à la compétition, ils ont prévu des œufs à la coque, des fèves au lard, de la confiture de pruneaux, une salade de radis à l’échalote crue, des hot dogs à la vapeur, de la soupe aux pois, de la choucroute et des pets de sœur au sirop de prune. Aussi, pour chaque son sortant de la bouche ou de l’arrière-train de leurs enfants et d’eux-mêmes, ils accordent un point; pour chaque odeur, deux points; pour une « bombe », cinq points; et dix points s’ils parviennent à roter l’alphabet en chantant.

Vous imaginez la suite. Jeux de mots et onomatopées de toutes sortes nous dilatent la rate et réussissent presque à nous faire sentir l’odeur de vieux cheddar du caca de bébé, et celle des nombreux gaz de papa et des rots longs comme une saucisse de maman. Le texte de la conteuse Renée Robitaille est, sans vouloir faire de calembours, savoureux, et les illustrations d’Éloïse Brodeur sont rigolotes et parsemées çà et là de subtils gaz émis par les personnages. Au-delà de cette histoire inspirée d’un fait vécu, apprenons-nous en quatrième de couverture, c’est l’intimité familiale présentée au naturel et en toute simplicité qui séduit le lecteur. Tous se reconnaîtront dans ce livre qui pourrait donner lieu à une nouvelle activité familiale. Rire et plaisir assurés!

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