Jouer dans les livres

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C’est bien connu, les enfants aiment jouer. C’est aussi bien connu que certains d’entre eux n’aiment pas mettre le nez dans les livres. Mais lorsque ces derniers proposent aux jeunes lecteurs de jouer, la cause du livre l’emporte. La preuve : la popularité inépuisable des livres de type Cherche et trouve, Vivez l’aventure et Dont vous êtes le héros. Voici donc trois bouquins qui sollicitent l’interaction des petits et des plus grands.

Un livre qui pose des questions
Après nous avoir offert Qui quoi qui et Qui quoi où, Olivier Tallec revient avec Qui quoi quoi, un album à la couverture rigide et de format à l’italienne. Sur une première page se trouve une galerie de personnages humains et animaliers. Sur la suivante, l’auteur invite le lecteur à éteindre la lumière en soufflant sur la bougie et à tourner la page. Le jeu peut enfin commencer. Première question : sur la page précédente, qui portait une écharpe jaune? Euh… À défaut d’avoir bien observé les personnages, le lecteur est forcé de retourner en arrière pour découvrir que la réponse est le lapin. On tourne les pages et les questions s’enchaînent : de quelle couleur était le slip d’Olive? Combien de dents avait Roger? Qui dormait dans le lit? Qui n’avait pas de pyjama? Qui buvait une grenadine sur le canapé? Parfois, l’auteur demande au lecteur de cacher un personnage avec sa main. Parfois, il l’invite à pencher le livre avant de tourner la page. Pas le choix, les questions obligent le lecteur à scruter attentivement les dessins naïfs et colorés, pages trouées et parfois coupées dans leurs moindres détails. Et si on ne trouve pas qui a fait quoi, les réponses se trouvent en fin de livre. Bel album pour développer le sens de l’observation et muscler la mémoire!

Un livre qui fait voyager dans les livres
Richard Byrne aime mettre le livre en vedette. Créateur de Ce livre a mangé mon chien!, il vient de faire paraître Ce livre n’est pas le bon!, dont la quatrième de couverture se lit comme suit : « À l’aide! Nous sommes coincés dans le mauvais livre. Nous cherchons un lecteur ou une lectrice qui pourrait nous aide à trouver une fin heureuse. » Cet album met en vedette Bruno, Bella et son chien. Maladroit, ce dernier percute les deux amis qui se voient éjectés hors de la page. Bella et Bruno se retrouvent tour à tour dans un livre pour apprendre à compter, dans une bande dessinée, dans un documentaire sur l’Égypte, dans un livre d’activités rempli de labyrinthes, au cœur du conte Le petit chaperon rouge et dans un livre d’autocollants. Moins interactif que Qui quoi quoi, Ce livre n’est pas le bon! invite néanmoins le lecteur à agir à deux occasions, dont une où on lui suggère de construire un bateau avec une feuille de papier pour aider les protagonistes à revenir dans leur « vrai » livre. Fort amusant, ce titre de Richard Byrne offre des illustrations de style varié et propose un joli voyage dans le monde diversifié des livres. Participation garantie!

Un livre qui fait travailler l’imagination
Il y a longtemps que je souhaite parler du merveilleux Hareng rouge de Gonzalo Moure et Alicia Varela. Ce moment est enfin venu! Tout d’abord, en fouinant sur Internet, j’ai été étonnée d’apprendre qu’il existait une définition de nature littéraire du hareng rouge : « Récit qui introduit de fausses pistes, le hareng rouge est une histoire qui parvient à tromper le lecteur ou le spectateur qui est surpris par le dénouement. » Heureux hasard ou volonté de l’auteur espagnol? La deuxième option semble la plus probable puisque ce type de récit existe également dans la langue de Cervantes (arenque rojo) et dans celle de Molière (red herring).

Trêve de leçons littéraires, cet album sans texte, de grand format et aux pages cartonnées, laisse toute la place à des illustrations qui fourmillent de détails. Plongé dans un parc, le lecteur découvre une panoplie de personnages, dont un flûtiste, un joggeur, un photographe, une vieille dame triste, un non-voyant, des chiens, des mamans, des oiseaux, des lecteurs et des enfants qui jouent au ballon. D’une page à l’autre, les personnages se déplacent et évoluent, permettant au lecteur d’imaginer leur vie. Mais voilà qu’en fin de livre, il y a une surprise : caché dans une enveloppe, un livret nous raconte tout en poésie l’histoire de quelques-uns des personnages. La réalité frappe : deux personnes qui regardent au même endroit ne voient pas la même chose. Voilà le hareng rouge!

Unique dans le monde du livre, Le hareng rouge est une invitation au rêve et à l’imagination. Situé entre le livre-jeu et le livre d’histoire, il appelle le lecteur à se perdre entre ses pages pour un voyage qui peut durer des heures. Épatant!

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