J’aime le français!

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Petite, j’adorais les cours de français. Au primaire, j’appréciais particulièrement les dictées qui me permettaient de déjouer avec fierté les pièges de la langue. 

Au secondaire, j’avais un faible pour les exposés oraux pendant lesquels j’épatais toujours mes enseignantes et camarades de classe. Il faut dire que je choisissais en général des sujets qui sortaient de l’ordinaire. Par exemple, en cinquième secondaire, j’ai fait un exposé informatif sur la Ligue nationale d’improvisation. Chandail d’arbitre au corps et sifflet en bouche, j’ai commencé ma présentation ainsi : « Improvisation comparée qui a pour titre : Mon exposé de français. Nombre de joueurs : 1. Style : informatif. Durée : 5 minutes. » Madame Hubert, mon enseignante, jubilait! En plus de récolter d’excellentes notes, je me portais toujours volontaire pour passer la première.

Ponctuation
Oui, j’ai toujours aimé la langue française et il fut un temps où j’étais amoureuse du point d’exclamation. Ce point, capable de souligner à lui seul une foule d’émotions, tend malheureusement à disparaître au profit des émoticônes. Triste! Ou, si vous préférez, 🙁 Or, voilà que ce beau signe de ponctuation est en vedette dans le livre ! point d’exclamation. Joie! Entouré de simples points, point d’exclamation fait tout pour ressembler aux autres, mais c’est peine perdue : de loin comme de près, il est là, bien visible, et le seul moment où il ne se fait pas remarquer, c’est quand il dort. Un jour, point d’exclamation rencontre point d’interrogation qui le bombarde de multiples questions : Quelle est ta couleur préférée? Aimes-tu les grenouilles? Quelle est la date de ton anniversaire? Sais-tu ce qu’est la gravité? Que veux-tu faire quand tu seras grand? Penses-tu qu’un escargot pourrait faire le tour du monde? Quelle est ta crème glacée préférée? « Assez! », s’exclame point d’exclamation qui se rend compte tout à coup de sa force et de sa raison d’être. À partir de ce moment, il s’amuse comme un fou à s’exclamer librement : Super! Youpi! Bravo! Miam! Merci! Attention! Bon anniversaire! Debout! Tu parles! Encore! Félicitations! Fin!

Fier comme un paon, point d’exclamation occupe à lui seul la couverture jaune du livre rectangulaire dans lequel il est en vedette : impossible de le manquer! À l’intérieur, l’histoire se déroule avec peu de mots sur des pages lignées qui rappellent les cahiers d’écriture des élèves du primaire. C’est minimaliste et efficace. C’est drôle et plein d’émotions. La morale est subtile et l’album, réussi. Et le livre peut servir à des fins pédagogiques sans devenir une leçon de grammaire ennuyeuse. Je suis amoureuse!

Mots
Je sais que je n’ai pas l’habitude dans cette chronique de m’attarder aux livres s’adressant aux plus vieux, mais puisque je consacre celle-ci à la langue française, je ne peux passer sous silence la nouveauté Que faire de toute cette encre? Visant les jeunes de 9 à 16 ans (et tous ceux qui veulent écrire, à mon avis), cet ouvrage propose des jeux d’écriture pour aider les apprentis écrivains à manier l’encre de la communication. Comment varier ses phrases, comment écrire sur tout et sur rien, comment dessiner un personnage en trois paragraphes, comment créer des personnages vraisemblables, comment élaguer le superflu : voilà quelques-unes des questions auxquelles répond ce livre pratique. L’auteur suggère également de nombreux exercices, comme écrire une histoire à la Edgar Allan Poe, pasticher un extrait de L’écume des jours de Boris Vian et jouer à l’éditeur en analysant deux manuscrits. Des notes à l’intention du mentor (ou professeur) introduisent chacun des chapitres.

Parce que « cent fois sur le métier un écrivain doit remettre son ouvrage » et que « c’est en forgeant qu’on devient forgeron », Que faire de toute cette encre? propose des exercices sur les différents ingrédients qui composent un texte et regorge de judicieux conseils pour améliorer son écriture. Un outil de base essentiel pour réaliser des œuvres marquantes qui feront un jour partie des nombreuses listes des romans incontournables! Ou 🙂

Textes
Vous voulez savoir à quoi ça ressemble, un auteur qui remet cent fois sur le métier son ouvrage? Eh bien! ça ressemble à Robert Soulières qui, 97 fois plutôt qu’une, a réécrit la même histoire – celle du vendeur de chocolat qui sonne à la porte – toujours avec un style différent! L’œuvre, publiée en 2005 sous le titre Ding, dong!, vient tout juste de réapparaître enrichie d’une vingtaine de textes. Dans cette nouvelle version, on a droit à un dialogue de sourds, à un texte télégraphique, à un tweet chocolaté, à un hip-hop devant le miroir, à une version où celui qui ouvre la porte a un peu trop bu et à une fable à la manière de Jean de La Fontaine. Les autres textes de ce livre surprenant et jouissif pour les amoureux de la langue portent des titres du genre : « Le Petit Chaperon brun chocolat », « Chocolat qui roule n’amasse pas mousse », « La Petite Fille aux chocolats », « Vol au-dessus d’un nid de chocolat », « Chère Laura Secord », « Perrette et ses tablettes » et « Le secret de la Caramilk enfin dévoilé ». Si ce genre d’exercice n’inspire pas les professeurs et les étudiants, on se demande où se cache les muses. Bref, avec ce livre inclassable, on passe des heures en bonne compagnie. Aussi, on rit, on se réjouit et on crie au génie!!! Ou ;-)))

 

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