Des personnages et des histoires

87
Publicité

Il y a de ces personnages de livres pour enfants qui marquent l’imaginaire. Dans mon cas, ce fut Martine, à la plage et à l’école, Boule et son complice Bill, le clan des Schtroumpfs, Sophie et ses malheurs, et la famille Ingalls, héroïne de La petite maison dans la prairie, dont ma tante m’avait offert les trois premiers tomes.Ces choix trahissent un peu mon âge, mais si j’étais encore enfant, voici les personnages que je voudrais comme amis, ceux avec lesquels je voudrais jouer et chez qui je voudrais passer du temps.

Lucie et ses amis

Marianne Dubuc sait créer des personnages forts. Dans Lucie et cie, elle présente Lucie la fillette, Marcel la souris, Léon le lapin, Doris la tortue, Adrien l’escargot et Antoine l’ours grognon. Ensemble, ils font toutes sortes d’activités auxquelles on a envie de participer.

Réunissant trois histoires, l’album commence par « Le casse-croûte ». Cherchant un endroit pour manger, Lucie s’installe sur la branche d’un arbre. La vue est magnifique! Alors qu’elle savoure ses petits gâteaux à la fraise, Marcel se joint à elle, avec son sandwich à la laitue. Puis arrive Léon, avec des noisettes. Et c’est au tour de Doris qui se pointe… les pattes vides. C’est que la tortue a échappé son lunch dans l’eau. Pas de souci, rien ne vaut un bon repas partagé entre amis!

Dans « La chasse au trésor », Lucie trouve une carte indiquant un trésor. Elle et ses amis partent à la chasse. Lorsque vient le temps de creuser, la fillette tend la pelle à Léon. Il creuse, creuse, creuse et découvre… un cadeau. C’est son anniversaire! Quelle surprise! Autour de la table, les amis dégustent du gâteau et de la limonade.

Dans « Les bébés », Adrien trouve trois œufs. Lucie essaie de les couver, sans succès. Les oisillons naissent et ont besoin d’une maman. C’est dans la fourrure chaude d’Antoine le grognon qu’ils trouvent refuge et réconfort.

Dans ce livre où se déploient, tel un petit album photo, une image par page et une ou deux phrases sous chaque image, règnent l’amitié, la complicité et la simplicité. Sans jamais décrire la personnalité de ses héros, Marianne Dubuc les définit plutôt par les gestes qu’ils posent. Grâce à leur gentillesse, leur grande générosité et leur entraide, Lucie, Marcel, Léon, Doris, Adrien et même Antoine le grognon sont extrêmement attachants. En espérant trois autres histoires mettant en vedette ces petits héros, je vais relire plus d’une fois cet album qui fait s’arrêter le temps.

Louise, Luc et Lili Brasouverts
Pierrette Dubé possède également le don de créer des personnages marquants. Ayant mis au monde en début d’année la série « Drôles de familles », elle vient de faire paraître La famille Brasouverts.

Louise et Luc Brasouverts
sont les heureux propriétaires du gîte Au bon accueil où ils vivent avec leur fille Lili. La maison est propre, coquette et elle sent bon, mais personne ne s’aventure au gîte qui est situé sur le chemin Désert. Pour attirer les voyageurs, Louise et Luc offrent le petit-déjeuner gratuitement et un spécial pour les amoureux. Ça fonctionne! Quatre couples se présentent et au moment où ils passent à table, « la neige tombe à gros flocons. Lorsqu’ils dégustent les entrées, le vent se met de la partie. Lorsqu’ils entament le plat principal, la poudrerie s’en mêle. Au dessert, on ne voit plus ni ciel ni terre ».

Arrivent alors un voyageur enneigé, une famille égarée dans la tempête et une équipe de vingt joueuses de hockey! Les Brasouverts ne se laissent pas démonter. Il n’y a plus de confit de canard? Luc prépare du spaghetti et des sandwichs. Il n’y a plus de chambres? Le voyageur dormira dans la baignoire, les hockeyeuses, dans le salon et la salle à manger!

Dans cet album à petit prix qui transpire la bonne humeur, l’optimisme et la charité, le lecteur voudrait plonger afin de se retrouver au cœur de ce tourbillon humain et de donner un coup de main aux membres de la si accueillante famille Brasouverts. Les illustrations expressives d’Estelle Bachelard et la typographie dynamique contribuent à cette folle aventure qui fait sourire et qui, telle une fête mémorable à laquelle on aurait participé, reste gravée du côté des souvenirs heureux de la mémoire.

Yan, Marie-May, Anaïck et les autres
Après nous avoir offert Haïti mon pays et Mingan mon village, tous deux finalistes et lauréats de prestigieux prix littéraires et artistiques, Rogé reprend son concept dans Hochelaga mon quartier.

Dans cet album qui regroupe des poèmes d’écoliers habitant le quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal, on fait la rencontre de héros peu ordinaires. Personnages? Non. Rogé a photographié de vrais enfants à partir desquels il a réalisé des portraits parfois plus vrais que nature. Ces enfants parlent de bruit, de fumée d’usine qui pue, de prostitution, de drogue, de gangs de rue, d’intimidation, de familles recomposées, mais aussi d’amour, d’espoir, de hockey, de chocolat chaud, de boules de neige et de goélands. Ces enfants sont perspicaces, intelligents, sensibles, créatifs, curieux, vrais. Et tout comme le Dr Julien qui signe la préface de cet album, on aimerait rencontrer ces enfants. Pour les faire rire, pour jouer et s’émerveiller avec eux, pour les consoler, pour partager avec eux leurs petits moments de bonheur. Entre personnage et personne, la ligne est parfois mince…

Publicité