Chat

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D’abord, il y a eu Minette. Avec ses beaux grands yeux, elle m’a vu grandir. Puis il y a eu Puce, Mine, Doune et Kiki. Ces quatre-là ont été témoins de ma première vie de couple. Ensuite, il y a eu Napoléon et Cocotte, surnommée Crotte-Crotte par la fille d’une amie illustratrice! Eux, ils ont partagé ma deuxième vie de couple. Aujourd’hui, il y a Lola, que j’appelle affectueusement Belle, La Belle, Ma Belle, Chouchoune, Coucoune, Ma p’tite Chouchoune ou Ma p’tite Coucoune. Lola est une chatte d’intérieur, mais voilà que dehors, sous ma terrasse, sont nés en mai dernier deux petits chatons. Leur mère, une inconnue dans le quartier, s’occupe bien de ses bébés. Tout comme moi, qui ai passé mon été à nourrir cette famille de trois. Oui, j’aime les chats!

Des chats qui bouleversent nos vies
Les livres mettant en vedettes des chats abondent dans le marché du livre. Minou, Minou, écrit par Marie-Francine Hébert et illustré par Lou Beauchesne, témoigne d’une manière incomparable du lien étonnant et mirifique qui unit le félin à l’humain.

Minou vient tout juste de naître et il adore se blottir contre le cœur de sa maman. Il s’y sent tellement à l’abri! Mais Minou grandit et sa mère essaie tant bien que mal de lui apprendre à devenir autonome. Or, Minou souhaite rester à tout jamais avec celle qui l’a mis au monde. Par un certain soir, Minou se retrouve seul, abandonné par sa maman dans une rue fourmillant de dangers. C’est alors qu’une fillette à l’odeur de jus de pomme et de chocolat aux noisettes passe par là. Elle caresse le chaton et le ramène à la maison. Pendant des années, Minou lui sert de jouet, d’oreiller, d’ami, de confident. Puis, un jour, Minou se met à traîner de la patte. Voilà qu’il s’échappe partout et qu’il éprouve de la difficulté à faire sa toilette. « Pattes de velours, et ron et ron petit patapon », Minou s’éteint dans les bras de celle qui l’a recueilli et aimé toute sa vie.

Ce livre au texte tendre et touchant est supporté par des illustrations très douces qui laissent place à l’imagination. Loin d’être parfaitement définis, les dessins dégagent un certain flou, ainsi que de nombreuses impressions et émotions. Finaliste au Prix des libraires jeunesse, ce très bel album est à mettre entre toutes les mains de ceux qui ont un faible pour les chats et qui croient en l’amour inconditionnel qui peut exister entre un grand animal et un petit humain.

Des chats qui nous font rire
Le félin qui nous intéresse dans cette chronique personnifie à l’occasion des gens de métier. Pensons simplement à Chester, qui vole toujours la vedette de l’auteure et illustratrice Mélanie Watt

Dans le même ordre d’idée, Rob Scotton a mis au monde le chat Splat à qui arrivent toutes sortes de péripéties rigolotes. Dans sa dernière aventure, Splat se transforme en agent secret. Alors qu’il collectionne des canards en bois fabriqués par son papa, Splat découvre un jour que ces précieux objets disparaissent à tour de rôle. Pire, ils reprennent leur place le lendemain du vol, mais sans leur bec! Qui donc kidnappe et ampute les canards de Splat? Pour trouver la réponse, le chat imite Matou agent secret, le personnage de son émission de télé préférée, et revêt l’habit de détective. Il élabore tout un plan et, à l’aide d’un peu de farine, d’un appareil photo, d’une loupe et d’une lampe de poche, Splat met son plan à exécution.

Si l’histoire et le texte de cette histoire charment le lecteur, ses illustrations n’ont pas leurs pareilles pour le faire rigoler. Splat affiche à de nombreuses occasions une bouille tout à fait craquante, que ce soit lorsqu’il s’étonne, lorsqu’il a peur, lorsqu’il s’endort, lorsqu’il se questionne ou lorsqu’il découvre le voleur de becs de canards. Qui plus est, la mise en page du livre est dynamique et la typographie capte l’attention. L’amitié étant la clé de l’énigme, Splat agent secret a tout pour plaire aux lecteurs amoureux des chats.

Des chats pas toujours sages
Il arrive de temps à autre que le chat symbolise un personnage cruel. Ce ne sont pas tous les minous de ce monde qui sont attendrissants et qui suscitent l’admiration ou l’estime!

Dans le petit village de Ste-Morue, on est pêcheur de père en fils et le Lac-aux-Poissons est très généreux envers les habitants. Tous les matins, les villageois partent à bord de leur bateau et reviennent le soir, rapportant avec eux des poissons, mais aussi toutes sortes d’histoires de pirates et de sirènes. Or, vit dans ce village un chat chapardeur de poissons. Ce chat, c’est celui de Siméon, le plus vieux pêcheur du village. Obligé d’abandonner son voleur de chat dans la forêt, Siméon nourrit tout de même son animal qui se met à grossir et à grossir. Chaque jour, le chat exige que son maître lui rapporte dix, puis vingt, puis trente poissons de plus. À cette vitesse, le Lac-aux-Poissons se vide rapidement de ses truites et crapets-soleils. Étant donné qu’il n’y a plus de poissons pour assouvir la faim du chat, ce dernier mange son maître! Mais Noé, le petit-fils de Siméon, a plus d’un tour dans son sac. Avec ruse, il réussit à amener le chat au lac et à l’y faire tomber tout au fond. Du coup, le chat libère tous les poissons qu’il a ingurgités et même le vieux Siméon!

Rappelant les contes traditionnels avec leurs personnages d’ogres et d’ogresses, L’île au chat se distingue de tous les livres qui mettent ce félin en scène. Loin d’être attachant, le chat de cette histoire éveille la méfiance et le mépris chez le lecteur qui sympathise beaucoup plus avec le vieux Siméon et son petit-fils. Le livre se différencie aussi grâce à ses illustrations. Dans un style naïf, Isabelle Malenfant présente des dessins d’une simplicité désarmante, mais qui atteignent leur objectif. L’utilisation, notamment, du crayon de bois, plonge le lecteur dans un univers qui rappelle l’apparition des premiers livres pour enfants. Une autre belle réussite à offrir aux amants de tous les chats, les gentils comme les moins bons!

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