Réflexion pour la nouvelle ministre de la Culture

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Les derniers jours ont été sombres. Et je ne parle pas météo.

Les derniers jours ont été sombres. García Márquez et Alistair MacLeod ont foutu le camp. Je relis encore No Great Mischief comme si c’était l’une des plus belles inventions de l’humanité. Je me relance, à l’occasion, dans Cent ans de solitude, la tête débordant d’émerveillement. Avec eux deux, on rêvait éveillé.

Les derniers jours ont été sombres. Radio-Canada a joué du ciseau. Adieu, La bibliothèque de René. Adios, Jacques Bertrand. Quand les coupures sont nécessaires, la culture – la moins clinquante, s’entend – devient une cible privilégiée. Mise de côté. Égratignée. Pas surprenant de Radio-Canada, qui a récemment édicté sa vision de la radio publique où le divertissement – on veut du plaaaaaaaaaaaaaisir! – doit triompher sur la réflexion. Les coupes s’accumulent et la qualité du diffuseur public en souffre…

Les derniers jours ont été sombres. Le milieu de la librairie a vu l’hécatombe s’accentuer. Deux autres librairies ont fermé leur porte à Québec : l’indispensable Bouquinerie de Cartier, située dans l’un des principaux quartiers de la Capitale-Nationale, puis la librairie du Nouveau Monde, qui se faisait belle pour les nombreux croisiéristes et touristes du Vieux-Québec. Les Laurentides ont été éventrées, perdant tour à tour trois librairies : les BuroPlus Martin de Sainte-Agathe et de Mont-Tremblant, puis la librairie Mercier de Sainte-Thérèse. Ne reste plus que deux indépendants dans cette région où la population ne cesse pourtant pas de croître. Un autre distributeur – après ERPI et Benjamin – a également claironné sa mort prochaine.

Les dernières semaines ont été sombres avec l’élection d’un gouvernement qui a d’ores et déjà annoncé son absence de volonté de réglementer le prix du livre. Questionné sur le sujet, Philippe Couillard a reconnu, bégayant, la nécessité de soutenir la librairie indépendante. Mais il ne sait pas comment, se donne le temps d’y réfléchir (ou pas), se déleste de cette responsabilité. L’attente, tristement, n’a plus le temps d’attendre. Le milieu du livre a besoin d’oxygène.

Aujourd’hui, une nouvelle ministre de la Culture a été nommée. Madame David, nous vous regarderons dans les yeux. Sans fléchir. Soutiendrez-vous notre regard?

 

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