C’est en octobre 2017 que Québec a officiellement obtenu son statut de ville de littérature reconnu par l’UNESCO. Mais outre le prestige certain qu’évoque l’appellation, qu’est-ce que cela veut dire? Nous avons rencontré madame Christiane Vadnais, présidente de la table des lettres de la Capitale-Nationale, pour en savoir plus.

Être ville de littérature, c’est d’abord faire partie de la grande organisation de villes créatives (180 en juin 2018) réparties un peu partout dans le monde et qui se décline en sept catégories, la littérature en étant une au même titre que le design, la gastronomie, le cinéma, la musique, etc. Dès son premier envoi de candidature, Québec a été acceptée au sein de cette vaste communauté, ce qui n’est pas le cas de tout le monde, précise Christiane Vadnais. C’est qu’au fil du temps, Québec a su concrétiser plusieurs de ses aspirations littéraires avec entre autres la création du Festival Québec en toutes lettres qui réalisera sa neuvième édition à l’automne prochain, l’inauguration de la Maison de la littérature en 2015 et la tenue la même année du Congrès du Pen International, réunissant dans la ville des écrivains en provenance du monde entier. La présence dans la ville de la coopérative Les libraires et de sa revue, ainsi que la formation en création littéraire donnée à l’Université Laval sont d’autres éléments de valeur qui ont constitué la solide étoffe du document de candidature. Tous les éléments étaient donc en place pour pouvoir soumettre sans gêne son dossier auprès de l’UNESCO. « C’est un réseau qui vise le partage d’expertise, l’échange de meilleures pratiques, l’idée étant que les villes s’inspirent au contact des unes et des autres et développent des collaborations. » Dire de Québec qu’elle est une ville de littérature, c’est affirmer sa personnalité, c’est l’identifier comme porteuse d’un patrimoine manifeste et d’un avenir fécond. C’est aussi la situer comme un moteur de développement important puisque les villes créatives attisent l’intérêt de citoyens d’ailleurs. Faisant maintenant partie des vingt-huit villes de littérature du réseau, Québec peut mieux rayonner et faire valoir son caractère unique de nation francophone. La brigade québécoise s’est d’ailleurs envolée pour Iowa City il y a à peine quelques mois afin de vivre sa première rencontre avec les pairs. « Ce qui était vraiment fascinant, c’était de voir comment il y avait des personnes engagées à faire connaître la littérature et qui y croient vraiment, soutient madame Vadnais. On a vu qu’il y avait vraiment une volonté et une ouverture à collaborer dès qu’on est entré dans le réseau. Déjà, on a participé à un livre artisanal qui va être remis à la ville de Cracovie qui est l’hôtesse de la réunion annuelle des villes créatives. » Une contribution des auteurs Jacques Côté et Mireille Gagné a été envoyée pour ce projet et une autre initiative, celle-ci de projection de poésie multilingue, a eu pour ambassadeurs les mots de Michel Pleau.

Québec a eu le désir de s’inscrire dans une telle communauté mondiale et culturelle pour « s’inspirer, faire des collaborations internationales, mais aussi et surtout pour stimuler la littérature ici et la faire voyager », continue Christiane Vadnais. « C’est une occasion de s’affirmer comme ville littéraire au Québec, il y a beaucoup de talents et d’innovations ici qu’on peut mettre de l’avant, oui sur le plan international, mais aussi au Québec. » Si la Vieille Capitale peut déjà compter des exemples flagrants de dynamisme littéraire, elle est loin d’avoir extrait tout son potentiel créateur qui, en fait, est exponentiel puisque les bonnes idées apportent leur lot d’émules. « Le but est de faire de cette désignation, Québec, ville de littérature, une façon de faire bouillonner encore plus les idées et de soutenir les initiatives en mettant en valeur ce qu’on a comme forces. » En juin dernier, le plan d’action de la nouvelle politique culturelle du gouvernement du Québec comprenait une mesure qui vise à « contribuer au positionnement de Québec comme ville créative de l’UNESCO ». Une bonne nouvelle qui donnera des moyens aux multiples ambitions de l’équipe.

Québec compte comme qualités indéniables l’aspect numérique, la multidisciplinarité et ses activités hors les livres, la présence effective de la bande dessinée, etc. Il y a donc auprès du comité un souhait primordial d’aiguillonner des projets de tout acabit tout en mettant de l’avant les attributs « naturels » de la ville. Sans omettre le rayonnement du français. La Capitale-Nationale est déjà un précieux porte-étendard de la langue; rappelons qu’elle a pour slogan L’accent d’Amérique et qu’elle est fondatrice du Réseau des villes francophones et francophiles du continent. Avec une vitrine internationale, l’amplitude de son action ne peut qu’être encore plus significative.

Un peu de fierté est donc légitime et chacun est invité à en ressentir et à s’approprier la désignation avec toute la richesse et le potentiel qu’elle contient. Être sous la bannière des villes créatives UNESCO est un levier utile pour donner l’impulsion aux bonnes trouvailles et leur permettre de se propulser à l’avant-scène, en ayant le but avoué d’enhardir l’intérêt de nouveaux adeptes pour la lecture et l’écriture. Et en ayant pour visée l’ouverture sur le monde, la trajectoire est infinie.

Photo : Christiane Vadnais, présidente de la table des lettres, de la Capitale-Nationale
© Maryse Cléro-Nobréga

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