Pierre Lavoie, de l’UNEQ: Un vecteur à (re) définir

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À l’Union des écrivaines et écrivains du Québec (UNEQ), un syndicat professionnel qui regroupe près de 1400 auteurs de tous les genres littéraires, on juge que les prix sont importants pour la valorisation du livre et de la lecture, et qu’ils ne méritent ement que l’on lève le nez sur eux. Leur rôle, souligne-t-on, est plus que positif dans la promotion du travail des écrivains. Cependant, leur potentiel d’attrait auprès des lecteurs pourrait être mieux exploité, indique-t-on aussi. Et la façon de les faire connaître pourrait faire l’objet, dans quelques cas, d’un certain dépoussiérage.

L’UNEQ travaille à la promotion et à la diffusion de la littérature québécoise au Québec, au Canada et à l’étranger, de même qu’à la défense des droits socio-économiques des écrivains. Pierre Lavoie, son directeur général, explique que l’association a cessé, il y a sept ou huit ans, de proposer des ouvrages et des auteurs aux différents prix, non pas parce que ceux-ci ne possèdent pas de valeur ou d’intérêt, mais parce qu’il était difficile de choisir parmi des pairs, d’établir, par la force des choses, une certaine forme de compétition entre eux.

Par contre, Pierre Lavoie estime que les prix ont le mérite de jeter un éclairage, même éphémère, sur un ouvrage, un auteur qui, autrement, n’aurait peut-être pas bénéficié de l’attention des médias — toujours moins nombreux dans le domaine culturel, signa­le-t-on à l’UNEQ comme ailleurs — et des lecteurs dans un marché ou l’on recense un nombre toujours plus élevé de nouveautés.

Sur la question de la démultiplication des prix, Pierre Lavoie juge d’ailleurs que leur nombre élevé n’est pas nécessairement synonyme de dilution de la qualité, mais que le phénomène semble plutôt correspondre à la fragmentation toujours croissante des lectorats, un peu comme en télévision, chacun allant chercher précisément le genre de livre qui l’intéresse: jeunesse, science-fiction, poésie, etc. Selon lui, dans la mer des publications, une sélection naturelle s’effectue de toute façon, et permet aux meilleurs ouvrages de se démarquer. Certains prix, surtout les plus prestigieux, permettent aux auteurs de se faire connaître à l’étranger mais, selon M. Lavoie, il n’est pas toujours évident que ces récompenses se traduisent par une nette augmentation du volume des ventes: «Les prix sont un vecteur intéressant, important même, mais qui mérite d’être approfondi afin d’en augmenter l’impact.»

Partenariats et ponts
Selon Athanase David, secrétaire de la province de Québec, il faut travailler à mieux mettre en valeur les lauréats, à l’aide de partenariats, par exemple, en les regroupant lors des neuf salons du livre que compte actuellement le Québec.

D’ailleurs, depuis deux ans, l’UNEQ a formé un comité qui réfléchit à des solutions imaginatives pour donner une meilleure visibilité aux ouvrages primés. Par exemple, un petit montant accordé par le Conseil des Arts du Canada permet d’organiser une série d’activités comme des séances de lecture, qui sont destinées à mettre le public en contact direct avec les lauréats et les lauréates. Ce contact est d’ailleurs essentiel, dit-il, pour maximiser les retombées des honneurs littéraires: «Des prix comme celui des libraires [du Québec] ont sans doute plus d’impact sur les ventes que les autres, puisqu’ils découlent en fait des choix des lecteurs.»

Selon le directeur de l’UNEQ, enfin, l’une des grandes vertus des prix littéraires est de diffuser la littérature québécoise à l’étranger. Mais l’inverse est aussi vrai, et tout aussi intéressant: «Cela crée des ponts entre les cinq continents de la francophonie littéraire, confirme M. Lavoie. Les livres primés à l’étranger, qui seraient restés inconnus, nous sont présentés par le biais des prix.»

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