Le prix d’excellence de l’Association des libraires du Québec est remis pour souligner le travail fait d’ardeur, de passion et de convictions d’un ou d’une libraire. En cette année exceptionnelle où les librairies ont dû se redéfinir, faire du commerce en ligne et des cueillettes en magasin leur priorité et préserver leur clientèle en leur offrant le meilleur service qui soit, deux libraires se sont distinguées : Mélanie Langlois (Librairie Liber, New Richmond) et Pascale Brisson-Lessard (Librairie Marie-Laura, Jonquière). Elles reçoivent ainsi les honneurs et la bourse de 2 000$. Découvrez ces femmes de lettres d’exception ci-dessous, en attendant d’aller les visiter en librairie!
© MagBag Magali Deslauriers

Mélanie Langlois est détentrice d’un baccalauréat en littérature française et québécoise de l’Université Laval et a obtenu son diplôme de qualification professionnelle pour le métier de libraire en 2014. Cette année, elle s’est distinguée par sa gestion remarquable, son esprit d’équipe, ainsi que son humanité et son inventivité débordantes. Libraire depuis 2012 et propriétaire de la Librairie Liber à New Richmond depuis 2016, elle est toujours en quête de nouvelles manières d’animer sa librairie et de réunir sa communauté autour de la littérature (que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur des murs), ce qui fait de sa librairie un véritable phare culturel en Gaspésie.

Votre idée est à faire rêver tout amateur de livres : vous avez transformé l’espace situé au-dessus de votre librairie en un appartement-hôtel où les livres sont à l’honneur. Quel type de clientèle s’y présente?
Des gens friands de lecture et de culture, assurément! Des amis libraires certes, des artistes, de grands lecteurs et des voyageurs d’un peu partout au Québec et d’Europe. Des gens passionnés le plus souvent (et passionnants, il va sans dire!) qui recherchent une expérience unique et inspirante.

Qu’est-ce que « Les libraires à la plage », que vous avez mis sur pied?
Nous avions l’envie folle d’organiser un événement littéraire rassembleur qui sorte du cadre. Envie d’aller vers le lecteur, de le surprendre là où il ne nous attendait pas, et d’harmoniser tout ça avec le décor qui nous entoure. Nous avons donc aménagé une librairie éphémère sur la plage l’espace d’une journée en plein cœur de l’été. C’était magique!

Quel livre est selon vous trop méconnu malgré sa grande qualité?
J’aime beaucoup les récits intimistes qui bouleversent et nous arrachent le cœur pour mieux le rapiécer ensuite. J’ai donc eu envie de tourner les projecteurs sur le formidable et poétique roman Janvier tous les jours de l’autrice et poète Valérie Forgues, qui m’a profondément touchée par sa plume sensible et aérienne et dont la délicatesse contraste admirablement avec la fureur des émotions.

 

© Paul Cimon Photographe

Détentrice d’une maîtrise en études littéraires françaises de l’Université du Québec à Chicoutimi, Pascale Brisson-Lessard a obtenu son diplôme de qualification professionnelle pour le métier de libraire en 2017. Devenue libraire en 2008, elle fait un petit détour par l’enseignement collégial avant de replonger dans le métier, en 2014, à la Librairie Marie-Laura. Cette année, elle s’est démarquée par sa polyvalence, sa créativité et sa haute performance. Elle a notamment créé des partenariats avec des entreprises locales pour mettre sur pied des boîtes mystères thématiques et créer un nouveau site Internet pour permettre la vente de livres scolaires.

Vous avez été formatrice au cinquième rendez-vous littéraire de l’ALQ, qui portait sur « Les écritures de soi ». Pourquoi ce genre vous passionne-t-il particulièrement?
Narcissisme et voyeurisme sont souvent évoqués lorsqu’il est question des écritures de soi. Je considère plutôt que ce genre est une fenêtre sur l’intériorité de l’humain. C’est tout simplement fascinant d’y avoir accès pour mieux comprendre l’autre. Ça nous permet de faire tomber les barrières et d’accepter la différence. Les écritures de soi nous font évoluer, tout simplement.

Vous coanimez le club de lecture local dans le cadre des Rendez-vous du premier roman. Quelle est selon vous l’importance de réunir des gens pour parler lecture?
C’est essentiel. Nous parlons de livres dans notre quotidien de libraire, mais, pour ne pas trop en dévoiler, nous pouvons rarement approfondir la discussion. Le club de lecture permet cet approfondissement. C’est aussi l’occasion idéale de découvrir de nouveaux auteurs et de sortir de notre zone de confort, tout en créant des liens privilégiés avec les membres du club.

Quel livre est selon vous trop méconnu malgré sa grande qualité?
Le jour où je n’étais pas là d’Hélène Cixous. La narratrice, hantée par le décès de son garçon, revisite son passé en quête de la vérité sur cet événement. Un livre à lire et à relire, tant la langue est magnifiquement exploitée et permet plusieurs niveaux de lecture. En fait, c’est toute l’œuvre de Cixous qui est trop méconnue.

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