Livres comme l’air: Une plume pour scier des barreaux

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Pour une septième année consécutive, l’Union des écrivaines et écrivains québécois se joint aux sections canadiennes de P.E.N. international et d’Amnistie internationale à l’occasion d’une nouvelle édition de l’événement Livres comme l’air, auquel le libraire et une dizaine des libraires membres du réseau des Librairies indépendantes du Québec(LIQ) sont bien heureux de faire écho. L’initiative jumelle dix écrivaines et écrivains d’ici à des consœurs et des confrères persécutés ou emprisonnés pour délit d’opinion à travers le monde.

D’un automne à l’autre, les écrivaines et écrivains québécois dédicacent l’une de leurs œuvres à des consœurs et des confrères dont la situation est dénoncée par Amnistie internationale et par le P.E.N. international. Les livres paraphés sont acheminés à ces victimes de persécution ou à leur famille, geste symbolique qui permet de proclamer: «On sait ce qui vous arrive, on le dénonce, on continue à penser à vous et à réclamer votre libération.»

Cette année encore, les écrivaines et écrivains d’ici qu’on a choisis ont répondu avec enthousiasme à la demande. Ainsi, la romancière Marie-Geneviève Cadieux s’est vu jumelée à Yang Tongyan (Chine), le romancier Stéphane Dompierre au Père Thaddeus Nguyen Van Ly (Vietnam), la poète Hélène Dorion à Zeya Aung (Myanmar), la poète, dramaturge et romancière Nadia Ghalem à Mahbubeh Abbasgholizadeh (Iran), le dramaturge et poète Florian Lévesque à Lydia Cacho (Mexique). En outre, l’auteur de romans noirs André Marois destine ses mots d’encouragement à Ludu Daw Awar (Myanmar), la romancière à succès Francine Noël à Oscar Sánchez Madan (Cuba), le romancier Jean-François Somain à Zhang Jianhong (Chine), et enfin le romancier et désormais scénariste Guillaume Vigneault à Michel Kilo (Syrie). Les prétendus «délits» dont les écrivains persécutés se seraient rendus coupables vont, entre autres, de l’écriture d’articles antigouvernementaux sur Internet à la publication de recueil de poèmes, ainsi que d’avoir signé une déclaration sur les relations syro-libanaises.

«Un rai de soleil dans notre horizon barbouillé de grisaille»
Au fil des ans, certains dédicataires ont pu témoigner leur gratitude à l’égard des écrivaines et écrivains d’ici qui songent à eux. «Le simple fait de savoir que le monde  » extérieur  » ne m’avait pas oublié et continuait à œuvrer pour ma libération a été une immense source d’encouragement durant ces jours sombres, écrivait le Vietnamien Thich Quang Do, moine, romancier, traducteur et érudit bouddhiste âgé de 73 ans. Je sais qu’Amnistie internationale a joué un rôle majeur dans ces efforts et je lui en suis profondément reconnaissant. Je vous dois ma liberté et je ne l’oublierai jamais.»

Jumelée à l’auteure de la trilogie «Le Goût du bonheur», la Serbe Svetlana Slapsak écrivait: «J’ai reçu le livre de Marie Laberge, je l’ai lu au cours de mon voyage et j’ai proposé la traduction d’un fragment de ce roman pour fins de publication dans le périodique dont je suis l’éditrice en chef, ProFemina (à Belgrade), si nous trouvons l’argent nécessaire pour le faire dans les prochains mois. Mais c’est l’évènement de l’arrivée de ce livre, avec tout le matériel qu’on m’a envoyé, qui m’a profondément touchée. Être dans les pensées de l’autre, voilà une satisfaction plus que stimulante pour continuer.»

À Gil Courtemanche qui lui offrait une copie signée de son célébrissime roman Un dimanche à la piscine à Kigali, l’Éthiopienne Tesfaye Deressa répondait en ces termes: «Cela me fait toujours grand plaisir de recevoir des nouvelles de quiconque à Amnistie internationale, d’où que ce soit dans le monde, parce que cet organisme me tient à cœur et que je lui dois beaucoup. Il me tient à cœur parce que je sais qu’il œuvre à sauver des vies, travail dont je suis le témoin vivant. Si ce n’avait été d’Amnistie internationale et d’autres organismes du même type, je n’aurais pu échapper à la peine capitale. C’est la raison pour laquelle je lui dois beaucoup. Je souhaite demeurer en contact en permanence avec vous.»

En plus de la traditionnelle animation sur l’événement présentée dans le cadre du Salon du livre de Montréal et animée cette année par Antonine Maillet, Livres comme l’air innove en proposant une exposition itinérante des livres dédicacés dans dix librairies indépendantes sous le titre Dix vitrines, dix victimes, dix témoignages. Belle manifestation d’humanisme et de solidarité, l’initiative mérite d’être applaudie d’autant plus que, pour emprunter les mots pétris d’émotion de la Tunisienne Sihem Ben Sedrine, jumelée à Antonine Maillet, elle représente «un rai de soleil dans notre horizon barbouillé de grisaille par nos dictateurs».

L’exposition Dix vitrines, dix victimes, dix témoignages sera présentée dans les librairies suivantes :
Librairie Pantoute (Québec)
Librairie J.A. Boucher (Rivière-du-loup)
Librairie les Bouquinistes (Chicoutimi)
Librairie René Martin (Joliette)
Librairie Gallimard (Montréal)
Librairie Olivieri (Montréal)
Librairie Monet (Montréal)
La Librairie du Square (Montréal)
Librairie Alire (Longueuil)
Librairie le Fureteur (Saint-Lambert)

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