Lever l’encre

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Certains détracteurs prétendront que la voile n’est pas un sport. On aura tôt fait de leur rétorquer que si la pratique de la voile ne met pas en forme, il faut très certainement être dans une bonne condition physique pour s’y adonner. La navigation exige également, comme bien des sports, de la technique et elle invite au dépassement de soi, car le marin se mesure d’abord et avant tout à lui-même… et aux éléments, bien sûr. D’ailleurs, qui a déjà appareillé sait que chaque voyage recèle une part de hasard, puisqu’on ne commande ni l’eau ni le vent. La voile est donc non seulement un sport; elle est une passerelle vers l’inconnu, vers une infinité de possibilités.

 

Voilà sans doute pourquoi bien des écrivains ont amarré leur récit à un de ces oiseaux de mer. Certains sont très connus comme Ernest Hemingway, dont on se remémore l’histoire du vieux pêcheur cubain et de sa prise légendaire, couronnée du prix Pulitzer en 1953, puis du Nobel de littérature l’année suivante. D’autres par contre naviguent en marge des anthologies littéraires. Voici quelques ouvrages assez récents qui méritent d’être découverts si vous vous intéressez à la voile ou si vous avez simplement envie de vous laisser porter par l’appel du large.

Seuls face à l’ouragan
À 24 ans, Nick Ward réalise enfin son rêve de courir le Fastnet, joyau de la couronne des courses au large. Le circuit, qui commence à Cowes en Angleterre, force les participants à contourner le rocher du Fastnet en Irlande avant de revenir à Plymouth sur la côte anglaise. Or, le 14 août 1979, trois jours après le départ, les concurrents sont pris au piège dans ce qui deviendra la plus mortelle tempête de l’histoire du nautisme. Quinze hommes perdront la vie, dont deux coéquipiers de Ward. Lui-même, laissé pour mort sur son navire par les autres membres de l’équipage, mettra plus de vingt-cinq ans avant de se repencher sur cette nuit terrible où les bateaux volaient littéralement dans le ciel. Magnifique hommage à la mer, cette envoûtante et dangereuse maîtresse, Seuls face à l’ouragan est une histoire vraie profondément humaine et sans sensationnalisme.

Le monde comme il me parle
« Tout est sublime quand je suis sur un bateau. […] Le vent, le bleu, les nuages… Pas une seconde à jeter, pas une seconde médiocre… Pas une seconde inintéressante… Pas une seconde en dessous de ce rêve dont j’ai fait ma réalité. » À 64 ans, le célèbre navigateur français se retire de la course professionnelle, non sans avoir remporté – entre autres – le prestigieux trophée Jules-Verne pour être parvenu à faire le tour du monde en moins de 72 jours, sans escale, en 1997. Dans ce récit qui n’en est pas un, il revient sur ce « sport » qui fut le sien, éparpillant au passage des réflexions philosophiques sur la mer, bien sûr, mais également sur la nature humaine. Un peu décousu, mais de toute beauté quand même.

Seul autour du monde
Surnommé l’Everest des mers, le Vendée Globe est l’une des plus importantes compétitions de voile contemporaine. Cette course en solitaire autour de l’Antarctique, sans escale et sans assistance, a lieu tous les quatre ans au départ des Sables-d’Olonne en France. Seul autour du monde est un récit en bande dessinée de cette aventure nautique particulièrement intense. Si Garreta est connu pour avoir dessiné les séries « Insiders » et « Le maître de Benson Gate », Chenet signe ici son tout premier album. S’il n’a jamais participé au Vendée Globe, le scénariste demeure un amateur de voile et son récit est d’autant plus crédible qu’il aborde l’un des grands défis de cette course : l’absence totale de contacts humains pendant plus de trois mois.

Du bon usage des étoiles
Du bon usage des étoiles, premier roman de la Québécoise Dominique Fortier, relève sans conteste de la fiction, mais il n’en demeure pas moins un bel hommage aux grandes explorations navales des siècles passés. Le roman a d’ailleurs reçu en 2011 le Prix Gens de mer du festival Étonnants voyageurs, une récompense spécifiquement remise à un ouvrage littéraire à caractère maritime. S’inspirant de la dernière expédition de John Franklin – au cours de laquelle les deux navires britanniques nolisés pour trouver le passage du Nord-Ouest se retrouvent prisonniers des glaces, entraînant ainsi la mort de tout l’équipage –, Dominique Fortier plonge dans l’intimité de ces hommes victimes de l’immobilité et du froid, avec juste ce qu’il faut de poésie, d’aventure et d’histoire.

Lire pour apprendre à voguer
Du côté des ouvrages techniques, deux incontournables s’imposent : Le cours des Glénans et Navigation par gros temps

 

 

 

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