Les visages de l’autre édition

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Il est loin le temps de Balzac où, «en publiant le premier roman d'un auteur, un éditeur devait risquer seize cents francs d'impression et de papier». À l'heure des subventions à la performance et du règne des best-sellers, il faut être un peu fou pour se jeter dans la mêlée! Pourtant, des petites maisons québécoises savent se faire un chemin jusqu'au coeur des lecteurs. Elles se nomment Alto, Marchand de feuilles, les éditions du passage, Le Quartanier, Mémoire d'encrier ou L'Oie de Cravan. Elles traquent la perle rare, l'inédit, préparent la relève, transforment en douce notre littérature... et peut-être même les règles du jeu, qui sait?

Samedi 17 novembre, 17h: entre deux séances de signatures des Bryan Perro et autres Dominique Michel, c’est l’heure creuse au Salon du livre de Montréal. Au stand des éditions du passage, Serge Bouchard, anthropologue et auteur du superbe Bestiaire. Confessions animales, s’éclipse discrètement. Georges S. Zimbel, photographe documentaire de légende, (la robe blanche de Marilyn Monroe voletant au-dessus d’une grille d’aération sur le plateau du film The Seven Year Itch, c’est lui), s’apprête à dédicacer des exemplaires de son album photo Bourbon Street, New Orleans 1955. Il n’aura pas beaucoup de visites, et nous aurons tout le loisir de converser avec ce charmant monsieur de 77 ans, parlant français et vivant dans l’anonymat de la métropole. Nantie d’un tirage original autographié, je le quitterai néanmoins le cœur un peu serré: sur les 123 000 visiteurs d’un Salon consacré au thème de l’histoire nord-américaine, il devait bien s’en trouver quelques-uns qui auraient aimé partager 50 ans de patrimoine continental avec ce fils des Amériques…

Patiente, Julia Duchastel-Légaré, la fondatrice des éditions du passage, ne se laisse pas impressionner par la maigre affluence. Car il faut laisser aux livres le temps d’exister pour que leurs lecteurs puissent les trouver: «Rainer Maria Rilke a vendu trente-six exemplaires d’un de ses livres de son vivant. Certaines œuvres ont une espérance de vie plus longue que la nôtre. Mais notre « société distincte » veut des résultats immé-diats et subventionne les maisons d’édition selon le pourcentage des ventes; nous parlons de la littérature avec le langage de l’industrie. Si le Québec se revendique toujours comme une culture qui mérite d’être protégée, il va falloir changer notre vision et notre vocabulaire.»

L’âge des rencontres
Julia avait 17 ans et «publiait à perte» lorsqu’elle a créé les éditions du passage (1999), d’abord dédiées aux beaux-livres et à la poésie. Les somptueux ouvrages qu’on y trouve (la collection de poésie, entre autres, a obtenu le prix Complete book photography 2005 pour sa conception graphique) sont issus des découvertes et des rencontres, celles du texte et de l’image, et celles des collaborations d’artistes de tous horizons (Suzanne Jacob, Sylvain Rivière, Louise Masson, Daniel Danis, etc.) Depuis un an, la maison a franchi le cap des seize ouvrages et peut toucher des crédits d’impôts. L’aide, providentielle, n’est pas sans occasionner quelques maux de tête, puisque certains projets, qui pourraient bénéfi-cier des subventions, s’avèrent inclassables du fait qu’ils chevauchent plusieurs catégories: Patrimoine, Poésie, Collectif…

Mais les critères de classification passeront après le désir. Sans quoi, des auteurs que les lecteurs attendaient sans le savoir ne viendraient jamais au monde! Lekhaim! Chroniques de la vie hassidique à Montréal, dont on a beaucoup parlé ce printemps, est l’exemple parfait de ce type de projet-passion que, malgré les embûches, l’éditrice ne «peut pas s’empêcher de faire»: «Ces chroniques avaient un caractère inédit. Pour la première fois, nous sommes invités à partager l’intimité de la communauté hassidique. Avant cela, la littérature hassidique était littéralement inexistante, car les hommes de cette communauté sont plongés en totalité dans l’exégèse des textes sacrés. D’ailleurs, les écrits de Malka [Zipora], issue de la tradition orale, étaient rédigés dans un anglais truffé de mots hébreux, yiddish et… de fautes! Le manuscrit avait été refusé à peu près partout.» C’est Pierre Anctil, anthropologue et spécialiste de la culture juive, qui a traduit le texte et établi le lexique. Mais Lekhaim! («À la vie!»), c’est aussi l’apprivoisement mutuel d’une équipe de collaborateurs (Julia a pu assister à des noces hassidiques new-yorkaises) et d’une femme ayant choisi de vivre à l’écart du monde.

Génération métisse
Le goût de l’Autre: sous des dehors éclatés, la nouvelle génération des petits éditeurs partage cette envie. Pour en arriver là, il a fallu qu’une tradition éditoriale bâtisse la maison des littératures québécoises et parvienne à maturité. Les éditeurs indépendants sont enracinés, forts de l’exemple inspirant de Brigitte Bouchard, la fondatrice des Allusifs, qui vend 80 % de ses livres à l’étranger. Ces artisans peuvent désormais se reconnaître dans les mots venus d’ailleurs et vivre à fond l’aventure du cosmopolitisme. Le flirt peut être textuel, formel, culturel ou toutes ces réponses à la fois… et l’histoire a de beaux jours devant elle. D’ailleurs, les ouvrages conçus au Québec n’ont jamais été si beaux.

Le Nikolski de Nicolas Dickner (prix Anne-Hébert 2006), sera bientôt publié en France, chez Denoël, et traduit en anglais par un éditeur canadien. De ce premier roman qui a trôné dans les palmarès des ventes, on a dit qu’il «incarnait l’avenir de la littérature québécoise». Pour Antoine Tanguay, l’éditeur de Dickner (Alto, 2005), le succès de cette fiction de type storytelling (l’art de raconter une histoire dans la tradition anglo-saxonne) s’explique aussi parce qu’il est venu combler un vide au Québec, qu’on prétendait surtout épris de «style». Il faut dire que, fou de littérature anglo-saxonne, le téméraire directeur d’Alto a fait le pari de traduire des auteurs anglo-canadiens et de les faire découvrir à «l’autre solitude». «Certains aspects dans l’œuvre de Nicolas étaient déjà présents dans les fictions que je publie, précise-t-il. Par exemple, je suis particulièrement fier d’Un Jardin de papier, de Thomas Wharton, lui aussi magique et érudit. Les auteurs canadiens s’inscrivent naturellement dans la tradition du storytelling, et je vais continuer à les défendre, d’autant que je peux compter sur la contribution d’une excellente traductrice (Sophie Voillot, prix du Gouverneur général 2006).» Antoine Tanguay ne se laissera pas décourager par les tièdes. «Il existe une étonnante diversité éditoriale de l’autre côté de la frontière québécoise, poursuit-il. Je crois qu’avec de la persévérance, j’arriverai à convaincre le public d’ici.» Et si les lecteurs québécois étaient prêts pour de vrais échanges pancanadiens?

Rodney Saint-Éloi, lui, s’est engagé à partager avec son lectorat rien de moins que le monde. Car les livres-pirogues de Mémoire d’encrier (fondée en 2003) voyagent: en Europe (France), dans les Amériques (Haïti, Martinique), mais aussi dans l’Océan indien, en Afrique et jusque dans les départements d’études françaises des États-Unis. Sur le volume des dix-sept nouveaux titres qui paraîtront cette année, 30 % trouveront preneurs au Québec et y seront admissibles aux programmes de subventions. Ce qui constitue au final un maigre magot d’environ 12 000$. «Je m’adresse aux lecteurs, pas aux organismes subventionnaires», précise l’éditeur un brin provocant. Intellectuel militant, écrivain et poète, Rodney Saint-Éloi avait fondé les Éditions Mémoires (1991) dans son autre vie, à Port-au-Prince, pour mieux diffuser l’œuvre de jeunes auteurs haïtiens vivant à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. «Cette maison est née de la mauvaise conscience des imprimeurs haïtiens qui faisaient beaucoup d’argent», raconte l’ex-journaliste. (Une manifestation de mécénat qu’on importerait volontiers au Québec). En très peu de temps, Mémoire d’encrier est devenue une véritable terre d’accueil en sol québécois, où les ima-ginaires d’auteurs franco-ontariens, antillais, maghrébins, africains, belges, français et autres se côtoient dans la curiosité. Son bigarré catalogue présente des œuvres de fiction (roman, récit, nouvelle), de la poésie, des essais, et diffuse à la même enseigne les rééditions de classiques caribéens et les écrivains québécois émergents.

L’éditeur n’a pas peur de secouer les pommiers du nationalisme exclusif et du multiculturalisme séparateur. Il qualifie également les deux paliers subventionnaires (la Sodec et le Conseil des Arts du Canada) de «régimes ethniques». «C’est de l’aveuglement politique que de cantonner la littérature d’un peuple à quelque chose d’aussi étriqué. Nos identités sont beaucoup plus larges. Il faut nourrir les imaginaires, sortir de l’enfermement. Ailleurs, la littérature possède un autre statut: un roman de la Canadienne Nancy Huston publié chez Actes Sud devient un livre français, point. Ici, si je fabrique un recueil de poésie d’Edwige Danticat (new-yorkaise d’origine haïtienne) illustré par un artiste québécois, il sera catalogué « nouveauté québécoise » dans les librairies mais, dans nos archives nationales, le même bouquin se fera accoler l’étiquette de « littérature étrangère ». Les littératures ne peuvent pas être étrangères, elles sont aux hommes et aux femmes», conclut-il simplement.
L’homme revendique pour le Québec une configuration éditoriale plus souple. Pour sa part, il s’est donné la responsabilité de publier des livres qui répondent à une demande sociale. «Certains éditeurs d’ici en sont encore à démontrer que la littérature québécoise existe, note-t-il. Et au rythme où vont les choses, on trouvera bientôt plus d’éditeurs talentueux que d’écrivains, blague-t-il. Si on ne veut pas se trouver dans une impasse, il va falloir prendre des risques, devenir une plate-forme en traduisant, par exemple, les littératures d’Amérique latine chez nous. Sinon, que fera-t-on pour les lecteurs du Québec pluriculturel qui se profile? Et les immigrants, permet-on à leurs imaginaires de circuler? La culture, c’est plus qu’une manière de manger, autrement l’intégration n’est qu’une anesthésie de l’âme qui mène à la révolte.»

La convergence… des solidarités
En bref, Rodney Saint-Éloi dit ouvertement ce que plusieurs pensent tout bas: «Notre société change, mais le milieu de l’édition n’a pas bougé. Il faut revoir l’ensemble de nos solidarités.»

Or, les petits éditeurs ont beau inventer de nouvelles façons de faire, ils sont affectés comme les autres par les fluctuations du marché et par la concentration progressive — et mondiale — du milieu de l’édition. Le 12 octobre dernier, Quebecor Media (Libre Expression, Trécarré, Stanké, Les éditions Quebecor, Publistar et Québec-Livres) se portait acquéreur du groupe Sogides inc., le premier groupe d’édition, de diffusion et de distribution au Québec (Les Éditions de l’Homme, Le Jour, Utilis, Les Presses Libres, le Groupe Ville-Marie Littérature, L’Hexagone, VLB éditeur, Typo et Les Messageries A.D.P.). Concrètement, l’intégration verticale de l’empire Quebecor dans le domaine de la distribution (dont 14 magasins Archambault) et des médias électroniques et écrits (dont le Journal de Montréal et le Journal de Québec) lui confère un énorme pouvoir de négociation pour accroître sa visibilité en librairie. Et ce, sans compter sa capacité de recrutement des auteurs attirés par tant de ressources, dont la promesse de pouvoir rayonner en Europe…

Étonnamment, l’achat de Sogides par Quebecor, tout comme l’acquisition de Lanctôt par Les Intouchables, a provoqué un afflux de manuscrits dans les maisons littéraires de plus modeste envergure: «J’en ai discuté avec d’autres collègues et le phénomène est flagrant, mentionne Mélanie Vincelette, la directrice des éditions Marchand de feuilles (fondé en 2001). Ce sont en général de jeunes écrivains de vocation littéraire, aux tirages plus confidentiels, qui se sentent largués par la grosse machine. Les grandes maisons ont des impératifs de rentabilité qui ne leur permettent pas de prendre autant de risques. Et le fait d’éditer des premières œuvres ou d’accompagner de jeunes écrivains en émergence, comme nous le faisons, est essentiellement fondé sur le risque. D’ailleurs, ce que le phénomène de la convergence met le plus en évidence, c’est une génération d’éditeurs qui n’a pas su préparer sa relève.»

Selon Mélanie Vincelette, la relève, tricotée serrée, vit présentement un moment d’effervescence. Cette année, l’éditrice a vu son chiffre d’affaires augmenter de 40 %. Les romans de Mélikah Abdelmoumen (Alia), de Yann Francis (L’Œuf guerrier), d’Éric Dupont (La Logeuse), et surtout de Maxime-Olivier Moutier (Les Trois modes de conservation des viandes), se sont taillé une place enviable dans les préférences des lecteurs. Un tourbillon qui en inciterait d’autres à accélérer la cadence: «Je publie sept titres par année, déclare l’éditrice. En faire davantage ne serait bon ni pour la maison ni pour nos écrivains. Je suis peut-être naïve, mais je crois à la diversité éditoriale. Nos lecteurs ont besoin d’un regard différent sur la littérature, ils ont aussi envie de la sensibilité des gens de leur génération. Nous avons notre propre créneau, et il contribue à l’équilibre de l’écologie littéraire.»

Plates-formes
Ardents, les petits éditeurs le sont toujours. Mais naïfs? Plus jamais. Le marché éditorial restera
fragile. Le nombre de livres produits ne cesse de croître alors que le nombre de lecteurs, de librairies indépendantes et l’espace médiatique alloués à la littérature diminuent comme une peau de chagrin. Les indépendants savent pertinemment que leur longévité passe par une masse critique de lecteurs fidèles et attentifs. «J’ai cru naïvement que mon offre allait faire fléchir la demande, écrit François Couture, ex-éditeur de la regrettée maison l’Effet Pourpre, que je pouvais, par mes choix éditoriaux, imposer à un marché ma vision» (Liberté, no 271, Montréal: Capitale mondiale du livre?).
Aujourd’hui, les regroupements indépendants n’hésitent plus à reproduire les formules de promotion de l’industrie culturelle, comme ces récents «Salons» qui se tiennent en marge des plus gros. Le très fréquenté Expozine, une foire annuelle des petits éditeurs et des créateurs de la chose imprimée, fêtait cette année son 5e anniversaire.

Il vaut mieux, en effet, pouvoir compter sur des réseaux de solidarités. Les circuits alternatifs et la bricole virtuelle donnent parfois des résultats plus qu’intéressants. Alors que le marché français, réputé impénétrable, demeure le grand échec des éditeurs québécois, Le Quartanier, après seulement trois ans d’existence, peut compter sur seize librairies françaises — dont huit parisiennes! — pour faire connaître ses trente et un titres. L’astuce? C’est Guillaume Fayard, un écrivain marseillais de la maison, qui s’occupe de la distribution en Europe. Beaucoup d’amis s’y trouvent d’ailleurs, et on constate les effets du réseautage international du Quartanier (poésie, fiction, écritures) jusque sur le mythique site du magazine littéraire Le Matricule des Anges.

La personnalité rassembleuse d’Éric de Larochellière compte pour beaucoup dans ce succès. Ex-libraire, formaliste maniaque, cet éditeur déniche des voix singulières et fabrique des ouvrages d’une beauté graphique stupéfiante. Il bénéficie de la collaboration de toute une équipe — qui travaille le plus souvent en mode virtuel — et compte parmi ses collaborateurs le typographe d’origine slovaque Peter Bilak, l’artiste québécoise Mélanie Baillargé, l’illustrateur britannique James Paterson (le créateur des pochettes de Björk et de Buck 65), etc. Hervé Bouchard, un écrivain québécois aussi flamboyant que remarquable (Grand Prix du livre de Montréal 2006 pour le roman Parents et amis sont invités à y assister), ne s’y est pas trompé: après la fermeture de la maison l’Effet pourpre, il est allé frapper à la porte de ce nouveau venu.

Les moyens développés depuis une quinzaine d’années par les petites structures pour faire vivre leurs livres vont des revues littéraires aux blogues, et des lectures publiques aux collaborations entre différentes constellations d’artistes. Mais sans sincérité, adieu la fête. À ce titre, difficile de ne pas parler de ces feux d’artifice pour l’esprit et les sens que Benoît Chaput, «l’éditeur lent» de L’Oie de Cravan, orchestre pour sortir de l’isolement ses livres et amis. Au lancement d’automne de l’Oie de Cravan, le 16 octobre, la Salla Rossa était bondée. Outre les recueils de Julie Doucet (Je suis un K) et de Franz-Emmanuel Schürch (Rien d’autre), les copains anglo-montréalais y découvraient, bouche bée, l’éloquence poétique de Geneviève Castrée (bédéiste et musicienne) et d’un ex-prisonnier d’opinion d’octobre 70: Michel Garneau (Le Museau de la lune). «Une nomade de 25 ans qui ne vit plus au Québec et un chantre du pays: je suis probablement le seul qui aime en même temps ces deux-là!, rigole Benoit Chaput. C’est important, pour moi, de briser les murs entre les communautés. Cette collection de points de vue différents sur le monde m’aide à garder le cap.»

Et les petits lecteurs, alors?
Éditeur depuis 14 ans, dont 8 sans aucune aide, Benoît Chaput se professionnalise «lentement», non sans faire preuve d’une certaine méfiance: «Disons que je préfère faire de l’édition plutôt qu’en vivre. On s’encroûte facilement dans ce milieu, qui peut faire preuve d’inertie et de complaisance. On blâme beaucoup la concentration, mais la plupart des petits poissons qui été ont avalés par les gros étaient déjà malades. Regarde ce qui est arrivé à l’Hexagone: les fondateurs (Gaston Miron, Olivier Marchand, Mathilde Ganzini, Jean-Claude Rinfret, Louis Portugais et Gilles Carle) étaient des trippeux. Puis la maison a évolué en une institution publiant des classiques. Les petits indépendants qui survivront le devront à leur âme.» Aussitôt dit, l’éditeur nuance son propos: «Oui, la convergence dans les médias nous fait freaker: comment allons-nous faire si personne ne parle plus de nous? Et en France, la concentration a donné lieu à de sales guérillas. Des grands groupes y dévoient des auteurs en leur offrant le double des éditeurs indépendants. Ou encore, ils produisent sans vergogne des clones d’œuvres originales qui occupent toute la place en librairie, parce qu’ils bénéficient d’un taux de remise exceptionnel. La guerre juridique entre Casterman et L’Association pour les droits de David B., l’auteur de L’Ascension du Haut Mal (et un des inventeurs de la Nouvelle BD) en est un bon exemple. Heureu-sement, le contexte québécois est plus policé et de telles choses ne risquent pas d’arriver ici.» Soyez
vigilants, qu’ils disaient…

Pour que les petits éditeurs puissent continuer à s’épanouir, il faudra plus que leur travail acharné. Car la libre circulation de leurs livres passe aussi par les espaces citoyens, dont les bibliothèques et les écoles. Avant de se lancer dans l’aventure de l’édition avec Alto, Antoine Tanguay, a «fait» tout le circuit du livre comme libraire, journaliste et webmestre pendant plus de dix ans. Toujours intact, son amour des livres l’amène tranquillement à diriger ses projets dans cette direction: «Il va falloir changer, dès les premières années d’école, la perception de la lecture. Raffiner les méthodes d’enseignement pour mieux intégrer la littérature d’ici et d’ailleurs au cheminement des lecteurs de demain. Pour créer des éditeurs actifs, il faut des lecteurs actifs», insiste-t-il. Au-delà de l’industrie culturelle proprement dite, une vie éditoriale québécoise variée passera par la prise de parole politique. Mais ça, c’est une autre histoire.

Éditions du Passage

Mandat:
Concevoir des ouvrages où se créent des rencontres entre auteurs, artistes, illustrateurs — talents à découvrir ou à redécouvrir. Et par ces rencontres, faire advenir la beauté, le sens, la réflexion.
Première publication:
Jamais de la vie. Écrits sur les pertes et les deuils (collectif, 2001)
Bons coups:
Jamais de la vie. Écrits sur les pertes et les deuils (collectif, 2001)
Lekhaim! Chroniques de la vie hassidique à Montréal (Malka Zipora, 2006)
Livre qu’elle rêverait de publier:
La huitième merveille du monde, version papier.
Nombre de publications par année:
Quatre
Nombre d’employés:
Deux

Éditions Alto

Mandat:
Faire découvrir des textes où les frontières des genres s’entremêlent et qui n’ont pas peur d’explorer des terrains neufs.
Première publication:
Nikolski (Nicolas Dickner, 2005)
Bons coups:
Nikolski (Nicolas Dickner, 2005)
L’Œil de Claire (Paul Quarrington, 2006)
Un jardin de papier (Thomas Wharton, 2005)
Traité de balistique (Alexandre Bourbaki, 2006)
Livres qu’il aurait rêvé de publier:
Charlie et la chocolaterie de Roald Dahl, Gormenghast de Mervyn Peake et Cité de verre de Paul Auster.
Nombre de publications par année:
Cinq ou six
Nombre d’employés:
Un (qui s’en sort avec l’aide de beaucoup d’amis et de pigistes passionnés)

Mémoire d’encrier

Mandat:
Décloisonner les cultures et les imaginaires. Combattre l’intolérance pour aller vers la porosité, qui permet de mieux vivre ensemble et de mieux vivre notre altérité.
Première publication:
Anthologie secrète, poésie (Davertige, 2003)
Bons coups:
Anthologie secrète (Davertige, 2003)
Chroniques d’un leader haïtien comme il faut (Gary Victor, 2006)
Trilogie tropicale (Raphaël Confiant, 2006)
Les Années 80 dans ma vieille Ford (Dany Laferrière, 2005)
Transpoétique. Éloge du nomadisme (Hédi Bouraoui, 2005)
Livre qu’il rêverait de publier:
«Un livre qui se lit comme le pain et l’eau qu’on mange – ce qui ne ferait pas forcément un best-seller… Un livre qui rassemble, qui offre aux uns et aux autres la prophétie du quotidien et qui repousse les
limites de notre inhumaine condition.»
Nombre de publications par année:
Quinze
Nombre d’employés:
Trois

L’Oie de Cravan

Mandat:
Créer des déclencheurs poétiques sous forme de livres.
Première publication:
Loin de nos bêtes (Benoît Chaput, 1992)
Bons coups:
Parfaits dommages (Pierre Peuchmaurd, 1996)
Le Charbonneur de murailles (Emmanuel Lochac, 2003)
Pamplemoussi (Geneviève Castrée, 2006)
Ebola (Jeff Ladouceur, 2001)
Spiels d’un minuteman (Mike Watt, réédité en 2003)
Livre qu’il rêverait de publier:
Vie des Bérénices de Bérengère Einberg
Nombre de publications par année:
Cinq
Nombre d’employés:
Trois

Le Quartanier

Mandat:
Publier, diffuser et défendre la poésie contemporaine et la fiction (québécoises, mais aussi françaises, canadiennes, anglaises et américaines) dans leurs formes les plus exploratoires et singulières.
Première publication:
Guillotine (Loge Cobalt, 2003)
Bons coups:
Cité Selon (Daniel Canty et FEED, 2006)
Morts de Low Bat (Patrick Poulin, 2006)
Parents et amis sont invités à y assister (Hervé Bouchard, 2006)
Quelque chose se détache du port (Alain Farah, 2004)
Des fois que je tombe (Renée Gagnon, 2005)
Livre qu’ils rêveraient de publier:
Une réédition intégrale de écRiturEs de Paul-Marie Lapointe (l’édition originale, partiellement reprise à L’Hexagone, est encore disponible — et alors?), ainsi que la traduction française du dernier Thomas Pynchon (Against the Day, 2006).
Nombre de publications par année:
Entre huit et dix, en comptant la revue Le Quartanier
Nombre d’employés:
Un (et quelques pigistes fidèles)

Et n’oublions pas ces autres éditeurs indépendants:

LES SIX BRUMES
Fondée sur la passion des écrits de genre, Les six brumes est une jeune maison d’édition autofinancée. Elle publie deux revues: Nocturne et Brins d’éternité ainsi que des récits de fantastique, de fantasy, de science-fiction, d’horreur et de policier.
www.6brumes.com

LUX ÉDITEUR
Depuis 1995 (initialement sous le nom de Comeau & Nadeau), Lux Éditeur publie des ouvrages d’histoire des Amériques, des textes de réflexion politique d’inspiration libertaire, de la littérature, du théâtre et de la poésie.
www.luxediteur.com

LA PETITE FÉE
La Petite Fée est une maison artisanale, au sens propre: l’éditrice Christine Douville relie en effet à la main chaque exemplaire des livres qu’elle publie. Plutôt versée dans les recueils de poésie, la Petite Fée envisage aussi de publier un roman et un recueil de nouvelles en 2007.
www.webzinemaker.com/pouet-cafee

RODRIGOL
les Éditions Rodrigol font fi des formes et des genres littéraires. Désireuse de saisir la fougue créatrice contemporaine, la maison favorise la publication d’œuvres authentiques, dont la charge et l’engagement poétique s’inscrivent dans la mouvance artistique actuelle.
www.leseditionsrodrigol.com

ÉDITIONS DU SABLIER
Les éditions du Sablier ont été fondées à l’automne 2003 à Québec. Elles éditent des recueils de poésie et publient la revue bisannuelle Le Bilboquet, qui s’est donné pour mission de faire découvrir de nouvelles voix et d’être une tribune pour l’expérimentation.
www.le-bilboquet.com

ÉDITIONS DU CRAM
Les Éditions du CRAM Inc. publient des ouvrages consacrés à la connaissance personnelle sous toutes ses facettes. Leur nom provient du Centre
de Relation d’Aide de Montréal, une école de formation, dans laquelle se trouve également leur librairie.
www.editionscram.com

ÉDITIONS DU SILENCE
Les Éditions du Silence se consacrent à la publication de livres de création, en collaboration avec des écrivains et des artistes. Leurs ouvrages sont le fruit de modes de fabrication artisanale, tels, entre autres, la typographie au plomb, les caractères de bois et la sérigraphie.
www.bibliopolis.net

PLUME D’OIE
La Plume d’Oie Édition-Concept s’est spécialisée dans la publication de livres historiques et d’albums souvenirs rendant hommage aux villages du Québec. L’équipe éditoriale se trouve à Cap-Saint-Ignace. Elle met aussi son expertise au service d’auteurs désirant publier leur premier manuscrit.
www.laplumedoie.com

ÉDITIONS D’ART LE SABORD
Les éditions d’Art le Sabord, c’est d’abord un magazine d’art contemporain, Art le Sabord, créé à Trois-Rivières. Depuis 1997, elles publient des catalogues d’exposition, des essais d’arts visuels, mais aussi des recueils de poésie et des romans.
www.lesabord.qc.ca/intro.html

HÉLIOTROPE
Héliotrope se consacre principalement à la littérature contemporaine, aux essais et à la photographie. Leur plus récent ouvrage, Motel Univers, bienvenue au Québec, d’Olga Duhamel-Noyer et David Olivier réhabilite le monde kitsch des «motor hotels».
www.editionsheliotrope.com

ÉDITIONS DE LA GLÈBE
Les éditions de la Glèbe se spécialisent dans les livres à visée humaniste, sans critère discriminatoire quant à la forme (essais, pièces de théâtre, fictions). Elles éditent depuis l’automne 2006 la revue artistique et culturelle Terre Gaste.
[email protected]

LE LÉZARD AMOUREUX
Rincer l’espace allant des bronches au tympan, telle est la devise du Lézard amoureux. La maison d’édition fondée en 2005 se spécialise dans la poésie, la prose poétique et d’autres formes inclassables.

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