Les femmes de Kaboul

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Les hirondelles de Kaboul de Yasmina Khadra et La promesse de Michèle Ouimet : deux histoires, deux auteurs au style différent reliés par une même toile de fond, Kaboul, qui étouffe toute tentative d’émancipation de la femme. Malgré une nouvelle génération qui aspire à la dignité humaine, l’espoir de changement ne fait pas le poids face à des millénaires de traditions qui se transmettent comme une contagion.

D’abord, un classique, Les hirondelles de Kaboul, d’un auteur à la plume habile, voire poétique : Yasmina Khadra. L’écrivain d’origine algérienne y peint la dure réalité d’un Kaboul des années 2000 à travers le destin de quatre personnages déchirés entre ce qu’ils sont individuellement et la pression d’un code de conduite dicté par les talibans. On découvre Mohsen, le commerçant ruiné par les talibans, et sa belle femme Zuneira, intelligente et cultivée, qui ne peut plus sortir de chez elle, de même que le respect et l’amour qui les unissent en dépit d’une pauvreté extrême. Ensuite, Atiq, qui, jour après jour, doit accomplir son travail à la prison de Kaboul en posant des gestes contraires à ses croyances. Mussarat, son épouse malade, dépérit un peu plus chaque jour, infligeant un quotidien des plus lourds à son époux qui refuse de la laisser tomber.

Malgré le désir pour certains de s’élever au-delà de cet environnement où lapidations et violences sont le lot quotidien, ces habitants glissent vers la folie. Yasmina Khadra sait mettre en mots la complexité de la société musulmane avec le style et la beauté des grandes tragédies. Une écriture en dentelle, belle par sa forme et dure par son propos, qui livre un récit profondément bouleversant!

Ensuite, en parcourant La promesse, de Michèle Ouimet, on pénètre une fois de plus dans un Kaboul qu’on croit déjà connaître. Le personnage central, Louise, est une journaliste québécoise très engagée dans son travail. Il est important pour elle de dénoncer la situation de certaines femmes afghanes victimes d’hommes qui ont tous les pouvoirs. Elle fera une entrevue avec Soraya, une jeune Afghane mariée de force et en partie défigurée par son mari. De peur d’y perdre la vie, Soraya a fui son mari et sa famille et, de ce fait, se soustrait à un destin qu’elle refuse : celui de devenir une autre victime des crimes d’honneur, si fréquents dans ce pays. Elle sera hébergée et cachée dans un refuge. Dans une soif ardente de vengeance, son mari finira par retrouver sa trace et la situation deviendra très dangereuse pour Soraya. Louise lui fera alors la promesse de s’occuper d’elle si elle immigre au Canada. Soraya quittera pays, famille, racines et repères pour se tourner vers une nouvelle terre d’accueil… Mais trouvera-t-elle une place pour s’émanciper dans ce pays où TOUT est différent? Louise pourra-t-elle tenir sa promesse de s’occuper de Soraya malgré une vie personnelle déjà très compliquée?

Alliant la fiction à une réalité criante de vérité, l’auteure Michèle Ouimet insuffle à son roman une partie de son vécu de journaliste. Avec une écriture à la fois sobre, simple et directe, elle nous offre une histoire tout à fait touchante qui nous chavire par sa crédibilité! Un excellent premier roman qui fait beaucoup réfléchir…

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