Les Éditions Michel Quintin: l’homme qui parlait aux animaux

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Il était une fois un homme, un vétérinaire de Waterloo, qui vouait une grande passion aux animaux. Aux plus communs de nos compagnons, les chiens, les chats, mais dans le fond, aussi, aux créatures de tous poils et de toutes plumes. Et à la nature dans son infinie diversité. Cette passion, il l'étanchait sans problème dans le quotidien de son activité professionnelle, bien entendu, mais il voulait aller plus loin, en mettre par écrit certains aspects, écrire sur le sujet, en fait, pour transmettre aux autres ce goût des êtres, de la nature, et mieux les leur faire connaître. Tout particulièrement auprès de la jeunesse.

Ce vétérinaire, c’est Michel Quintin, de Waterloo. Et c’est lui qui, il y a maintenant plus de vingt-cinq ans, s’attela à la rédaction d’un ouvrage d’envergure, le Guide des mammifères terrestres du Québec, de l’Ontario et des Maritimes.

Colette Dufresne, aujourd’hui vice-présidente des Éditions Michel Quintin, relate avec bonheur la petite histoire, non, la grande aventure plutôt, de la naissance de sa maison d’édition: «C’est avec ce guide que tout a commencé. Le livre de Michel était magnifique, en couleurs, mais bien entendu, il coûtait très cher à publier. Michel l’a soumis à différentes maisons d’édition, essuyant des refus répétés, toujours avec cette même raison du coût de publication.»

Jamais mieux servi que par soi-même
En riant, Mme Dufresne explique qu’alors, sans se décourager ni abandonner son projet livresque, Michel Quintin, déterminé, a décidé que l’on n’était jamais aussi bien servi que par soi-même: «Il a donc créé sa propre maison d’édition pour pouvoir faire paraître son livre», dit t-elle avec simplicité.

C’était en 1982. Le premier ouvrage est sorti l’année suivante, suivi assez vite de quatre autres. «Cela coûtait cher, en effet, de publier ces livres. Là, nous avons vraiment compris pourquoi les éditeurs avaient refusé l’ouvrage de Michel», se souvient Colette Dufresne. Évoquant les premières années des Éditions Michel Quintin, elle raconte que le système D était à l’honneur dans la maison naissante: «Pendant longtemps, la clinique vétérinaire a partagé son espace avec la maison d’édition; nous n’avions pas de local spécifique pour l’édition.» Ce qui donnait lieu à des situations plutôt cocasses: «Nous partagions les pièces principales avec les animaux et leurs propriétaires en visite. Il y avait la salle d’attente de la clinique où nous recevions comme avant nos clients à quatre pattes. La clinique se trouvait à l’arrière; moi, je m’occupais de la réception et de la maison d’édition à l’avant.» Colette Dufresne raconte en souriant, un brin de nostalgie dans la voix, que le local disposait ainsi de deux armoires, l’une pleine de livres, l’autre bourrée d’aliments et de médicaments pour animaux.

Grandir
Aujourd’hui, la maison d’édition possède ses propres locaux, mais Michel Quintin n’a pas abandonné la
pratique de son métier d’origine, gardant deux pôles d’activité, bien que l’édition ait pris le pas sur les soins aux animaux. L’équipe des Éditions Michel Quintin, elle, s’est étoffée, comprenant maintenant sept membres à part entière, sans compter les nombreux collaborateurs occasionnels ou réguliers.

En termes de publications, la maison a beaucoup évolué. Les premières années, et en fait jusqu’à il y a environ trois ans, les Éditions Michel Quintin se spécialisaient dans l’édition d’ouvrages sur les animaux, la nature et l’environnement. Des manuels, des livres illustrés, très documentés, regroupés en plusieurs collections, selon le public auquel ils s’adressent et le type de sujet. Au départ, l’ensemble de la production était majoritairement destinée aux jeunes, et, graduellement, la maison a commencé à publier des ouvrages pour adultes, tout d’abord toujours dans le documentaire puis, beaucoup plus récemment, dans le domaine de la fiction.

Colette Dufresne explique que tous les ouvrages, depuis les débuts des Éditions, sont minutieusement documentés: «Nous sommes des malades du détail, ici, peut-être un peu moins qu’au début, car nous y allions fort, mais quand même. Les premières années, nous rendions nos illustrateurs fous, avec nos exigences. Il fallait que la longueur des oreilles du renard soit exacte, les plumes de l’oiseau de la bonne nuance, et ainsi de suite…» La rigueur demeure un maître mot, ce qui va de soi quand on publie des ouvrages qui, le plus souvent, vont alimenter les connaissances des jeunes lecteurs. Pour atteindre cette perfection, la maison fait appel à des spécialistes: biologistes, vétérinaires, entomologistes, éducateurs en sciences de la nature. Et, bien sûr, à des illustrateurs et graphistes chevronnés, dont le rôle est de
premier plan.

Et puis vint Will
Une arrivée majeure a changé la trajectoire de la maison, celle de la série romanesque fantastique jeunesse aujourd’hui bien connue (surtout des jeunes garçons) Will Ghundee. Le manuscrit de Will Ghundee a en effet abouti aux Éditions Michel Quintin. L’histoire du jeune héros est née sous la plume de Louis Lymburner, un passionné d’aventures fantastiques qui exerçait le métier de concierge. Un jour, au sortir d’un film, son fils le met au défi d’écrire lui-même une histoire de ce type. Piqué au vif, l’écrivain en herbe va, pendant plus de trois ans, s’appliquer à démontrer à son fils la leçon ultime, celle en laquelle, quelques années plus tôt, avait cru lui aussi Michel Quintin quand il s’était lancé dans l’édition:
«Quand on veut, on peut.»

La popularité de la série Will Ghundee a dépassé les attentes. «Ce fut un franc succès, confirme Colette Dufresne. La série a reçu une bonne couverture médiatique ainsi qu’un chaleureux accueil du public [dans les] salons du livre.»

Sans négliger la publication d’ouvrages de vulgarisation scientifique, les Éditions Michel Quintin ont alors ouvert la porte au roman, et plus spécifiquement au roman fantastique. Colette Dufresne explique que dans le sillage de Will Ghundee, des auteurs de fantastique ou de fantasy ont choisi leur maison pour y envoyer leur manuscrit.

Aujourd’hui, petite maison devenue plus grande compte plus de 340 titres à son catalogue, dont des albums pour les jeunes (dès 3 ans), des romans pour les premiers lecteurs, les adolescents et les adultes, ainsi que des guides nature et des beaux livres. Colette Dufresne regarde le chemin parcouru avec satisfaction. Elle conclut en soulignant que le fait d’avoir ouvert la porte au monde de la fiction constitue une évolution tout à fait logique pour les Éditions Michel Quintin: «Nous continuons à mettre l’accent sur la nature, les bêtes, la vulgarisation scientifique, mais avec une perspective peut-être plus large, celle du respect de l’environnement qui vient avec la connaissance des créatures et de la flore. Et avec le développement de l’imaginaire.»

Éditions Michel Quintin
4770, rue Foster
Waterloo (Québec) J0E 2N0
450 539-3774
www.editionsmichelquintin.ca

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