Bibliothèque publique de Westmount © Daniel Míguez de Luca

Ces objets qu’on peut emprunter en bibliothèque
Peu de gens le savent, mais nombreux et variés sont les objets que l’on peut emprunter en bibliothèque. Par exemple, dans le réseau des bibliothèques de Québec, il est possible de louer pour 90 jours des œuvres d’art – 1 400 reproductions d’œuvres classiques ou d’œuvres plus contemporaines y sont proposées – afin d’égayer les murs de votre demeure. Vous pouvez même y trouver des laissez-passer pour visiter certains musées de la ville! Si vous souhaitez essayer le violon ou même la mandoline, ce sont les bibliothèques du réseau de Montréal qu’il vous faudra visiter puisqu’elles offrent des prêts d’instruments de musique. Et, à Gabrielle-Roy (Québec), un piano avec écouteurs est mis à la disposition des usagers pour ceux qui souhaitent laisser aller leurs doigts sur un clavier sans s’encombrer de l’instrument dans leur salon! Pour les 6 mois à 6 ans, c’est à l’Espace Biblio-Jeux des bibliothèques de Shawinigan et de Rouyn-Noranda qu’il faudra les amener, un lieu où plusieurs jeux éducatifs, notamment de stimulation du langage, sont mis à leur disposition. Et pour les amateurs de sciences, il faut savoir que les bibliothèques de Rimouski offrent le programme « Biblioscope pour tous », un partenariat qui permet aux usagers d’emprunter un télescope, sans frais!

Qui choisit les livres qui entrent dans les bibliothèques et comment sont-ils choisis? Tous les livres publiés s’y retrouvent-ils?
« Généralement, ce sont des bibliothécaires professionnels qui sont responsables d’effectuer le choix des livres et autres documents, car ils ont été formés à cet effet. Selon l’envergure de l’institution et du budget d’acquisition, cette responsabilité peut être partagée par une équipe composée de spécialistes passionnés (jeunesse, fiction, documentaires, numérique, etc.) qui visitent mensuellement les salles d’exposition des librairies, suivent l’actualité littéraire et établissent des ponts avec la communauté en répondant aux suggestions des abonnés, aux besoins des organismes et autres partenaires du milieu. Il s’agit d’un travail colossal, puisqu’en 2015, les bibliothèques publiques ont acheté pour 47,2 M$ de livres dans les librairies agréées. Ces bibliothécaires occupent normalement des fonctions qui les gardent en contact quotidien avec les clientèles, notamment à la référence, leur permettant ainsi de connaître l’évolution des attentes.

Bien entendu, ce travail est minutieux et structuré. Pour qu’une collection soit de grande qualité, bien équilibrée et à jour, que tous les sujets, champs d’intérêt, points de vue et niveaux de lecture soient représentés, il faut être en mode planification! Ainsi, en plus des acquisitions, le processus de développement implique un élagage constant. Notre mandat n’est pas la conservation du patrimoine documentaire, mais plutôt l’accès universel à des collections actuelles et répondant aux besoins toujours en évolution de nos clientèles. Nous n’acquérons pas systématiquement tous les ouvrages publiés. Il serait fastidieux de décrire de façon succincte l’ensemble des critères généraux et spécifiques constituant la globalité du processus de choix. Il est néanmoins important de spécifier qu’il s’agit d’un processus rigoureux et documenté. Parallèlement à la validation de la qualité des ouvrages à acquérir, les bibliothécaires tiennent aussi compte des statistiques d’emprunt et de réservation par catégorie, par sujet, ainsi que du profil des abonnés. Finalement, les bibliothèques publiques doivent se doter d’une politique de choix reconnue par leur administration et la déposer auprès du ministère de la Culture et des Communications. » Réponse de Chantal Brodeur, présidente de l’Association des bibliothèques publiques du Québec.

Bibliothèque Paul-Mercier © Clair Obscur Multimédia

Qui peut travailler en bibliothèque?
« Tous les employés des bibliothèques ne sont pas des bibliothécaires! Différents intervenants constituent l’équipe et œuvrent en complémentarité pour déployer l’offre de services des bibliothèques publiques, qu’ils soient animateurs, techniciens, commis, responsables de systèmes, bibliothécaires de référence, gestionnaires… Sans diminuer l’importance du travail des commis au prêt et au classement qui constituent la première ligne en matière de service à la clientèle, la formation des bibliothécaires mérite d’être mieux connue. Il s’agit d’une profession qui requiert un diplôme universitaire de second cycle (jadis Maîtrise en bibliothéconomie et sciences de l’information, aujourd’hui Maîtrise en sciences de l’information). Selon la spécialisation choisie, les bibliothécaires occuperont des postes de direction, de gestionnaires, liés à la recherche d’information ou à la veille informationnelle, au développement des collections et, de plus en plus, ils occuperont des postes stratégiques liés aux technologies, au web et aux médias sociaux. » Réponse de Chantal Brodeur, présidente de l’Association des bibliothèques publiques du Québec.

Des machines distributrices de livres
Il existe, notamment à Laval et dans l’arrondissement du Sud-Ouest de Montréal, des machines distributrices de livres. Celles-ci offrent plus de 200 livres en format poche, de tous genres. Il s’agit de livres d’occasion, qui sont vendus à 2 $ et dont les profits sont remis à la communauté. On trouve les distributrices – d’anciennes machines à friandises – dans les centres communautaires ou aux abords des piscines extérieures. Une autre façon de se nourrir, l’esprit cette fois!

  Livres sur le pouce © Ville de Laval

Bienvenue aux geeks!
En partenariat avec la librairie Ste-Thérèse, les bibliothèques de Saint-Jérôme, de Saint-Colomban et de Saint-Hippolyte ont ceci en commun qu’elles ont choisi de rejoindre les adeptes de culture geek. Visant les 18-35 ans, le projet « Culture geek » propose des conférences menées par de grands spécialistes en jeux de société, en jeux de rôles ou en cosplay, des rencontres avec des auteurs de bande dessinée, de mangas ou de livres pour adolescents et des soirées thématiques (tournois de jeux vidéo et de jeux de société). De quoi satisfaire les plus geeks!

Parce que lire fait fleurir… des semences à la bibliothèque!
À Westmount et à Moncton, la bibliothèque publique a mis sur pied un système de prêt de semences. Ainsi, plus de 50 variétés de semences sont disponibles sur présentation de la carte de bibliothèque, autant des fines herbes que des fleurs, des légumes, des fruits ou des légumineuses. Une fois la saison terminée, les usagers sont encouragés à participer à la culture du partage en retournant une partie des semences cultivées à la bibliothèque. De plus, diverses activités et rencontres ont lieu en lien avec la biodiversité, l’agriculture durable et l’apprentissage du jardinage domestique.

Le code Dewey : qu’est-ce que c’est?
En regardant les chiffres de la cote d’un livre, un bibliothécaire aguerri pourra vous dire très exactement de quoi le livre parle. Fou, hein?! La classification décimale de Dewey est un système développé par l’Américain Melvil Dewey en 1876, qui permet un classement par sujet. Il se décline en dix classes, dont chacune d’elles est ensuite déclinée en dix divisions, et dont chaque division peut ensuite être également sous-divisée. Cependant, ce système est davantage utilisé pour les ouvrages documentaires que pour les romans, pour lesquels il est moins approprié. Les dix classes, celles qui correspondent aux disciplines fondamentales, sont les suivantes : 000 Informatique, information et ouvrages généraux; 100 Philosophie et psychologie; 200 Religion; 300 Sciences sociales; 400 Langues; 500 Sciences; 600 Technologie; 700 Arts et loisirs; 800 Littérature et 900 Histoire et géographie. Du côté des bibliothèques universitaires, c’est la classification LC (Library of Congress) qui est plus souvent utilisée, puisque plus appropriée aux collections spécialisées universitaires. Petite suggestion de lecture en lien avec le code Dewey : La cote 400 (10-18), de l’excellente Sophie Divry.

Bibliothèque Benny © Denis Labine, Ville de Montréal

Faire la lecture… à des chiens!
Le Club des quatre pattes est un programme de la bibliothèque de L’Île-des-Soeurs qui permet aux enfants en difficulté de lecture de se pratiquer à lire à haute voix devant un auditoire sans jugement, apaisant, peu stressant : des chiens! En effet, devant un chien, les jeunes lecteurs ont moins peur de se tromper et sont, par ailleurs, beaucoup plus ancrés dans le moment présent. Les chiens appartiennent à des bénévoles qui sont présents lors des activités et les canidés sont d’abord soumis à une évaluation afin d’assurer la sécurité des enfants. Pour les curieux, il faut lire Chloé et sa copine de lecture (Scholastic), dont l’histoire est justement celle d’une jeune fille qui gagne confiance en elle en faisant la lecture à un chien en bibliothèque!

L’Enfer existe-t-il toujours?
Les livres qu’on devait préserver des regards notamment en raison de leurs caractères sulfureux, les livres interdits par le pouvoir en place, les livres acquis à la suite d’une saisie par ordre du tribunal : voilà le type d’ouvrages qu’on censurait en les plaçant dans « l’Enfer ». Créé en 1844 par le bibliothécaire Paulin Richard, l’Enfer de la Bibliothèque de France est le plus connu. En fait, il ne s’agit pas d’un lieu à proprement dit, mais plutôt d’une cote placée sur certains livres qui, eux, se retrouvent dans la réserve des livres rares, réserve qu’on ne visite qu’en étant accompagné, en ayant préalablement exposé la raison de notre requête, les simples curieux n’étant pas autorisés à y déambuler. Mais comme le tout fascine, en 2007, la Bibliothèque de France a fait une grande exposition (16 ans et +), afin d’ouvrir les portes de son Enfer au grand public. Y étaient ainsi exposés des livres rares, notamment l’édition originale de La philosophie dans le boudoir du Marquis de Sade, des oeuvres de Guillaume Apollinaire, mais aussi des estampes japonaises. « Pénétrer dans l’Enfer de la Bibliothèque, c’est plonger dans l’atmosphère des lieux clos, celle des couvents, des boudoirs, des bordels, des prisons mais aussi des bibliothèques », annonçait à l’époque le commissaire de l’exposition. Au Québec, il n’existe pas d’Enfer. Effectivement, comme la censure n’est pas présente dans les bibliothèques publiques, nul besoin de retirer certains ouvrages des rayons.

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