Le livre, cadeau-roi: Nul besoin d’avoir été un sage pour lire le cœur en paix

2
Publicité
Période bénie entre toutes dans le monde chrétien, les semaines précédant les célébrations de fin d'année et le passage à la nouvelle le sont tout autant quoique différemment dans les magasins, qui sortent leur attirail scintillant et passent « Jingle Bells » en boucle dès novembre. On aime ou on abhorre, on fredonne gaiement ou on décampe dans le Sud pour se recueillir autrement. Évidemment, les éditeurs n'échappent pas à cette « féérie ». Par le truchement de leurs attachées de presse, les maisons d'édition y vont de leurs idées-cadeaux pour marquer la Noël, qui serviront par la suite à meubler les soirées glaciales de janvier. Parmi une longue liste de titres fort variés, le libraire a fait son choix puis ajouté ses propres suggestions. Enchantement livresque et hivernal.

Ma cuisine bien-aimée
À l’instar des autres peuples qui soulignent le temps des fêtes, les Québécois passent une grande partie de ces festivités autour de la table. Paru dans la collection «Cuisine des 7 familles», La cuisine québécoise a ceci de particulier qu’il fait découvrir la gastronomie d’un pays à travers les goûts culinaires d’un même clan, cette fois de la Vieille Capitale. Après une courte bio du père et de la mère, des enfants et des grands-parents, on explique leurs raisons d’aimer la Belle Province, sa gastronomie, puis chacun y va de ses préférences culinaires, des ailes de poulet au miel au pâté aux deux saumons en passant par la mousse de crevettes et le gâteau aux carottes. S’en suit donc un périple gustatif original agrémenté d’une abondante galerie de photos et de toutes sortes de commentaires personnels et sympathiques qui nous font mieux connaître ladite famille. On se ferait bien inviter pour le réveillon! (Éditions de l’Homme, 126 p., 27,95$)

Les tourtereaux de fraîche date délaisseront quant à eux les tablées familiales pour une soirée en tête à tête mémorable garantie par Sexy. Cuisiner pour deux de Louis-François Marcotte, conçu pour attiser les désirs — de plaire, de séduire et de manger. Dans le rôle de celui qui cherche à impressionner son invitée lors du premier rendez-vous ou sa conquête au petit-déjeuner du lendemain, le jeune chef télégénique est crédible. Ses plats sont inspirés, inspirants et faciles à réaliser. Pensée pour deux, sa cuisine, comme son sourire, ensorcellerait n’importe qui. (Flammarion Québec, 128 p., 24,95$)

Depuis un quart de siècle, le magazine Coup de pouce entretient ses lectrices d’une panoplie de sujets. 500 astuces pour cuisiner comme les pros n’est pas le premier ouvrage tiré de ses cahiers recettes mensuels — celui de Noël est un classique —, mais il sort du lot, car il est un chouette b.a.-ba en qui on peut se fier entièrement. Ustensiles essentiels, techniques de base, ingrédients incontour­nables, palmarès des meilleures recettes (à savoir par cœur, de desserts, etc.) sont clairement présentés et expliqués dans ce livre qui, au chapitre de la mise en page, est aussi dynamique que coloré. (Transcontinental, 384 p., 29,95$)

Nos aïeux ne disposaient pas d’un garde-manger aussi garni et varié que le nôtre, mais leur nourriture n’en était pas moins savoureuse, comme le prouve Yvon Desloges dans À table en Nouvelle-France, un ouvrage de référence illustré de peintures européennes de l’époque ayant pour modèles des natures mortes (fruits, légumes, gibiers) ou des scènes domestiques (à la campagne, aux cuisines). Cet historien à la retraite s’est penché sur les pratiques culinaires des colons aux XVIIe et XVIIIe siècles. Ici, on parle de traditions alimentaires développées au fil des années lors de la fréquentation de divers peuples, et non d’alimentation traditionnelle; les colons français, d’abord réceptifs aux mets prisés par les Amérindiens, les rejetèrent en bloc pour, plus tard, voir le contenu de leurs assiettes changer lors de l’invasion anglaise. En prime, quarante-deux recettes adaptées aux ingrédients aujourd’hui disponibles dans les marchés permettent d’apprécier le menu de nos ancêtres. (Septentrion, 240 p., 29,95$)

Millénaire, le thé est la boisson la plus dégustée au monde, loin devant le café. Cette plante légendaire dont la trace de la première infusion a été consignée en Chine plus de mille ans avant notre ère a traversé toutes les frontières: le jus qui en est tiré est devenu l’élixir par excellence pour accueillir chaleureusement amis ou étrangers et fortifier le corps grâce à ses propriétés bénéfiques. La Maison de thé Camellia Sinensis, qui a pignon sur rue à Montréal et à Québec, est à l’origine de la publication du livre Thé. Histoire. Terroirs. Saveurs, qui invite à la découverte de cultures exotiques et au plaisir de goûter avec ses sens. Apprendre à déguster le thé est une affaire de passion; les quatre fondateurs de la Maison, tous québécois, sillonnent chaque printemps les pays producteurs pour ramener les meilleures feuilles. Illustré soigneusement, l’ouvrage préfacé par François Chartier est une aventure inspirante, à la fois beau livre et guide sur le thé, de surcroît complétée avec plusieurs recettes, dont celles de Josée Di Stasio, Charles-Antoine Crête et Stéphane Modat. (Éditions de l’Homme, 272 p., 39,95$)

Vive le vent,
vive le vent d’hiver!

«L’hiver québécois est davantage qu’une saison. Il a façonné un espace, défini un mode de vie, modelé une culture. Il est une présence, un destin, un souffle, une identité. Les coutumes, l’architecture, l’imaginaire, l’économie, les façons de faire et de dire des Québécois en sont imprégnés», estime le géographe, journaliste et écrivain Normand Cazelais dans son avant-propos à Vivre l’hiver au Québec. Cette invitation au voyage représente aussi, selon lui, une «réflexion partagée sur nos relations avec l’hiver», ses rigueurs et ses splendeurs, et en explore les dimensions sociale et culturelle. Riche d’une abondante iconographie en partie tirée d’archives, le livre montre bien que l’hiver, est ancré dans le cœur des Québécois. (Fides, 200 p., 39,95$)

Motoneige, patins, luge, raquettes, ski, hockey: puis­qu’il faut faire avec les soubresauts de l’hiver, autant s’en approprier les meilleurs côtés! La journaliste Danielle Soucy brosse l’histoire du sport de glisse qui fait se ruer sur les pentes des milliers d’adeptes dans Des traces sur la neige. Cent ans de ski au Québec. Il s’agit là d’un travail de recherche considérable qui retrace l’histoire de ce sport dont les premières apparitions ont été signalées dans les journaux en 1879, et que vient égayer une quantité impressionnante de photos et d’illustrations d’époque souvent étonnantes. (La Presse, 256 p., 49,95$)

À l’instar de la politique, le hockey soulève les passions. Les légendes des Canadiens, grâce à ses informations précises, alimentera les conversations des amateurs par les bons et mauvais coups des cent grands joueurs qui contribuèrent à asseoir la réputation de l’équipe centenaire. Préfacé par Guy Lafleur, alias le Démon blond, le livre de Léandre Normand et de Pierre Bruneau contient plus d’un millier de statistiques et d’anecdotes ainsi que quelque 700 documents d’archives comme la première carte de hockey professionnel de chacune des légendes. Une bible. (Éditions de l’Homme, 640 p., 59,95$)

L’adjectif «passionné» est bien tiède pour présenter Michel-André Roy, ce fonctionnaire mordu du hockey depuis sa tendre enfance. Son Destination LHJMQ. Dans les coulisses du hockey junior est l’incroyable carnet de route résultant de la tournée des dix-huit étapes de ce circuit sportif. La somme de détails notés par Roy est hallucinante, allant de la qualité des hot-dogs vapeur aux performances des joueurs en passant par la qualité des arénas. Le sérieux, la minutie et l’exhaustivité de ce livre illustré le rendent incontournable. Manque plus qu’une paire de billets pour assister à la partie! (Flammarion Québec, 384 p., 26,95$)

Histoires de groupes
En 1967, les Beatles acceptent pour la première et dernière fois de partager leur intimité. Pendant un an et demi, le photographe Hunter Davies fera partie de la «famille». Parue en français en 2004, rapidement épuisée, la seule biographie autorisée par le groupe de Liverpool est rééditée avec une jaquette de couverture surréaliste où on voit des figurines à l’effigie des quatre musiciens à travers la vitre d’un sous-marin jaune qui évoque une boule de neige… Sa mise en marché suit l’événement du 9 septembre dernier, date à laquelle les fans ont enfin eu droit à une version remasterisée de leurs meilleures chansons. C’est un livre luxueux, au graphisme soigné, un document indispensable enrichi de clichés emblématiques. (Le cherche midi, 416 p., 49,95$)

Au milieu des années 1975, un quotidien a comparé le succès de Beau Dommage à celui de la célèbre formation anglaise. Beau Dommage. Tellement on s’aimait est la première publication consacrée (et autorisée) à ce groupe considéré comme le plus populaire de l’histoire de la chanson québécoise. L’auteur, Robert Thérien, fin connaisseur de notre patrimoine musical, signe une biographie non conventionnelle; il ne cache pas son admiration pour le groupe, mais demeure tout de même
objectif. Le format carré ajoute une touche spéciale au livre, auquel on ne peut faire qu’un petit reproche: une couverture gris argenté peu attirante. Malgré ce bémol, réjouissons-nous de la parution de cet ouvrage qui, s’il n’avait vu le jour, aurait été un bien beau dommage. (VLB Éditeur, 226 p., 34,95$)

Jack White, Jorane, Pierre Lapointe, Jane Birkin, Feast, Paul McCartney, Mara Tremblay, Cœur de Pirate, Sam Roberts, Rita Mitsouko, Rufus Wainwright, Daniel Bélanger, M.I.A., Beck et Richard Desjardins ne sont que quelques-unes des vedettes ayant permis à la photographe et musicienne montréalaise Valérie Jodoin Keaton, ex-membre de la formation The Dears et maintenant de For Those About To Love, de pénétrer leur intimité. Les portraits en noir et blanc ont été croqués en coulisses peu avant que l’artiste ne monte en scène ou juste après la fin de son spectacle. Le remarquable travail de Jodoin Keaton est un hommage à ceux et celles qui contribuent à créer la musique actuelle. (Varia, 112 p., 34,95$)

Gérard Schachmes réalise des photoreportages sur des célébrités de la chanson ou du cinéma depuis trente-cinq ans. Ses clichés ont entre autres été publiés dans Paris Match, Hello, Vanity Fair et People Magazine. À l’invitation du couple Dion-Angélil, il a suivi Céline pendant sa tournée mondiale Taking Chances. Pendant dix-huit mois, Schachmes a eu un accès total et privilégié à la vie de la chanteuse, à la fois star, mère et épouse, la croquant seule ou en compagnie de ses proches et de son équipe, dans ses moments de joie comme de douleur. Les images qu’il a tirées de cette expérience unique pour lui témoignent d’une techniqueirréprochable. Qu’on admire ou non le talent de la «petite fille de Charlemagne», on ne peut nier que Céline Dion autour du monde se révèle le seul album de photos à la hauteur de son rayonnement international. (Libre Expression, 368 p., 49,95$)

Le roi de la pop, décédé dans des circonstances sordides l’été dernier, aura une étoile toujours bien plus brillante que celle de Céline. Après la remise en vente rapide de son autobiographie, Moonwalk, parue en 1988 chez Michel Lafon, et la sortie, chez Transit Éditeur, de Michael Jackson. Les dernières années, par Ian Halperin, qui affirme avoir la preuve de l’homosexualité de la star, on a enfin droit à un premier livre de photos retraçant le parcours de cet artiste aussi exceptionnel que controversé. Michael Jackson. 1958-2009 de Philip Dodd est divisé en cinq grands chapitres pour autant de décennies: «Star en herbe» et «Danser dans la lumière» présentent les années Jackson Five et celles précédant le début de sa carrière en solo, «Le firmament», sa prodigieuse ascension, «La quatrième dimension», les gigantesques tournées mondiales, mais aussi les mariages bizarres, les amitiés suspectes, le retranchement à Neverland et le procès qui entacha son image, puis, enfin, «Le crépuscule», qui montre la chute, triste et inexorable, d’un homme ruiné sur tous les plans. (Gründ, 176 p., 69,95$)

Le monde est à leurs pieds
Découvrir les grandes inventions qui ont transformé le visage de l’humanité autrement qu’en surfant, quelle bonne idée! Les jeunes adoreront La folle histoire des hommes. De l’âge de pierre à l’ère moderne, qui narre les plus importantes découvertes et inventions faites au cours des millénaires, du feu aux écrans plats des télés. On y présente des dizaines d’objets qui font partie du quotidien, dont on n’imaginerait pas pouvoir se passer et qui, pourtant, n’ont pas toujours existé! Les parties amovibles surprennent par leur construction inventive et leurs dimensions souvent minuscules. La narration de Neal Layton, à qui l’on doit entre autres les aventures d’Oscar et Arabella, un couple de mammouths (en français à La courte échelle), chapeaute des illustrations foisonnantes. Un superbe livre-objet qu’on ne se lasse pas de regarder. (Gründ, 20 p., 34,95$)

Le chef-d’œuvre de Saint-Exupéry a été imprimé dans toutes sortes d’éditions et de supports, de l’album au CD, et traduit dans 180 langues et dialectes. Il n’en manquait plus que la version animée. C’est chose faite avec Le petit prince. Le grand livre pop-up, qui reproduit le texte d’Antoine de Saint-Exupéry dans son intégralité. On s’est réellement surpassé avec cet objet magnifique contenant presque toutes les illustrations présentes dans l’histoire. Un livre digne du phénomène planétaire. (Gallimard, 64 p., 55$)

Le héros emblématique de l’auteur de Terre des hommes habitait seul sur une planète si petite qu’il n’avait qu’à déplacer sa chaise de quelques pouces pour contempler le coucher du soleil. Cet astre, le pionnier de l’espace qu’est Marc Garneau l’a admiré de près. Premier astronaute canadien envoyé en orbite à bord d’une navette spatiale, il était tout naturellement désigné pour signer la préface d’Histoire visuelle des sondes spatiales. Écrit par Philippe Séguéla, directeur de recherche et professeur de neuroscience à l’Université McGill, ce beau livre est la première recension complète de ces vaisseaux non habités qui, libérés de la gravité terrestre, sont destinés à étudier un ou des objets du système solaire. Le récit de cette épopée débutée en 1959 avec le lancement de la sonde soviétique Luna 1 se termine sur des horizons inconnus: qui sait jusqu’où l’exploration de l’espace nous mènera au cours du XXIe siècle? (Fides, 376 p., 49,95$)

Des femmes et des livres
Au Québec, la Deuxième Guerre mon­diale aura notamment représenté la porte d’entrée sur le marché du travail pour les femmes, qui franchirent les portes des usines et remplacèrent les hommes, partis se battre à l’étranger, dans plusieurs sphères de la vie professionnelle et domestique. Le sexe féminin ne fut pas seul à tirer avantage de cette triste période de l’histoire. En effet, pendant presque toute une décennie, l’édition québécoise reprit le flambeau des éditeurs français, dont les forces d’occupation limitaient la capacité de production d’œuvres de fiction. Les éditeurs québécois et l’effort de guerre, 1940-1948 retrace un pan méconnu de notre passé: comment les éditeurs d’ici «s’approprièrent la littérature mondiale et proposèrent à leurs lecteurs une bibliothèque d’ouvrages où les nouveautés, québécoises et françaises, côtoyaient les plus grandes œuvres du répertoire de l’humanité». Préparé par le commissaire Jacques Michon, ce livre riche d’une iconographie fascinante pour tout amateur des belles-lettres accompagne l’exposition éponyme qui se tient à la Grande Bibliothèque jusqu’au 28 mars 2010.(BAnQ/Presses de l’Université Laval, 180 p., 47,95$)

Publicité