La vie bercée
Hélène Dorion et Janice Nadeau, Les 400 coups, 48 p., 21,95$
Si c’est avec adresse que la poète Hélène Dorion propose au lecteur de voyager en vers de l’enfance à l’âge adulte, en passant par tous les moments d’émerveillement et de tourment auquel l’affranchissement de soi se frotte, c’est également avec poésie que Janice Nadeau fait de ses aquarelles les lieux de passage, de questionnements et d’affirmation nécessaires à l’épanouissement. « Peu à peu, tu apprendras que l’on emporte avec soi chaque moment de son enfance », y lit-on. Des images évocatrices, qui parlent d’elles-mêmes et qui sont d’une grande richesse, qui rejoindront d’ailleurs probablement davantage les adultes, qui en saisiront les ramifications.

 

Il(s)
Lily Thibeault, Cardinal, 88 p., 24,95$
Lire de la poésie dans un écrin dont le graphisme et les quelques illustrations, actuels, rappellent l’interdisciplinarité des arts est toujours agréable. En ce sens, les illustrations de Francis-William rejoignent tout à fait la sensibilité des propos lus. Des propos divisés en trois parties (Montagne, Phare et Chalet), trois histoires d’amour qui ont fait palpiter la narratrice, trois histoires uniques. « Tu ventes fort dans ma poitrine », y lit-on ici, entre autres vers libres qui rappellent la fulgurance des émotions amoureuses et la puissance des chavirements.

 

Ensemble
Marianne Laidlaw et Luke Adam Hawker (trad. Seymourina Cruse et Flore Gurrey), Les Arènes, 64 p., 33,95$
Luke Adam Hawker est un artiste épatant, dont le crayon noir, qui parfois ne semble jamais se soulever, laissant une mince lignée filer derrière lui, crée des personnages, des architectures et des forêts à couper le souffle. Dans Ensemble, il raconte l’histoire d’une tempête qui nous a tous confinés, jamais en la nommant, mais en racontant plutôt ce que le tout a créé de solidarité, de nouvelles perceptions des uns et des autres. C’est évocateur, humain, universel; c’est loin de l’anecdote. D’ailleurs, le texte a été ajouté sur les illustrations, et non l’inverse, comme il est coutume de procéder. Ce livre est un bijou qui nous invite à tourner le regard vers l’essentiel.

 

Alice au pays des merveilles
Lewis Carroll et Arthur Rackham (trad. Henri Bué), BnF Éditions, 126 p., 58,95$
Arthur Rackham (1867-1939) est un prolifique illustrateur britannique, dont les images ont orné tant de classiques qu’elles en sont elles-mêmes devenues. Avec son apport au texte de Carroll, avec ses teintes sombres, dominées par le brun et le gris, et avec son cadrage mettant à l’honneur un personnage d’Alice plus vieux que dans les précédentes versions, c’est Rackham — affirme Carine Picaud qui signe l’introduction — qui a rendu Alice au lectorat adulte. Vraiment, un double plaisir (celui du texte et des illustrations) à ne pas bouder.

 

Ici
Philippe Delerm et Martine Delerm, Seuil, 64 p., 26,95$
Le couple Delerm signe ensemble un nouvel ouvrage, continuant de filer cet univers empreint de poésie et de douceur entamé il y a vingt ans dans Fragiles. Ici, le modus operandi détonne aussi : Martine crée une image à l’aquarelle, puis Philippe y appose un texte, sans aucune consultation. S’en dégage une envie de dire le monde, des espaces traversés par des silences, des questionnements, de la nostalgie ou de la joie. Un livre pour grands qui veulent se laisser emporter par ce que les mots et les images ont à partager comme multiples ponts les liant.

 

Marilyn
Maria Hesse, Presque lune, 184 p., 39,95$
Maria Hesse est une créatrice d’exception et Presque lune est un éditeur audacieux : leur association engendre des ouvrages épatants, qui allient biographie de grands à des illustrations magnifiques. En s’attardant à Marilyn Monroe dans cet ouvrage, l’artiste propose un regard bienveillant sur la star, une lecture féministe de ses postures et démontre que la société a voulu faire de cette femme intelligente et curieuse une mignonne idiote… Les aquarelles aux couleurs vivifiantes d’Hesse s’harmonisent parfaitement à son sujet. Osez y plonger.

 

Cécité Malaga
Benjamin Lacombe, Albin Michel, 60 p., 34,95$
Elle frôle la mort à chaque spectacle, cette funambule qui risque tout, car elle ne possède rien, cette jeune femme aveugle qui danse au-dessus de l’abîme, sans mémoire et sans passé… Mais un jour, le choc… Les livres de Benjamin Lacombe ont toujours ce petit quelque chose qui brille malgré la noirceur des traits ou des thèmes, et qui en fait des ouvrages qui, d’abord, parleront à l’adulte. Ici, le sujet de la perte de la vue trouvera une répercussion directement sur la forme du livre, qui joue par ses couleurs, ses feuilles-calques et ses transparences, sur la vue même du lecteur…

 

Ce que Frida m’a donné
Rosa Maria Unda Souki, Zulma, 190 p., 46,95$
Et si l’architecture de nos aspirations artistiques avait un impact sur notre vie ? Voilà ce que sonde l’artiste qui signe ce livre unique, alors qu’elle cherche en elle les raisons qui la poussent inévitablement à revenir vers sa passion pour Frida Kahlo, à revenir vers les lieux que son artiste-muse et elle-même ont habités. Plonger dans ce texte très intime, abondamment illustré, au cœur du chaos qui abrite une artiste en pleine résidence de préparation d’exposition, est une expérience en soi.

Illustration tirée d’Ici (Seuil) : © Martine Delerm

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